Banques : allons-nous payer notre propre argent ?
Les nombreux messages publicitaires incitant les clients des banques à adopter les paiements par cartes ou d’autres moyens cashless seraient-ils à l’avantage des consommateurs ? La Banque de Maurice devrait être plus proactive. Tel est l’avis de la CAP, compte tenu de la tendance de certaines banques à pousser les consommateurs à utiliser moins de l’argent liquide.
En l’absence d’une réaction musclée de la part des consommateurs, ils pourraient se retrouver à payer pour retirer leur propre argent. Déjà, pour utiliser l’ATM d’une banque concurrente, le consommateur doit casquer.
L’objectif du monde bancaire est clair : pousser les consommateurs vers une société sans cash, tout-à-l’électronique, où ils font tout eux-mêmes. Plus pratique et plus facile, peut-être, mais surtout moins coûteux pour les banques sans réel retour pour les clients. Que du contraire en termes de frais et de rémunération de leur argent!
Mesures imposées
C’est le monde à l’envers! Alors qu’il faut désormais payer pour retirer son propre argent des banques, celles-ci poussent toujours davantage aux paiements électroniques et découragent le recours à l’argent liquide. Au détriment des consommateurs et de l’accès aux services financiers de base!
En réalité, toutes les banques tentent à augmenter les frais de leurs services et cela sans en informer leurs clients. L’absence de l’affichage des tarifs bancaires dans les banking halls de nombreuses banques que la CAP a visitées en mode client-mystère, ou encore l’affichage dans des emplacements peu accessibles ou peu lisibles de ces mêmes frais par certaines banques, devait interpeller la Banque de Maurice.
Pour en revenir aux paiements cashless, il convient de relever la tendance à la hausse des frais des cartes bancaires, que constate le client seulement à la lecture de son relevé, qui, lui, n’est accessible qu’en ligne. Il existe une tendance aux banques de supprimer progressivement les opérations dites manuelles nécessitant l’intervention supposée d’employés. C’est d’autant plus insensé que l’accessibilité des services, elle, diminue.
À titre d’exemple, la fermeture de certaines succursales d’une banque commerciale n’est pas sans causer des frustrations à ses clients. En concentrant ses opérations dans le centre-ville, alors qu’une succursale en périphérique était plus accessible, la banque ignore les nombreux inconvénients, dont l’absence de parking, que cela pose à ses clients.
Il est inacceptable, selon la CAP, que cette évolution se fasse au détriment des consommateurs, de manière agressive, à l’aide de mesures unilatéralement imposées par le secteur bancaire. Le consommateur doit pouvoir disposer de liquide. Voilà pourquoi il convient de réclamer que les retraits aux automates des réseaux des banques concurrentes soient gratuits. Il est temps que la Banque de Maurice s’engage dans un dialogue avec les organisations de consommateurs.
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