Les artisans lancent un SOS au gouvernement
Avec l’absence des touristes, le commerce artisanal bat de l’ail. Certains commerçants envisagent même la fermeture si cette situation perdure. Le président du Front commun des commerçants de l’île Maurice, Raj Appadu, plaide pour que le gouvernement leur accorde un soutien financier car leur situation ne cessera de se détériorer aussi longtemps que les touristes ne viennent pas au pays.
Un peu avant midi, dans le coin artisanal du marché de Port-Louis, plusieurs échoppes sont encore fermées. Un groupe de commerçants s’est regroupé autour de Raj Appadu, pour discuter de leurs problèmes. Parmi, Varouna Renghen qui y tient une échoppe artisanale depuis plus d’une quarantaine d’années. « C’est la première fois de notre vie que nous faisons face à une telle situation », dit-il. Il explique que depuis le 15 juin, date de la reprise, le volume de vente ne cesse de chuter. « Il y a des jours où on ne vend aucun produit », déplore-t-il. Il attribue cette situation à la fermeture des frontières à cause de la Covid-19. Il avance que les Mauriciens ne fréquentent presque plus le marché artisanal. « En vérité, ce sont les touristes qui attirent les Mauriciens vers nous et aujourd’hui, leur absence se fait vraiment sentir », soutient-il.
Le président du Front commun des commerçants de l’île Maurice, Raj Appadu, trouve que la situation est très critique dans le coin artisanal du marché de Port-Louis. « Je suis venu faire un constat de la situation à la demande des commerçants concernés. Je crains que si cette situation perdure, ce soit la fin de l’artisanat mauricien », dit-il. À cet effet, il sollicite une rencontre avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour voir comment le gouvernement pourrait leur venir en aide. « Ce sont des pères de famille qui sont dans la détresse car ils n’ont pas les moyens de subvenir aux besoins de leurs familles », dit-il.
Même constat au marché artisanal du Caudan Waterfront. Certains artisans ont quitté leurs magasins pour s’installer sous des chapiteaux dans la cour du centre commercial, dans l’espoir de vendre leurs produits aux Mauriciens. Mais, comme l’explique Patrick Fleury, directeur du magasin Bougainville, ces produits sont destinés à une clientèle touristique et n’intéressent pas les Mauriciens. « C’est en décembre ou quand ils se rendent à l’étranger que les Mauriciens achètent des produits artisanaux pour offrir en cadeaux à leurs proches en guise de souvenir. Je n’ai fait que Rs 6 000 de vente pour le mois de juin », se lamente-t-il.
Le directeur de Bougainville est d’autant plus inquiet car il n’a pas encore reçu le Wage Assistance Scheme de la MRA pour le mois de juin pour assurer le salaire de ses six employés. « De ce fait, le versement pour le mois de juillet est incertain », explique-t-il. Il avance qu’il puise actuellement dans ses réserves pour payer le salaire de ses employés. « Je ne sais pas jusqu’à quand je pourrais le faire car la vente a chuté par plus de 95% et j’ai déjà épuisé mes économies ». Il souhaite que le gouvernement assouplisse davantage les conditions pour permettre aux artisans de bénéficier d’un emprunt à la Banque de développement.
Jaimie, qui travaille depuis sept ans comme vendeuse chez Bougainville, ne cache pas ses inquiétudes : « J’ai deux enfants. Le premier est à l’université et l’autre est au secondaire. Je travaille pour soutenir financièrement ma famille et j’ai vraiment peur de perdre mon emploi car la vente est au point mort depuis la reprise. Je souhaite que le gouvernement nous vienne en aide. »
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