2020 : devenir enfin un pays à hauts revenus | Défi Économie Aller au contenu principal

2020 : devenir enfin un pays à hauts revenus

Maurice
Afin que Maurice devienne un pays à hauts revenus, il est primordial de fortifier d’autres créneaux prometteurs.

Le taux de croissance pour l’année 2019 est estimé à 3,6 % comparé à 3,8 % en 2018. Le dernier Budget 2019-2020 prévoit une croissance de 4,1 % en 2020. Malgré les craintes économiques à l’horizon au niveau international, les perspectives économiques s’annoncent bien au niveau local et la confiance semble être de mise.  Le pays, est-il donc sur la bonne voie pour devenir une nation à hauts revenus ?

Dans un rapport intitulé ‘Global Economic prospects’, la Banque Mondiale prévoit un taux de croissance de 3,9 % en 2020 et 3,5 % en 2021. Néanmoins, à Maurice, l’espoir est grand pour une meilleure croissance, surtout que l’instabilité et l’incertitude entourant une campagne électorale sont loin derrière nous. Les regards sont maintenant braqués sur le contenu du discours programme qui sera lu, le 24 janvier 2020.

En attendant que les nouveaux secteurs atteignent leurs vitesses de croisière, Maurice doit compter sur les piliers du moment, qui sont le tourisme, les services financiers, le textile et le manufacturier, mais surtout le secteur immobilier, qui, selon les chiffres provisoires de la Banque de Maurice, comprend 90 % des investissements directs étrangers, soit Rs 13,6 milliards, reçus durant les neufs premiers mois de l’année 2019.

Mais pour atteindre un nouveau seuil de développement, et ce, rapidement, afin que Maurice devienne un pays à hauts revenus, il est primordial de fortifier d’autres créneaux prometteurs. Heureusement que le potentiel est bien là, il suffit de dénicher de nouvelles pistes et les exploiter intelligemment. Mais si on prend les mêmes et on recommence, on n’y parviendra jamais !

Pierre Dinan : « La robotique pour une nouvelle ère industrielle »

Pierre DinanL’économiste Pierre Dinan prévoit une continuité des projets déjà en cours, surtout le métro et la transformation du rond-point de Phoenix. Le développement infrastructurel s’étendra sur quelques années encore. Par contre, sur le plan industriel, il préconise l’adoption de la robotique et la mécanisation pour parer à toute pénurie de main-d’œuvre au-delà de 2020, en raison du vieillissement de la population. Il propose aussi une promotion plus innovante du secteur tourisme, qui demeure toujours un pilier important de croissance.


Ryan Chakowa : « Maurice doit pouvoir introduire une autre vision que celle en place »

Ryan ChakowaRyan Chakowa, qui prépare actuellement sa thèse sur le secteur agricole à l’École supérieure de commerce parisienne (ESCP), est d'avis que le secteur agricole à Maurice a plein de potentiel et si on arrive à mieux exploiter ce secteur si vital de l'économie, il contribuera énormément à la croissance. « Je pense que Maurice a tout ce qu’il faut en termes de volonté, afin de développer et transformer le secteur agricole. Cependant, le manque de ressources que ce soit financière ou la main-d’œuvre adaptée ou encore les lois trop rigides font que le pays est pris au piège dans le ‘middle income trap’ et peine à moderniser son secteur agricole », dit Ryan Chakowa. Selon lui, Maurice doit pouvoir introduire une autre vision que celle en place aujourd’hui et cela passe par faire venir des experts venant d’Asie, par exemple qui ont une expérience non-négligeable dans ce secteur et qui pourront apporter leur intellect et aider les locaux à innover leur façon de faire.

De plus, les petits agriculteurs sont largement désavantageux face à la concurrence des grosses entreprises et ceci est un frein au développement. Dans le futur, une réduction de cet écart pourrait être très bénéfique. « Il ne faut pas aussi oublier le changement climatique qui affecte Maurice », poursuit le jeune chercheur.

Maurice doit également trouver de nouveaux partenaires, afin d’exporter ses produits et dérivés agricoles, pas uniquement vers Afrique, mais aussi en Asie ou en Australie, par exemple. Il propose aussi la diversification, l'innovation et l'introduction de nouveaux produits agricoles et plus d'investissements dans la transformation alimentaire.


Amar Deerpalsing : « Les PME souffriront sans un soutien direct »

Amar Deerpalsing Le président de la fédération des petites et moyennes entreprises (PME)pense que le gouvernement devrait intervenir cette année pour soutenir directement les PME, sinon beaucoup d’entre elles fermeront leurs portes. « Il y a eu trop de nouvelles impositions sur les PME et elles vont souffrir. »

Parmi, il cite le nouveau salaire minimum, les nouvelles législations sur l’emploi et d’autres règlements. Il déplore aussi que les PME ont été oubliées dans les projets d’Urban Terminal. Il s’attend à ce que les diverses institutions concernées offrent plus de facilités aux PME, par exemple, l’octroi de permis pour recruter de la main-d’œuvre étrangère.


Sen Ramsamy : « Un nouveau Business Model pour le tourisme s’impose »

Sen RamsamySen Ramsamy, un professionnel du secteur du tourisme, est d’avis que l’année 2020 apportera plus de bonheur dans cette industrie qui a connu des bas en 2019, surtout que le nouveau ministre du Tourisme a démontré une approche robuste pour maîtriser la situation. « Je suis certain que le ministre pourra relever les défis et réussir, car le tourisme est le seul secteur qui peut encore soutenir la création d’emploi et une bonne rentrée de devises », dit le directeur de Tourism Business Intelligence. Selon lui, le défi principal pour cette année est de développer un produit qui répond aux aspirations de la nouvelle génération de voyageurs.

« Maurice doit adopter un nouveau modèle économique pour ce secteur couvrant les dix, voire vingt prochaines années. » Il argue qu’on ne peut plus gérer cette industrie en limitant notre action au décompte mensuel du nombre d’arrivées, alors qu’il y a des enjeux plus importants à considérer. Il répète que nous devrons cibler les touristes qui sont des gros dépensiers. « Ce secteur a souffert d’un manque de leadership depuis longtemps. »

Le ‘YEP’ exclut-il les petites entreprises ?

Le ‘Youth Employment Programme’  (YEP) permet aux entreprises de recruter des stagiaires et bénéficier d’un remboursement de 50 % sur les salaires payés, pendant un an. Ce programme aide à la fois des jeunes à trouver un emploi et aussi les petites et moyennes entreprises à pouvoir recruter à moins cher. Or, grande a été la stupéfaction d’une petite entreprise de voir sa demande sous le ‘YEP’ refusée. Raison évoquée : l’entreprise a très peu d’employés. Pourtant, ce n’est pas un critère établi !  Pour l’entrepreneur, c’est une raison farfelue, car une petite entreprise qui a la capacité d’employer beaucoup de personnes ne se tournera pas vers le YEP. Justement, c’est parce qu’il n’a pas assez d’employés qu’il se tourne vers le YEP, afin de mener à bien son projet ! Le YEP, est-il réservé qu’aux grosses boîtes ? Ce programme aurait dû bénéficier en priorité aux micros et petites entreprises, car ce programme peut les aider à bâtir leurs entreprises à long-terme.

Aussi, en refusant la demande des petites entreprises, ce sont des jeunes diplômés chômeurs qui sont injustement pénalisés. Non seulement, ils auraient eu un emploi, mais ils auraient bénéficié d’une formation et d’une expérience d’entreprise qui leur seraient utiles pour leur carrière. À noter que des micros entreprises avec de projets innovants n’ont pas besoin d’une grande main-d’œuvre, donc la raison donnée ne tient pas la route. Que le ministre de l’Emploi revoit cette politique du ministère, afin de ne pas entraver la vision du Premier ministre.