L’avenir sombre des petits commerces - Raj Appadu : «Le salaire minimum entraînera licenciements et fermetures en masse en 2020» | Défi Économie Aller au contenu principal

L’avenir sombre des petits commerces - Raj Appadu : «Le salaire minimum entraînera licenciements et fermetures en masse en 2020»

Raj Appadu

Avec le nouveau barème du salaire minimum, le président du Front commun des commerçants de l’île Maurice, Raj Appadu, appréhende licenciements et fermetures en masse au niveau des petits commerces en 2020.

Les autorités travaillent sur un plan pour une revalorisation de la capitale, projet que vous militez durant des années. Quelle est votre réaction ?
Effectivement, c’est un long combat que je mène dans ce sens, non seulement en tant que président du Front commun des commerçants de l’île Maurice, mais aussi en tant que natif de la capitale. Cela dit, j’ai toujours déploré le fait que Port-Louis soit une ville morte après les heures de bureau, soit après 17h00, alors qu’il y a des activités nocturnes dans d’autres capitales du monde. Je pense qu’avec un plan élaboré on pourrait redonner vie à Port-Louis le soir. Pour preuve : quelques décennies de cela, la région s’étendant entre le port et la China Town était active le soir avec, entre autres, des restaurants qui ouvraient jusqu’à fort tard pour accueillir les dockers qui déchargeaient des marchandises au port. Aujourd’hui, cette même région est devenue une ville-fantôme le soir.

Comment relancer les activités ?
Je pense qu’à travers un vaste plan de logement, les autorités doivent encourager les Mauriciens à habiter la capitale. Ce qui donnera un boost aux petits commerces qui sont aujourd’hui dans le rouge. En 2014, j’ai eu l’occasion d’en parler avec l’architecte Gaëtan Siew et tout récemment avec le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Yogida Sawmynaden. Cela dit, je souhaite que les autorités puissent enfin concrétiser ce projet pour une capitale moderne tout en préservant son cachet historique.

Quels sont les grands défis des petits commerçants en 2020 ?
L’un des plus gros défis sera la Land Lord and Tenant Act dont le moratoire a été repoussé à fin décembre 2020. Cela dit, je lance un appel au Premier ministre pour que ce moratoire soit étendu à encore trois ans et, qu’entre-temps, les autorités et les autres parties concernées entament des négociations en vue d’arriver à un accord définitif sur la question. Il y va de la survie des petits commerces, mais un plus gros défi nous guette.

Parlons-en de ce gros défi…
Le gros défi est la mise en application du nouveau barème du salaire minimum. D’ores et déjà, je peux dire que plusieurs petits commerces ne pourront payer le salaire minimum, vu leur situation financière précaire. Certains d’entre eux ont vu leurs chiffres d’affaires chuter jusqu’à 80 %. Où trouveront-ils de l’argent pour payer le salaire minimum ? Je prévois des licenciements et des fermetures au niveau des petits commerces dans les jours et les mois à venir. De plus, en raison de la concurrence déloyale des marchands ambulants, même le mois de décembre n’a pas été bénéfique en termes de ventes pour plusieurs commerces. Je souhaite que les autorités aient enfin le courage de sévir.