Analyse de l’Economist Intelligence Unit : «Toute nouvelle baisse du taux directeur dépendra de la croissance»
La Banque de Maurice ne réduira pas le Repo Rate pour la seconde fois en autant de réunions, sauf si l’activité économique ralentit de manière drastique, estime l’Economist Intelligence Unit. Dans le monde, les clignotants virent au rouge. La croissance trimestrielle indienne, inférieure aux prévisions, en est la dernière preuve en date.
La quatrième et dernière réunion du Monetary Policy Committee (MPC) en 2019 est prévue le 20 novembre. Lors de cette rencontre, l’attention sera, sans nul doute, sur la performance économique du pays pour les neuf premiers mois de l’année, les perspectives pour le dernier quart de 2019 et l’environnement mondial. À ce jour, la Banque centrale a maintenu ses estimations de croissance à 3,9 % pour 2019 et à 4 % pour 2020.
Un ralentissement sur le plan international – et dans les principaux marchés du pays – aura une répercussion sur Maurice. Et on assisterait à une révision vers le bas de la croissance. Déjà, lors d’une réunion, le 9 août, le MPC a voté pour une baisse de 0,15 % du taux directeur (un premier réajustement en presque deux ans), afin d’accorder un soutien additionnel à la croissance. Le taux est maintenant à 3,35 %, son plus bas niveau depuis l’introduction du mécanisme de politique monétaire. Reste à savoir si le MPC poursuivra dans cette direction. L’Economist Intelligence Unit (EIU) estime que cette approche est plus nuancée.
« Même si la Banque de Maurice a réagi rapidement en août pour donner une impulsion à une économie au ralenti, c’est peu probable qu’elle procède à une baisse additionnelle du taux directeur cette année », affirme l’EIU dans un rapport en date du 27 août. « Cependant, cette prévision est sujette au risque que la croissance réelle du Produit intérieur brut tombe de manière significative sous notre présente estimation de 3,7 % cette année-ci. »
La croissance mauricienne repose sur la dynamique expansion dans le secteur de la construction, qui devrait enregistrer une hausse de quelque 8,5 % en 2019, avec la concrétisation de grands projets publics, dont celui du Metro Express Limited. La consommation locale est en territoire positif. Le secteur des services financiers et l’assurance connaîtraient une progression de 5,2 %. Cependant, la croissance dans les arrivées touristiques a ralenti à 0,5 % durant le premier semestre, selon les données de Statistics Mauritius. D’autres secteurs, à l’instar de l’agriculture et de l’industrie cannière, peinent à se relever, opérant au-dessous de leurs potentiels.
Dans le monde, l’Inde, troisième plus grande économie d’Asie, a connu une croissance de 5 % pour les trois mois se terminant au 30 juin 2019. C’est le cinquième trimestre de suite durant lequel la croissance freine. Le gouvernement indien a annoncé une batterie de mesures, dont l’assouplissement des règlements sur l’investissement étranger et des concessions sur l’achat de véhicules. La Chine et les États-Unis poursuivent leur guerre commerciale à distance.
Qui plus est, si la croissance retient toute l’attention de la Banque de Maurice, c’est parce qu’un autre indicateur ayant une influence dans sa prise de décision reste stable. L’indice des prix à la consommation devrait augmenter par 0,5 % pour les douze mois se terminant au 30 juin contre une estimation précédente de 1,5 %. Il n’y a aucun risque d’accélération drastique de l’inflation aussi longtemps que le prix des légumes frais se maintient à un niveau normal et que le coût des produits pétroliers demeure stable sur le marché local.
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