Iqbal Peerally : le vieux routier du bazar de Port-Louis | Défi Économie Aller au contenu principal

Iqbal Peerally : le vieux routier du bazar de Port-Louis

Iqbal Peerally
Iqbal Peerally, marchand de légumes au marché central depuis 35 ans.

De génération en génération, les Peerally sont des « marchands bazar » au marché central, à Port-Louis. Iqbal Peerally, qui compte 35 ans de présence dans ce vieux marché historique, est de la troisième génération. Y aura-t-il une quatrième ? Par le temps qui court, il n’en est pas si sûr.

Ses étals de pommes de terre, oignons, gingembre et safran vert, sont soigneusement rangés. Debout derrière, Iqbal attend tranquillement ses clients. Les servir est un geste qu’il répète depuis 35 années déjà. Une longue période remplie de souvenirs, y compris l’incendie survenu en mai 1981 qui a ravagé une bonne partie de la section légumes. Ou encore, la période durant laquelle les marchands ont eu à travailler dans la rue pendant de longs mois en attendant la construction de la nouvelle aile. « C’était une période très difficile pour nous », avance-t-il.

Iqbal Peerally fait ressortir que c’est son grand-père qui a occupé cet emplacement en premier, « puis mon père avant que je ne prenne la relève. La suite je ne sais pas encore ». Il explique que les jeunes ne veulent plus faire ce travail pour plusieurs raisons. D’abord, fait-il comprendre, les revenus ne cessent de se décroître. Il attribue cette situation à la concurrence des marchands ambulants et à l’absence d’une aire de stationnement.

« Comment voulez-vous que les gens viennent au marché central avec le risque d’être pris en contravention par la police ? C’est triste qu’il n’y ait pas de parking pour ce marché historique », regrette-t-il. Il évoque le cas d’une personne dont la voiture a été immobilisée par un sabot de Denver le temps de quelques minutes passées au marché. Il se plaint qu’au fil des années, il a subi une baisse de ses revenus d’au moins 50 %. Il souhaite que les autorités aménagent une aire de stationnement pour les gens qui viennent faire leurs achats au marché de Port-Louis.

Iqbal nous avoue qu’il n’envisageait pas au début de faire ce travail. D’où sa décision de prendre de l’emploi comme cuisinier dans un établissement hôtelier « J’ai même un certificat en hôtellerie », dit-il fièrement. Néanmoins, sur l’insistance de son père, il a fini par le succéder au marché central. Une décision qu’il ne regrette toutefois pas. Il explique que son travail lui a permis de financer, entre autres, les études universitaires de ses enfants.

Être « marchand bazar » n’est pas de tout repos, explique notre interlocuteur. Il arrive au marché à 6 h 30 du matin et va y rester jusqu’à 17 h 00 et le dimanche jusqu’à midi. « Je n’ai que cette demi-journée de libre le dimanche », fait-il remarquer. Souvent, dit-il, il préfère se reposer avant de reprendre le travail le lendemain.

En succédant à son père, Iqbal a apporté des changements au niveau de son petit commerce. Ainsi, il a choisi de vendre des oignons, pommes de terre et autres à la place de choux et petsaï. Ses choix, précise-t-il, se portent plutôt sur des produits secs et qui se préservent longtemps. « Dans l’après-midi, je n’ai qu’à les recouvrir et les laisser sur place avant de partir.  » Ce qui est loin d’être le cas avec les autres légumes verts où le marchand ne peut partir sans en avoir vendu un maximum pour ne pas subir des pertes sèches.

Si les pommes de terre lui sont livrées par l’Agricultural Marketing Board (AMB), cependant c’est un planteur qui lui livre le gingembre sur place. Ainsi, il n’a pas à se rendre à l’encan aux petites heures du matin pour faire son plein de légumes. Bien qu’il reconnaisse qu’avec l’âge, la fatigue lui pèse sur le dos, il aime cependant son travail.