Baromètre économique de PluriConseil : l’opacité des finances publiques décriée

Aux yeux des analystes, les finances publiques ne sont pas transparentes, ce qui jette un doute sur les niveaux réels du déficit budgétaire et de la dette du secteur public.
1. Estimez-vous que le budget de 2019-2020 a un « feel-good factor » sur la communauté des affaires ?
OUI | 3% |
Plus ou moins | 20% |
NON | 77% |
Rien n’a changé pour les opérateurs
Un mois après la présentation du budget de 2019-2020, 77% des sondés ne constatent aucun « feel-good factor » sur la communauté des affaires. Car « there were no significant concrete measures for the business sector ». Il convient toutefois de faire ressortir que « business decisions of operators are today more linked to the global economic environment. It is unlikely that a budget will instill a feel-good factor with the business community. » Un économiste reconnaît que « the Budget has created some positive intentions with operators in some sub-sectors, with regard to electric vehicles, research and development, innovation and medical devices ».
2. Selon vous, le budget de 2019-2020 est…
TRÈS Social | 50% |
SUFFISAMMENT Social | 50% |
PAS ASSEZ Social | 0% |
Le Père Noël en avance
Les analystes sont unanimes sur le caractère social du budget, 50% d’entre eux le trouvant même « très social », au point de dire que « Christmas came early for a number of people ». On admet que « the budget was more geared towards the social aspect with emphasis on the working class, which in itself is positive subject to proper financing of these measures ». Néanmoins, « there was a general expectation of higher levels of social spending with alignment of pension to minimum wage, amongst others. In an election year, it was expected that social measures would have a high component in the Budget. »
3. La gestion des finances publiques vous paraît...
Quel est le déficit budgétaire réel ?
Au vu de l’ampleur des dépenses hors-budget, de l’utilisation de fonds spéciaux et du recours aux Special Purpose Vehicles, 77% des répondants déplorent l’opacité de la gestion des finances publiques. Pour l’année 2019-2020, les dépenses de Metro Express (Rs 7,4 milliards), de Mauritius Multisports Infrastructure (Rs 2 milliards), de la National Housing Development Company (Rs 631 millions) et de la CEB (Green Energy) Company (Rs 100 millions) sont exclues du déficit budgétaire. Celui-ci est donc bien supérieur à 3,2% du PIB, et la dette du secteur public bien au-dessus de 65% du PIB. Pour un économiste, « while there is a good work done at the level of the National Audit Office, there is a lack of accountability and efficiency on public finance expenditure ».
4. D’après vous, plus d’accent doit être mis sur la réduction de la dette...
Haro sur la dette extérieure !
Au 30 juin 2019, la dette locale du secteur public s’élevait à 54,2% du PIB, et sa dette extérieure à 10,8% du PIB. Deux tiers des sondés sont d’avis qu’il faut davantage réduire la dette étrangère du gouvernement que sa dette domestique. Car « external debt represents more risk for the economy and should be tackled in priority ». Il demeure que « early debt repayment strategy should not be based on local or foreign debt but rather on the recurrent costs linked to the interest rate paid, and on the foreign exchange movements of such debts ».
5. Quelle sera la tendance du taux de change de la roupie d’ici à la fin de l’année ?
La valeur de la roupie en baisse
Avec la décision du gouvernement d’utiliser les gains de change du Special Reserve Fund de la Banque de Maurice pour rembourser une partie de la dette publique extérieure, 77% des personnes interrogées anticipent un mouvement de dépréciation de la roupie d’ici à la fin de décembre. Car « il faut bien générer les Rs 18 milliards... ». Tenant compte que « the rupee has already slipped against the dollar », on note que « there is a general trend of rupee depreciation to the favour of the export market ». A moins que, spécule un banquier, « as the rupee is currently low, measures are likely to be taken to avoid having the tax payer bear the brunt of a weak rupee ».
6. Croyez-vous que la Banque de Maurice est réellement indépendante ?
Une banque centrale politisée
Au-delà de l’amendement à la Bank of Mauritius Act, les analystes sont quasiment unanimes à dire que la Banque de Maurice n’est pas réellement indépendante du gouvernement. Certes, « structurally the Bank of Mauritius is independent, however legitimate questions can be raised on how far the Governor and the Board act independently and are free from any political influence. This is not necessarily a problem centric to Mauritius. We have seen in India and the USA how the government put pressure on the central bank to prevent interest rate hikes. » Chez nous, « with a central bank governor who is non-existent, and a deputy governor who is closely tied to the Prime Minister, never has the Bank of Mauritius been so politicised », ce qui « in itself is a major conflict of interest ».
7. Pensez-vous que la hausse des frais réglementaires aura un impact négatif sur l’attractivité de l’offshore mauricien ?
OUI, Fortement | 37% |
OUI, Faiblement | 40% |
NON | 23% |
Au plus mauvais moment
Au lendemain du budget, la Financial Services Commission augmenta les « fees for global business companies » dans une fourchette de 25% à 150%. Pour 77% des sondés, cela affectera l’attractivité de l’offshore mauricien. Car, « when you are losing market share to Singapore, the worse thing to do is to reduce the cost gap further ». Ainsi, « the timing could not be any worse with uncertainty in the industry due to the impact of the amended fiscal treaty with India. In the current context, the industry players must triple efforts to obtain new businesses and convince clients to use the Mauritian financial centre. » Pour certains, « whilst the sector will be mildly affected by fees on offshore companies, the main factors relating to the attractiveness of our jurisdiction are the rule of law, fiscal competitiveness and the range of licences the country offers ».
8. Pour vous, le budget de 2019-2020 a sur la Bourse de Port Louis un effet…
La Bourse ou le Budget
C’est dans l’indifférence que la Bourse de Port Louis a accueilli les mesures budgétaires. Même si le Semdex a progressé de 60 points depuis la date de la présentation du budget, quatre analystes sur cinq estiment que l’effet de celui-ci sur le marché boursier est neutre. Certes, « there are some positive intentions in terms of the new unlisted market for trading of shares ». Mais il se trouve que « measures which could be specifically beneficial to a company or sector were sparse ». D’où le risque que « the stock exchange will continue to carry its downward trend ».
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