Création d’une zone de libre-échange continentale africaine : quelles sont les opportunités pour Maurice ? | Défi Économie Aller au contenu principal

Création d’une zone de libre-échange continentale africaine : quelles sont les opportunités pour Maurice ?

Zone de libre-échange continentale africaine

Les pays membres de l’Union africaine (UA) ont procédé au lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec) le dimanche 7 juillet. Dans quelle mesure Maurice bénéficiera-t-elle de la création d’une telle zone échange? Explications.

Regroupant environ 1,2 milliard de personnes, la Zlec sera la plus grande zone de libre-échange au monde. Le marché devait être actif à partir de 2020. En effet c’est le plus grand événement historique pour le continent africain depuis la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) en 1963. La Zlec devrait favoriser le commerce au sein du continent et attirer des investisseurs. L’Union africaine (UA) estime que sa mise en œuvre permettra d’augmenter de près de 60 % le commerce intra-africain d’ici 2022.

Assad Bhuglah.
Assad Bhuglah.

En étant membre de la Southern African Development Community (SADC) et du Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA), Maurice tire déjà parti des configurations régionales dynamiques. Il profite de l’accès en exemption de droits sur ces deux marchés. Cependant, Maurice n’a pas un accès favorable des pays des régions de l’Afrique occidentale et centrale. Toutefois avec la Zlec, Maurice aura davantage accès à ces marchés et y bénéficiera d’un libre accès. C’est ce qu’explique Assad Bhuglah, ancien directeur de la Trade Policy Unit au ministère des Affaires étrangères.

Selon lui, la zone de libre-échange continentale est un processus à long terme visant à une plus grande intégration des marchés dans laquelle les mouvements de produits, de services, de capitaux, d’investissements, entre autres peuvent être accélérés au bénéfice des Africains. « C’est une opportunité énorme pour les entreprises mauriciennes à un moment où elles sont confrontées à l’érosion des préférences sur nos marchés traditionnels tels que les Etats-Unis et l’Europe et à la concurrence féroce de producteurs asiatiques à faible coût », fait-il ressortir.  

Un seul régime commercial harmonisé

Par ailleurs, il soutient qu’il y a un manque de matières premières à Maurice. Ainsi, le pays peut tirer parti de cette zone de libre-échange des matières premières en provenance d’Afrique, pour les transformer en produits finis ou semi-finis destinés à l’exportation.  Actuellement, poursuit-il, nos opérateurs économiques doivent se conformer aux différents régimes commerciaux de la SADC, du COMESA et de la ZLE tripartite qui sont parfois conflictuels et confus à des fins commerciales.  « Les opérateurs devront désormais respecter un seul régime commercial harmonisé. Maurice étant une petite économie, elle peut tirer un avantage considérable sur la scène internationale en s’associant au marché continental. Il aura plus de poids dans les négociations commerciales internationales en plaçant le drapeau de l’Afrique devant sa table de négociation », soutient notre interlocuteur.

Depuis l’adhésion de Maurice à la SADC, la croissance du commerce avec les autres pays de ce bloc est constante

SADC

  2017 2018 1er trimestre 2019
Exportations de Maurice Rs 12,9 milliards Rs 13,4 milliards Rs 3,1 millions
Importations vers Maurice  Rs 22,1 milliards Rs 22,8 milliards Rs 5,6 millions

 

Les échanges commerciaux avec le COMESA ont connu une baisse entre 2017 et 2018. Cependant, les exportations pour le premier trimestre de 2019 ont augmenté par rapport au premier trimestre de 2018 d’où les exportations se situaient à Rs 1,6 million.

COMESA

  2017 2018 1er  trimestre 2019
Exportations de Maurice Rs 8,2 milliards  Rs 7,9 milliards  Rs 2,3 millions
Importations vers Maurice Rs 8,7 milliards  Rs 7,1 milliards  Rs 1,8 million

 


Amédée Darga, spécialiste de l’Afrique : « Les opérateurs mauriciens doivent augmenter leur production »

Amédée Darga

Le directeur de Straconsult ABDS (Africa Business Development Service) et spécialiste de Afrique, Amédée Darga, estime que « c’est une excellente nouvelle pour les investisseurs mauriciens ». Selon lui, cela prendra du temps pour que tous les instruments soient mis en place. « Néanmoins, Maurice profitera dans la mesure que la production sera augmentée. Avec une zone de libre-échange plus élargie, Maurice aura accès à un plus grand marché. Et pour profiter de ce grand marché, les producteurs locaux doivent investir davantage dans la production et les services. » Qu’en est-il des risques ? Amédée Darga avance que Maurice exporte déjà à travers d’autres blocs régionaux. À ce jour, les opérateurs n’ont pas fait face à de gros risques.

Ganessen Chinnapen, économiste : « Les entreprises mauriciennes doivent considérer à s’implanter dans des pays appartenant à des blocs économiques »

Ganessen Chinnapen

« Les 55 pays africains formant les blocs économiques tireront parti d’une vaste gamme de biens et de services à des prix compétitifs », affirme Ganessen Chinnapen. Selon lui, la Zlec favorisera la compétitivité des prix au sein des pays membres. Pour Maurice, dit-il, ce sera l’occasion de faire partie de ce plus grand bloc économique et, avec notre stratégie pour l’Afrique, nous devrions pouvoir tirer plusieurs avantages de cet accord commercial. « Nous devrions commencer à exporter notre savoir-faire technologique et notre expertise en matière de conseil, de développement du secteur privé et de tourisme vers ces pays africains », fait-il ressortir. Par ailleurs, il avance qu’en même temps, il faut encourager les entreprises mauriciennes à s’implanter dans des pays appartenant à des blocs économiques tels que le Ghana et le Kenya.