Banque mondiale - Emploi : les moins qualifiés toujours à la traîne

Les travailleurs faiblement rémunérés ne rattrapent que lentement ceux qui gagnent beaucoup plus. De 2005 à 2015, les employés qui ont vu leurs salaires augmenter de Rs 772 sur une période de 16 mois ont atteint en fait une hausse moyenne de 24 %. En revanche, 15 % autres ont obtenu en moyenne Rs 2 200 au courant de la même période.
C’est ce qui ressort d’un récent rapport de la Banque mondiale sur les revenus, la mobilité, les inégalités dans le monde du travail à Maurice. Il confirme aussi la progressive inégalité des revenus au cours de la dernière décennie. Cela est dû au passage progressif de l’emploi dans des secteurs traditionnels à des domaines à faibles qualifications.
« Cette transformation a généré une forte hausse dans la demande de travailleurs qualifiés que le pays peine à en trouver en dépit des niveaux d’éducation supérieure au sein de la population. Les travailleurs très qualifiés reçoivent des salaires plus élevés par rapport à ceux ayant un faible niveau de compétence et ces derniers sont condamnés à effectuer des emplois mal rémunérés », souligne le rapport. Il souligne aussi que les travailleurs qui, autrefois, gagnaient plus se retrouvent aujourd’hui parmi ceux qui gagnent le moins. En revanche, ceux qui étaient jadis au bas de l’échelle ont bougé un peu plus vers le haut. Par conséquent, l’inégalité, qui mesure l’écart entre les rémunérations entre le bas et le sommet de l’échelle pourrait s’agrandir
« À l’avenir, Maurice a l’opportunité de consolider les politiques visant à développer les compétences en ligne avec l’évolution du paysage économique. Cela va améliorer les revenus et aider à compenser l’inégalité. Les employés, ayant des meilleures compétences les plus demandées, ne démarrent pas seulement avec des revenus plus élevés mais, peuvent profiter d’une augmentation salariale plus rapide. Dans un premier temps, une évaluation globale devra être menée sur les besoins actuels et futurs de main-d’œuvre qualifiée de manière que le cursus éducatif et les programmes de formation soient adaptés et aider ceux qui travaillent déjà à convenir aux demandes du marché de l’emploi », dit la Banque mondiale.
L’autre chapitre du rapport est dédié à l’emploi des femmes et des jeunes. De 2000 à 2011, l’égalité de ces derniers sur le marché de l’emploi a généralement amélioré grâce à un meilleur accès à l’éducation.
« En revanche, les opportunités ne sont pas distribuées équitablement et par genre, l’éducation et l’âge sont les principales sources d’inégalités. Les femmes sont généralement moins susceptibles d’avoir accès à des emplois, notamment pour un poste permanent. En 2016, le taux de participation des hommes a été de 89 % alors que celui des femmes estde 56 %. L’éducation joue un rôle important pour expliquer l’accès à un emploi de qualité. Chez les jeunes, le taux de chômage est plus élevé que la moyenne. Deux raisons expliquent cette situation ; il y a d’abord la réticence de ces derniers à s’engager dans les secteurs , comme l’agriculture et dans des entreprises exportatrices en raison des conditions de travail et du statut social associé à ces domaines ; secondement, il s’agit des difficultés à trouver des gens ayant des compétences techniques spécialisées. Cela suggère que le système éducatif mauricien ne répond pas à la demande du marché de l’emploi ou/et que les jeunes sont moins susceptibles à choisir les bonnes filières éducatives », estiment les auteurs du rapport.
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