Fusion et acquisition : IBL fait son entrée sur les grands chantiers

Avec l’acquisition de The General Construction Company Limited, le premier groupe diversifié du pays offrira un service plus étendu dans le secteur. Cette transaction, jugée « surprenante » et ayant eu une incidence positive sur le cours de l’action, intervient à un moment où l’industrie est en plein essor.
« Sur la dernière année, General Construction a 9% de part de marché dans un secteur très compétitif. Manser Saxon, filiale de IBL Ltd, opère principalement dans le segment connu comme la finition, » fait ressortir Arnaud Lagesse, Group Chief Executive Officer d’IBL Limited. « À travers la future acquisition de General Construction (sujette à l’aval de toutes les instances), nous serons en mesure d’offrir une offre allant de la construction et du génie civil, à la finition, ce à travers deux entités légales séparées – GCC et Manser Saxon Group. »
L’acquisition aura lieu dans une période faste pour l’industrie de la construction, avec de grands chantiers publics et des projets du secteur privé. La construction, en 2019, serait l'un des principaux moteurs de la croissance économique avec une expansion de 8.6% contre 8.5% l’année dernière.
La transaction s’inscrit dans la stratégie du groupe à consolider son pôle connu comme Building and Engineering. Ce secteur d’activités, pour les neuf mois se terminant au 31 mars 2019, a enregistré un chiffre d’affaires de Rs 6.63 milliards contre Rs 6.34 milliards lors de la précédente période similaire. Les profits opérationnels ont été de Rs 513.6 millions, contre Rs 492.1 millions.
« Qu’IBL annonce l’acquisition de General Construction est surprenante en soi. Quand on regarde la stratégie du groupe, c’est une transaction logique. Elle s’inscrit dans un processus de consolidation des activités d'IBL, » fait ressortir un analyste financier sous le couvert de l’anonymat. «Le groupe est en train de conforter sa position de leader dans des secteurs clés. Dans le tourisme, IBL est principal actionnaire de Lux Island Resorts. Dans le commerce, le groupe domine avec Winner’s, se renforce avec le rachat de Monoprix et de Shoprite. »
Depuis l’annonce, le cours de l’action IBL Limited ne cesse de grimper. Lundi, le titre a progressé de 3.7%. Et mardi, l’action a connu un bond de 6.3%, la plus forte hausse en 16 mois. Désormais à Rs 59, le titre a atteint un nouveau palier record. Sa capitalisation est de Rs 40.1 milliards.
Deshmuk Kowlessur, directeur exécutif de la CCM : « Une analyse préliminaire en cours »
La Competition Commission of Mauritius (CCM) aura son mot à dire dans l’aboutissement de cette transaction. Sans trancher en faveur ou en se prononçant contre l’acquisition, Deshmuk Kowlessur, directeur exécutif de la CCM, explique qu’il faudra d’abord jauger de l’impact sur l’ensemble du secteur : « La Compétition Commission a déjà démarré une analyse préliminaire de la transaction. À partir de là, elle considérera s’il y a une nécessité pour une enquête en profondeur ou une investigation. (…) La transaction pourrait consolider la position d’IBL mais l’analyse serait de (déterminer) si elle réduirait de manière substantielle la compétition. L’évaluation est effectuée dans un cadre légal défini. À ce stade, c’est prématuré de tirer une quelconque conclusion. (…) Il est trop tôt de commenter si cette fusion sera favorable ou défavorable pour le secteur de la construction. L’analyse en tiendra compte. »
Gérard Uckoor, président de l’ASM : « Les petits opérateurs travaillent avec les grands »
L’Association of Small Contractors, par le biais de Gérard Uckoor, son président, estime qu’il faudra attendre la suite des évènements avant de cerner si les petits opérateurs seront affectés. Dans l’ensemble, les contracteurs travaillent en étroite collaboration avec les grands : « General Construction a fait ses preuves. Son acquisition par IBL ne sera qu’un changement à la tête de la compagnie. Aussi longtemps que le personnel reste en place, il n’y a aucun problème. Nous, les petits contracteurs, nous collaborons avec les grandes compagnies de construction telles que General Construction. Nous gagnons ainsi notre vie. Reste à voir si nous continuerons dans cette direction. Donc, à ce stade, il est impossible de se prononcer sur l’impact de l’acquisition sur nos activités. »
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General Construction : une référence
Dans la capitale, que ce soit à la Place d’Armes, Rues Royale, Edith Cavell ou John Kennedy, les gratte-ciels ont un point commun. Ces immeubles ont été bâtis par The General Construction Company Limited, bâtisseur de référence pour l’économie mauricienne. En sus d’une impressionnante liste de réalisations, la compagnie dispose de solides assises financières. Pour les 12 mois se terminant au 31 mars 2018, The General Construction a généré un chiffre d’affaires de Rs 2.5 milliards. Ses profits après impôts ont été de Rs 187.4 millions. Ses charges financières pour l’année ont été de Rs 197,000.
Les bénéfices non-répartis de Rs 1.97 milliard et d’autres réserves de Rs 698.7 millions. Selon les données disponibles sur le site du Corporate and Business Registration Department de l’État, The General Construction a été incorporée en août 1958. Au 31 mars 2018, ses actionnaires – détenant des parts ordinaires et préférentielles – sont Didier Adam, Jean Claude Maingard, et les sociétés Paridier, Du Marais, Vademecum. Le principal actionnaire est la Société Paridier.
Analyse
Construction, un secteur à surveiller ?
Dans un rapport en date de juin 2018, la Competition Commission of Mauritius identifie les cinq principales compagnies contractantes dans la construction. Ce sont Bhunjun & Sons Ltd, General Construction, Transinvest Construction, Rehm-Grinaker Construction et Manser Saxon Contracting Limited. En conclusion à ce rapport, la commission affirme : “The study reveals high degree of concentration across the various markets within the construction sector. Some major players are also vertically integrated. While concentration and vertical integration may not be an issue in itself, such markets may be more proned to anti-competitive conduct and a constant monitoring of the sector may be warranted.”
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