Middlesex University : débat sur le budget

La Middlesex University Mauritius a animé une causerie sur le Budget 2019-2020. Un exercice qui a vu la participation de Pierre Dinan (économiste), Gary Gowrea (directeur de Tax & Mauritius), de Dev Sunnassy (président de l’ONG Smart Citizen) et de Manisha Dookhony (économiste et directrice de Rwenzori Consulting).
Commentant le budget, Pierre Dinan a soulevé, entre autres, la pension de vieillesse. Il a exprimé son soulagement que la pension de vieillesse n’ait pas été alignée sur le salaire minimum. « Je ne suis pas contre le fait que l’on accorde un revenu substantiel aux vieilles personnes. Mais encore faut-il que le pays puisse soutenir cette augmentation », fait-il comprendre. L’économiste explique que si le gouvernement avait accédé à cette demande, il aurait engagé l’économie du pays pendant les années à venir. « Finalement ce sont nos enfants et petits-enfants qui auraient eu à payer pour nos excès », dit-il.
Toutefois, Pierre Dinan salue l’initiative du gouvernement d’introduire le Portable Retirement Gratuity Fund dans la nouvelle législation du travail, qui permet aux employés du secteur privé de préserver leurs années de service même s’ils changent d’employeurs à plusieurs reprises durant leur vie professionnelle.
Pierre Dinan salue aussi l’initiative du gouvernement de venir de l’avant avec la National Skills Matching Platform pour canaliser les jeunes vers une formation appropriée en vue de leur permettre plus facilement d’avoir un emploi. Il se plaint du « manque d’initiatives » en faveur des jeunes qui n’ont pas réussi au niveau scolaire. « Un tiers des jeunes échouent aux examens du CPE chaque année. C’est bon de soutenir les lauréats mais qu’est-ce qu’on fait pour ces jeunes recalés ? » Il souhaite une « politique plus accrue en termes de formation vocationnelle à Maurice » et parle aussi de « l’importance d’un changement de mentalité surtout des parents qui ont tendance à dévaloriser les métiers ».
Mise en garde
Concernant la dette publique, l’économiste trouve qu’en ce qui concerne Maurice, la situation n’est pas trop alarmante car, dit-il, « une grosse partie de la dette a été contractée localement ». Toutefois, il a mis en garde contre un endettement trop excessif afin de ne pas hypothéquer l’avenir des prochaines générations. Il estime aussi que l’argent de la dette doit être investi dans des projets viables. Toujours en ce qui concerne le budget, Pierre Dinan regrette « l’absence de mesures pour encourager une hausse de la natalité face à une population vieillissante ». Il craint que Maurice ne dépende de plus en plus de la main-d’œuvre étrangère. « Quelle est la stratégie du gouvernement en matière démographique ? » se demande-t-il.
Lors de son intervention Manisha Dookhony a mis l’accent sur « les difficultés éprouvées par les entrepreneurs mauriciens pour lancer un business à Maurice », cela malgré le fait que le pays figure en bonne place dans le classement ‘Ease of doing business’. Elle montre du doigt les démarches administratives « trop lourdes » et soutient que « plus de jeunes chômeurs auraient pu se lancer dans l’entrepreneuriat s’il n’y avait pas cette lourdeur administrative ». Elle explique qu’il y a plusieurs opportunités en Afrique et souhaite que les petits et moyens entrepreneurs aient des facilités pour y investir. Elle accueille favorablement la décision du gouvernement de faire placer une femme au sein des Conseils d’administration des compagnies publiques et corps paraétatiques,
Dev Sunnassy a, lui, souhaité une collaboration plus étroite entre le ministère de la Sécurité sociale, le ministère de l’Intégration sociale et les ONG en vue de travailler sur des projets touchant le social. Il a aussi plaidé en faveur d’un nouveau départ pour le secteur agricole et le textile. « Je pense qu’on peut réinventer le textile et l’agriculture », dit-il. Soulignons que Gary Gowrea a axé son intervention sur la taxe.
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