Eric Mangar : «Une politique timide en matière d’autosuffisance alimentaire»

Si l’agronome Eric Mangar reconnaît que le dernier Budget de Pravind Jugnauth marque une avancée dans le social et dans une certaine mesure dans l’agriculture, il regrette cependant l’absence d’une politique agressive en matière de sécurité alimentaire.

Eric Mangar, qui est aussi le directeur du Mouvement Autosuffisance Alimentaire (MAA), est satisfait de la décision du gouvernement de relancer l’apiculture. Il explique que les abeilles produisent non seulement le miel qui est bon pour la santé mais qu’elles jouent aussi un rôle important dans la pollinisation, qui est un facteur important dans la production de légumes, fruits et fleurs. Il exprime aussi sa satisfaction sur une hausse de l’allocation hivernale accordée aux planteurs de thé. Il apprécie aussi les mesures incitatives en faveur des petits planteurs de canne à sucre

Toutefois, il exprime des réserves sur le projet d’élevage de génisses à Melrose et de moutons et cabris à Salazie. Il estime que ce projet ne peut être traité en isolation. « L’élevage sur une grande échelle requiert la production de forage, un service vétérinaire efficace pour assurer la santé des animaux. Le gouvernement n’a rien dit à ce sujet », avance-t-il.

Eric Mangar est confiant néanmoins que si ce projet d’élevage est mené à bon port, il permettra aux éleveurs d’acheter des animaux pour l’élevage à meilleur marché. Il attire l’attention sur le fait qu’une vache pleine importée peut coûter jusqu’a Rs 100 000. « Ce qui fait que la production de génisses localement sera un avantage certain pour les éleveurs. »

Parallèlement, il souhaite également que le gouvernement se lance dans la production de vaches laitières à Maurice pour réduire la dépendance de Maurice sur la poudre de lait importée qui, dit-il, coûtent des milliards de roupies annuellement à l’économie. « Il faut se rappeler que quelques décennies de cela, le pays était presque autosuffisant en lait de vache. C’est triste que les autorités sont plus ou moins timides sur le projet de production de lait à Maurice. »

 Eric Mangar, qui est aussi le conseiller technique du Syndicat des pêcheurs, reconnaît qu’il y a une avancée avec l’annonce du projet d’une ‘Cooperative Seafood Processing’ Unit’ à Tamarin, qui permettra aux coopératives de pêche de transformer leurs prises en des produits à valeur ajoutée. Il apprécie aussi l’allocation de Rs 25 000 aux sociétés coopératives pour la production de poissons ornementaux et le fait que l’allocation pour l’achat de moteurs hors-bord passe de Rs 60 000 à Rs 80 000.

Mais cela ne l’empêche pas de regretter le fait que la demande des pêcheurs pour un laptop et un logiciel pour détecter des failles sur les moteurs des bateaux industriels n’a pas été retenue. Il regrette aussi l’absence des mesures pour permettre aux pêcheurs de produire du poisson salé à St-Brandon.