Analyses : le secteur informel du tourisme face aux exigences des régulations | Défi Économie Aller au contenu principal

Analyses : le secteur informel du tourisme face aux exigences des régulations

Beachcomber
Nous souhaitons une vision de Maurice reconnu pour sa qualité de service et d’accueil.

L’offre d’hébergement autre que celui proposé par les hôtels progresse, ce qui inquiète les opérateurs traditionnels dument enregistrés qui voient une baisse dans leur taux d’occupation.

Maurice n’y échappe pas. Une règlementation devient dès lors nécessaire. Tel est l’avis des agents de voyages vendant la destination locale en France, en visite à Maurice le mois dernier, dans le cadre de la 21e édition du Rallye Beachcomber Tours, un événement organisé par le premier groupe hôtelier du pays.

Les différents participants lors d’un dîner à l’hôtel Trou-aux-Biches Beachcomber, samedi 25 mai, sont unanimes à reconnaître l’émergence de ce secteur. Il y a une nécessité à le règlementer afin d’éviter des abus, le rabattage des clients, le non-règlement de charges sociales des employés, voire l’évasion fiscale, et uniformiser la qualité de l’offre en matière de normes et d’hygiène.

« Effectivement, cela existe à Maurice mais aussi partout dans le monde tout comme en France. À mon avis, il y a un équilibre qui se met en place. Ce n’est pas de la concurrence vis-à-vis des hôtels. Ce sont des entités qui encouragent les gens à voyager davantage mais différemment. Ils voudront voir l’île autrement. Mais il est essentiel de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’excès et d’inconduites à l’égard de la clientèle.

Il faut instaurer un contrôle pour le maintien de la qualité. Nous souhaitons une vision de Maurice reconnu pour sa qualité de service et d’accueil, il ne faut absolument pas déroger à ces principes. Sinon, cela va nuire à l’image de la destination », explique une représentante d’un tour opérateur.

Cette dernière ajoute aussi que dans le moyen à long terme, ce secteur développera une autorégulation. « C’est une question de capacité et de disponibilité. On peut tomber sur un bon produit avec un niveau de qualité appréciable tel que les maisons coloniales. Ce sont des petites unités mais qui offrent un hébergement différent et original. À l’inverse, les grands établissements apportent une qualité de service plus ou moins uniforme tant en restauration qu’en hébergement », explique-t-elle.

L’analyse qu’effectuent les interlocuteurs est importante dans la mesure où ces personnes assurent la promotion et vendent nos prestations en France, notre premier marché touristique. Pour les quatre premiers mois de 2018, le pays a accueilli 113 368 touristes français, soit quelque 25% des arrivées. Même si les arrivées sont en baisse de 0,1% par rapport à la période similaire en 2018, le marché français est en progression de 2,3%. D’ailleurs, pour la période de mai à octobre de cette année-ci, les réservations venant du marché français sont en hausse de 30% en comparaison à l’année précédente au sein de Beachcomber Resorts & Hotels.

Prudence des français

La concurrence est cependant bien présente pour certains voyagistes à l’instar de Lagon Spirit. « L’agence est spécialisée dans les offres de l’océan Indien. Il y a une forte concurrence dans l’offre de villas. Nous constatons des offres de particulier à particulier. Mais pour l’instant, cela ne constitue pas une grosse demande, surtout des clients français. Ce secteur informel existe partout, également aux Seychelles. Mais actuellement, les Français font plus preuve de prudence et préfèrent être hébergés dans des grands hôtels. La famille française optera davantage pour un hôtel qui offre toute une panoplie d’activités et surtout la sécurité», dit Sandrine Kemdriche de Lagon Spirit.

Un autre thème récurrent est le tourisme d’intérieur. Les tours opérateurs interrogés s’accordent à souligner que davantage d’efforts doivent être consentis dans le tourisme vert. Lors du rallye, ils ont eu l’occasion, à travers plusieurs activités, de découvrir certains aspects de l’intérieur de l’île.

« Les plages, la qualité des prestations, la francophonie sont quelques atouts remarquables du pays. Certes, il y a encore à faire pour ce qui est de la découverte de l’intérieur de l’île, notamment sur les grandes richesses, la multi particularité et tout ce qui est tourisme vert qu’on peut montrer aux clients », explique un tour-opérateur.

Il estime que des offres combinées ont du potentiel, telles qu’un package Réunion-Maurice ou Maurice avec un autre pays de l’Afrique orientale. «Tout dépend de la connectivité aérienne. Mais pour revenir à Maurice, on peut passer beaucoup de temps à la plage, mais il y a plein d’autres activités telles que des balades à pied, des découvertes en 4x4 ou le quad », souligne-t-il.

Maurice maintient sa réputation en tant que destination haut de gamme, spécialement pour les couples et la famille. Sandrine Renault de Direct Tours explique qu’il y a pas mal d’établissements qui sont équipés de facilités pour les très jeunes, et de chambres et suites communicantes. Pour les couples, ce sont souvent des voyages de noces.


Stéphane Georget de Celeane Voyages, Caen : « Le Français aime de moins en moins la plage »

Opérateur faisant partie du réseau Selectour, Stéphane Georget brosse le tableau complet de l’environnement dans lequel opère le tourisme local. Maurice dispose d’atouts, certes, qui doivent s’adapter à la clientèle, dit-il. Son analyse : « Maurice est une destination très importante pour les Français en tenant compte de la qualité de l’hôtellerie, 11 heures de vol, très peu de décalage horaire. C’est loin et en même temps c’est proche (…) Maintenant, comme toujours, il faut se rénover, se recycler et surtout ne pas jouer le coup de promotions, surtout pas. Maurice n’est pas une destination bon marché. Vous avez une hôtellerie, un accueil, une clientèle, un savoir-faire qui est unique au monde. Les Mauriciens sont reconnus pour être parmi les meilleurs dans l’hôtellerie. (…) Nous ne vendons pas que la plage, que l’hôtellerie.

Nous avons été au champ de courses. On a fait du vélo dans les montagnes. Le Français aime de moins en moins rester sur la plage. Il adore le bel hôtel, la belle plage. Mais il faut qu’il y ait dans sa semaine deux ou trois belles excursions qui viendront augmenter encore le plaisir de son séjour. »

Abordant le volet de la compétition, il a fait ressortir : « Il y a une concurrence féroce entre les destinations tropicales, hémisphères nord et sud, dépendant des saisons. La République Dominicaine est la destination numéro un pour la clientèle française à cause du prix. Beaucoup de clients qui venaient à Maurice avant ont trouvé, par rapport aux prix et tarifs une qualité qui a été nettement améliorée en République Dominicaine. Ce sont deux choses différentes. La compétition est très féroce par rapport aux îles. Dans la région, Maurice est une destination à part entière qui fascine les Français. »