Coopération régionale : les zones économiques spéciales cherchent des entrepreneurs | Défi Économie Aller au contenu principal

Coopération régionale : les zones économiques spéciales cherchent des entrepreneurs

JinFei
Pour l’EDB, l’Afrique est pleine de richesses inexploitées et demeure un continent d’avenir.

Cela fait quelques années qu’on parle des zones économiques spéciales dans la région. Alors que l’objectif était de développer l’émergence d’un nouveau secteur transfrontalier régional, l’idée n’a pas vraiment eu les résultats escomptés, d’où la décision des autorités de relancer le secteur et de faire appel aux investisseurs potentiels pour saisir les occasions. Mais les entrepreneurs répondront-ils présents ?

C'est avec l'aide technique de Maurice que ces zones économiques sont en train d'étre développées.

À Maurice, quand on parle de zone économique spéciale (ZES), on pense tout d’abord à JinFei. Mais JinFei n’est qu’une des plusieurs zones économiques spéciales de la région que les autorités veulent promouvoir. L’historique de JinFei démontre comment cette zone, avec des débuts difficiles, était presque vouée à l’échec. Auparavant, connue comme la Mauritius Tianli Economic and Trade Cooperation Zone, cette zone qui allait devenir un gigantesque centre industriel et manufacturier pouvant créer des dizaines de milliers d’emplois, a fini par succomber, après avoir été rebaptisé JinFei, à la frénésie de développement immobilier.

L’avenir de JinFei est, certes, plus brillant, surtout avec le nombre de projets intéressants soumis par des investisseurs sérieux, après la récente invitation d’expression d’intérêt par Landscope Ltd, à travers l’Economic Development Board (EDB), organisme qui gère une partie des terres de la zone JinFei. Parmi, on note ce vaste projet de ‘Warehousing’ par des investisseurs sud-africains en joint-venture avec des entrepreneurs mauriciens, au coût de presque Rs 1 milliard, dont Rs 500 millions pour la phase 1. Ce projet d’entrepôt étalé sur au moins 13 arpents comprendra aussi des facilités de chambres froides d’une superficie de 10 000 mètres carrés.

Au niveau local, Landscope s’attend à ce que les terres industrielles de Riche Terre trouvent preneur, alors qu’au niveau régional, l’EDB vient de lancer un appel aux projets pour les zones économiques spéciales (ZES) en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, Sénégal, Ghana, Kenya, Mozambique et Madagascar.

C’est avec l’aide technique de Maurice que ces zones économiques sont en train d’être développées et l’EDB, conjointement avec le Mauritius Africa Fund (MAF) est en train de promouvoir ces zones. Ces zones attirent les investissements dans plusieurs secteurs, tels que la technologie informatique, les services financiers, le manufacturier, y compris le textile, la logistique, le secteur éducatif, le tourisme, le développement des infrastructures, l’énergie, la santé et les divers services professionnels.

Pour l’EDB, l’Afrique est pleine de richesses inexploitées et demeure un continent d’avenir. Il possède environ 30 % des ressources minérales restantes de la planète, près de 60 % (plus de 200 millions d'hectares) des terres arables disponibles dans le monde et 13 % de la population mondiale. Le gouvernement mauricien met en œuvre des politiques pro-africaines visant à améliorer le climat des investissements et les conditions d’accès aux marchés, afin de faire de Maurice une plateforme pertinente pour l’Afrique.

Nikesh Patel : « Les zones en Afrique n’ont pas le même succès que celles d’Asie »

Nikesh Patel, consul honoraire du Rwanda.
Nikesh Patel, consul honoraire du Rwanda.

Nikesh Patel, consul honoraire du Rwanda et qui a aussi agi en tant que conseiller spécial auprès du gouvernement rwandais, dit qu’il y a plusieurs zones économiques au Rwanda, dont la principale se trouve dans la capitale, Kigali. « L’idée est d’avoir une dans chaque district », dit-il et les zones veulent attirer des investisseurs étrangers.

Selon lui, ces zones économiques jouent un rôle stratégique dans la politique d’industrialisation du Rwanda. « Les ZES rwandaises s'appuient sur les atouts actuels du Rwanda, tels que l’excellent climat des affaires, la bonne gouvernance, un état de droit, etc. Ce sont des catalyseurs clés pour concrétiser la vision la plus large et la stratégie économique globale du Rwanda. »

Les ZES ont contribué aux exportations, en particulier dans les secteurs non- traditionnels, aux réexportations et à la création d'emplois. Les occupants des ZES contribuent beaucoup aux recettes fiscales du pays. Alors que les Zones Économiques au Rwanda ont eu un impact positif, dans le contexte africain plus large, elles n’ont pas eu le même succès que celles d’Asie, qui ont notamment renforcé leur industrialisation grâce à un modèle de montage à forte intensité de main-d’œuvre utilisant des composants importés. Un tel modèle n’a pas connu le même succès dans un contexte africain, où les ZES n’ont souvent pas réussi à offrir des avantages à l’exportation.

« Cela s'explique en partie par le fait que les zones africaines ont encore du mal à faire face à des problèmes structurels plus vastes, notamment l'augmentation relative des coûts de transport, de la main-d'œuvre et la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Ce qui limite le potentiel de fabrication à forte intensité de main-d'œuvre dans les ZES africaines », conclut Nikesh Patel.


Quand la Chine inspire l’Afrique

Pour les dirigeants africains, la Chine a su s’appuyer sur les ZES pour opérer sa transformation économique. Les ZES ont permis au départ d’expérimenter des réformes économiques de marché. Aujourd’hui, un grand nombre de ZES servent à exploiter les atouts de l’environnement local. Elles deviennent par la suite des zones de développement industriel high-tech, des zones de libre-échange et des zones franches d’exportation. Il n’existe pas de modèle unique, mais les ZES chinoises qui réussissent peuvent compter sur des politiques. Plusieurs pays africains ont créé des ZES depuis les années 1970, mais ils n’ont, à ce jour, pas obtenu le même succès que la Chine, souvent faute de réunir les facteurs nécessaires.

Les avantages de servir Maurice comme tremplin

À travers l’Africa Strategy, Maurice veut encourager les investisseurs étrangers à servir Maurice comme tremplin pour investir en Afrique. Les investisseurs bénéficieront ainsi des avantages que confèrent les différents accords bilatéraux entre Maurice et les pays voisins, par exemple, les traités de non-double imposition ou encore les ‘Investment Promotion and Protection Agreement’ (IPPA). Les investisseurs pourront aussi jouir des avantages fiscaux de par notre adhésion aux blocs régionaux comme la SADC ou le COMESA.

Affrad Dilhossain : « L’Afrique a un gros potentiel manufacturier »

Affrad Dilhossain, directeur de Teck D’Or Ltée, entreprise spécialisée dans la fabrication de meubles, dit que le secteur manufacturier a un gros potentiel en Afrique et que son entreprise serait bien intéressée à prospecter les zones économiques spéciales si l’occasion est offerte. « Si les entrepreneurs locaux bénéficient de facilités de financement pour installer une antenne dans ces zones, pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Les entrepreneurs mauriciens ont développé un savoir-faire unique qu’ils peuvent étendre en Afrique », dit-il. Il soutient que les pays comme le Sénégal, le Ghana ou encore le Rwanda ont de vastes marchés et le pouvoir d’achat des consommateurs augmente, ce qui fait que les opportunités existent. Trois facteurs clés présents en Afrique sont la disponibilité des matières premières, la main-d’œuvre et un marché.