Sajeev Busawah, Manager et ACCA Course Leader au London College of Accountancy (LCA) : «Les étudiants ACCA doivent être conscients du rôle clé qu’ils seront amenés à remplir quand ils exerceront» | Défi Économie Aller au contenu principal

Sajeev Busawah, Manager et ACCA Course Leader au London College of Accountancy (LCA) : «Les étudiants ACCA doivent être conscients du rôle clé qu’ils seront amenés à remplir quand ils exerceront»

Sajeev Busawah

La formation de qualité est un atout certain pour que les comptables professionnels soient armés pour exercer au plus haut niveau tout en s’adaptant aux changements économiques, légaux, technologiques et sociaux. Sajeev Busawah, Manager et ACCA Course Leader au London College of Accountancy (LCA), et lui-même Fellow de l’ACCA, partage son constat et son point de vue à ce sujet.

Le professionnalisme et la rigueur en comptabilité demandent une formation solide. Comment est-ce que la LCA contribue à cela en s’appuyant sur le cursus de l’ACCA ? 
La LCA, lancée en 2008, est le leader des instituts de formation pour les cours ACCA à Maurice. Nous sommes, de plus, le seul institut du pays à avoir le statut de l’ACCA Approved Learning Partner de niveau Platinum, qui est le plus élevé décerné par l’ACCA. L’approche et le contenu des cours de la LCA sont totalement cohérents avec les qualités dont a besoin un expert-comptable. Le curriculum de l’ACCA, que nous mettons en pratique, mène lui-même au développement des qualités professionnelles de l’expert-comptable.

Les étudiants qui adoptent la filière de qualification professionnelle ACCA doivent être conscients du rôle clé qu’ils seront amenés à remplir quand ils exerceront. La nature des divers « Papers » qui constituent les examens ACCA pousse aussi ces étudiants à réaliser de quelles compétences ils auront besoin, et à développer ces compétences afin de pouvoir faire face aux défis d’un monde professionnel en constante évolution.

La LCA participe aussi, autant qu’elle le peut, à faire réaliser aux étudiants qu’une qualification professionnelle de haut niveau comme celle de l’ACCA est très différente d’une qualification académique. Une différence notable est la nécessité de comprendre et de respecter un code d’éthique lié à la profession. De plus, ceux qui suivent la filière ACCA doivent acquérir un état d’esprit qui favorise leur intégration et leur efficacité au sein d’un milieu professionnel exigeant. La société attend beaucoup de la participation des jeunes cadres du secteur financier. A ce sujet, notre institut participe au développement de ressources humaines dynamiques, dotées d’un niveau professionnel et de principes éthiques élevés, en s’appuyant sur la qualification ACCA.

Quelle évaluation faites-vous de l’évolution du métier d’expert-comptable, surtout étant vous-même Fellow de l’ACCA?
La profession comptable a grandement évolué. Les premières traces de comptabilité écrite remontent à des milliers d’années en Mésopotamie et, évidemment, beaucoup de choses ont changé depuis ! Mais ces dernières décennies et surtout ces dernières années, il y a eu une évolution très forte de la mission et des compétences de l’expert-comptable. Encore plus qu’avant, le professionnel de la comptabilité est appelé à être un directeur financier, un décideur stratégique ou un responsable dont les propositions ont une portée nationale.

La seule constante dans la vie, comme dans le monde des affaires, c’est le changement. Les organisations font face à des facteurs perturbateurs comme jamais auparavant ; ce à quoi s’ajoute l’adoption de nouveaux paradigmes opérationnels. Les professionnels de divers domaines se retrouvent donc confrontés à des changements majeurs, liés principalement à des technologies émergentes.

La comptabilité n’échappe pas à cette réalité. Cette spécialité ne comprend pas uniquement la tenue des comptes ou la gestion des salaires… Comme tel est le cas pour le domaine des acquisitions, la mission de la comptabilité se révèle de plus en plus essentielle, et avec une portée stratégique, pour les entreprises prévoyantes et avant-gardistes. Certaines personnes pensent que le futur du monde numérique aura un effet très négatif sur la comptabilité. Toutefois, les technologies liées à la gestion des données sur le cloud, l’automatisation de certaines procédures et des outils d’analyse de plus en plus pointus, représentent en fait des opportunités pour que la valeur ajoutée des experts-comptables soit encore plus forte. Grâce à l’automatisation des calculs par exemple, l’expert-comptable n’a plus besoin de passer des heures sur un tableur pour vérifier des chiffres. Il peut désormais se concentrer sur l’analyse et l’interprétation de ces chiffres, et accompagner la direction de l’entreprise dans ses prises de décisions. Les avancées dans les technologies utilisées en comptabilité favorisent en fait la précision, la rigueur et l’exhaustivité.

Ces nouveaux outils numériques, à l’instar du cloud, permettent aussi une communication plus efficace avec les clients des experts-comptables. Ces clients ont eux-mêmes de nouvelles attentes et les cabinets de comptabilité ajoutent de nouvelles prestations à leur portefeuille de services, bien au-delà du traitement de chiffres, aidés en cela par l’émergence de compétences nouvelles.

Les changements apportés récemment dans le cursus et les méthodes d’examens de l’ACCA sont d’ailleurs cohérents avec les exigences du monde financier d’aujourd’hui. Un monde qui demande l’intervention de leaders stratégiques qui peuvent s’adapter au nouveau contexte numérique et qui peuvent avoir la souplesse nécessaire pour répondre aux demandes changeantes de leurs partenaires.

Comment se mettre au diapason des divers changements dans les réglementations qui influencent ce métier ?
Le niveau de la profession comptable se juge par la qualité du service des experts-comptables. Le cadre légal qui régit cette profession vise à assurer un niveau de qualité et l’existence d’une constance dans la prestation de services. Les experts-comptables doivent donc respecter des normes éthiques, techniques et professionnelles très claires. Ils s’engagent aussi à défendre les intérêts de leurs clients et des personnes ou entités qui bénéficient indirectement de leurs services, tels que les investisseurs et les créanciers.

Toute réglementation doit aller de pair avec des principes éthiques - également porteurs de qualité de service - afin d’être efficace. Le cadre légal doit donc être conçu afin de permettre l’épanouissement de comportements éthiques. Ces principes moraux doivent être clairement énoncés et l’ACCA le fait dans son code d’éthique qui met en exergue ce qui est attendu de ses membres.

La comptabilité est d’ailleurs qualifiée de « profession » car sa pratique demande des connaissances spécialisées. Les personnes qui font appel à des experts-comptables doivent pouvoir le faire en ayant confiance en leurs compétences et en leur sens de l’éthique. Les professionnels de la comptabilité préparent par exemple les résultats financiers et réalisent des audits de ces comptes, que des responsables utilisent afin de prendre leurs décisions. Développer et entretenir la confiance en la profession comptable est donc essentiel pour l’épanouissement du monde des affaires, pour l’économie et pour la société. Les règles écrites fournissent d’excellents repères, mais cela ne suffit pas parfois. Certaines situations mènent à une prise de décision qui demande à l’expert-comptable de faire appel à un sens de l’éthique solide, en plus du respect des normes techniques et administratives bien établies.

Le Continuous Profesional Development (CPD), grâce aux cours spécialisés que doivent régulièrement suivre les professionnels de la comptabilité, aide ces professionnels à être à jour au sujet des évolutions dans leur domaine et dans la règlementation. Pour être crédible face aux investisseurs étrangers et être plus attrayante en tant que place financière, l’île Maurice doit d’ailleurs être en conformité avec la réglementation internationale et effacer tout doute à ce sujet. La disponibilité de ressources humaines ayant les qualités nécessaires pour cela revêt donc une grande importance.

Il y a eu récemment un premier workshop de l’ACCA, du FSI et du MIoD sur la mise en pratique du Scorecard qui donne les repères pour l’adhésion aux principes du National Code in Good Governance. Quelle place tient le sujet de Good Governance dans l’exercice du métier d’expert-comptable ?
La bonne gouvernance a trait aux règlements, aux pratiques et aux principes qui servent de socle à la gestion saine des organisations. Elle implique des personnes qui ont le pouvoir et l’autorité de prendre les décisions adéquates et, dans sa forme la plus aboutie, elle inclut les procédures claires qui aident les décideurs à faire face aux défis de la gestion de l’organisation. Ainsi, la bonne gouvernance crée une structure de gestion - impliquant toutes les fonctions - qui aide à la réussite des objectifs de l’entreprise. La mission la plus forte de cette gouvernance est d’assurer la mise en place et le respect des règles et des politiques qui régissent l’activité de l’organisation en cohérence avec les normes établies.

La bonne gouvernance et la comptabilité fonctionnent donc la main dans la main. Cette gouvernance est aujourd’hui un facteur décisif pour le maintien d’une position forte sur le marché, pour toute entreprise. La comptabilité est en fait un élément clé de la bonne gouvernance - et donc de la confiance que peut inspirer l’organisation. Cette confiance est liée à la fiabilité et à la transparence de la communication financière de l’entreprise. Ce « reporting » doit suivre les normes et les règlements internationaux, qui ont eux-mêmes été renforcés ces dernières années suite aux dérives notées au cours des décennies précédentes.

La comptabilité peut aider les organisations à avoir une vision plus nette de la mise en œuvre de la bonne gouvernance, et à créer les outils et les procédures nécessaires. Cette spécialité est ainsi responsable du programme de contrôle des fraudes et de la réalisation d’évaluations régulières des risques, ainsi que de la mise en pratique des techniques qui peuvent empêcher des malversations et contenir les effets de telles malversations si elles ont lieu. L’expert-comptable doit aussi identifier les lacunes dans la structure de l’organisation et formaliser les rôles et les responsabilités des membres du conseil d’administration, du comité d’audit et du personnel spécialisé en gestion et prévention des fraudes.

La bonne gouvernance implique donc, pour un expert-comptable, un grand éventail de responsabilités et une tâche essentielle: s’assurer de l’exercice de la transparence et de la responsabilisation dans les activités de l’entreprise. Les organisations dépendent de leur service de comptabilité pour communiquer aux partenaires d’affaires et aux actionnaires des informations financières fiables, qui soutiennent la confiance qu’ont ces parties prenantes en l’organisation.

Les experts-comptables jouent donc un rôle essentiel dans le respect de la bonne gouvernance et pour l’utilisation adéquate du scorecard. Ils ou elles s’assurent en effet de la mise en place de normes qui donnent des repères à l’évaluation par les partenaires. Ils ou elles optimisent aussi la transparence - gage de confiance -, grâce à l’existence d’éléments de comparaison clairs dans les rapports financiers, à la fiabilité de ces rapports, et à une vision sans équivoque de la performance de l’organisation.

Quels sont les éléments qui permettront à Maurice de franchir un palier en tant que centre financier ?
Des efforts ont été entrepris afin de faire de la place financière mauricienne un hub d’investissement et de commerce pour les entités internationales désirant développer une présence en Afrique. Maurice compte ainsi offrir des services financiers adéquats, dans le cadre d’une règlementation qui protège les intérêts de toutes les parties. Notre pays est déjà réputé pour être l’une des économies les plus dynamiques et sûres de la région Afrique, avec un classement régulier dans le top 20 des États offrant de bonnes conditions pour les affaires.

Il faut un climat attrayant pour les professionnels de la finance. Pour cela, nous avons besoin de stabilité et de facultés d’adaptation - politiquement et dans le domaine légal, notamment. Heureusement, l’île Maurice ne s’est pas endormie sur ses lauriers ; elle a innové et s’est engagée résolument dans la conformité aux règles de transparence internationales. Un secteur financier offshore n’est par ailleurs pas seulement une conjonction de compétences et de connectivité aérienne et de télécommunications. Il faut aussi, pour qu’il soit fiable et qu’il grandisse, un cadre légal solide. Le pays devrait aussi poursuivre ses efforts pour attirer des entreprises de réputation mondiale et les encourager à s’implanter ici. Des incitations fiscales, par exemple, favorisent l’arrivée de quartiers généraux régionaux, d’entreprises spécialisées en gestion de trésorerie, en droit international, en gestion de fortunes…

Heureusement, les autorités mauriciennes ont aussi agi afin que la République de Maurice soit enlevée des listes des pays ayant des lacunes dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, en prenant notamment des engagements fermes auprès du GAFI et de ESAAMLG (Eastern & Southern Africa Anti-Money Laundering Group) pour rectifier le tir, là où cela est nécessaire, dans notre cadre légal.

De quelle façon est-ce que des instituts de formation du niveau de LCA peuvent contribuer dans ce développement ?
LCA est le seul Platinum Approved Learning Partner de l’ACCA à Maurice. Nous respectons donc des directives très claires et strictes de l’ACCA afin d’offrir une formation de qualité selon les normes de l’ACCA, qui est une organisation dont la qualification est reconnue dans plus de 170 pays. Nos enseignants sont des professionnels de qualité et expérimentés, qui sont eux-mêmes en conformité avec les normes de l’ACCA et de LCA. Notre institut est donc armé pour former des experts en comptabilité et finance qui sauront répondre aux exigences du monde professionnel tout en respectant des principes éthiques stricts. Des étudiants de LCA obtiennent régulièrement aux examens d’ACCA des résultats qui sont parmi les meilleurs à Maurice, et même au niveau mondial, dans certains « Papers ». Par ailleurs, la LCA étant un Approved Learning Partner ACCA de niveau Platinum, nous sommes parfois sollicités par ACCA Mauritius pour apporter notre contribution aux réflexions stratégiques de l’ACCA mondialement sur le développement de la profession et l’adaptation aux évolutions du secteur de la formation.

En 14 ans d’existence à Maurice, LCA a permis à des centaines de personnes qualifiées en comptabilité et finance de travailler dans de nombreux secteurs de notre économie et dans des centres financiers internationaux. Nous sommes déterminés à maintenir ce haut niveau de formation, surtout avec le soutien de l’ACCA.