Réduction des dépenses courantes des ministères par 25 % : des impacts négatifs sur les services et la vie des citoyens, selon les syndicats | Défi Économie Aller au contenu principal

Réduction des dépenses courantes des ministères par 25 % : des impacts négatifs sur les services et la vie des citoyens, selon les syndicats

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La proposition du ministère des Finances de réduire les dépenses courantes (recurrent expenditure) des ministères et autres services gouvernementaux et parapubliques par 25 % pour l’année financière 2021-2022, inquiète au plus haut point la classe syndicale.

Dans le cadre du prochain Budget, qui sera présenté probablement en juin prochain, le ministère des Finances a demandé, dans une récente circulaire, aux responsables des ministères de soumettre leurs propositions avec en toile de fonds une réduction des dépenses courantes par 25 %. Ils devront aussi proposer des projets qui favorisent la création d’emplois, entre autres.

Le président de la State Employees Federation (SEF), Radhakrishna Sadien, trouve qu’une réduction budgétaire de 25 % serait catastrophique pour la fonction publique.   Il craint qu’une telle mesure n’entraine dans son sillage une détérioration des services publics. « Avec un budget amoindri, les ministères ne pourront remplir les postes vacants et avec un manque d’effectif, c’est le service de qualité qui en souffrirait », dit-il. Il estime qu’on ne peut réduire le budget des ministères clés comme la Santé, l’Education.

Radhakrishna Sadien attire l’attention sur le fait que la réduction budgétaire de 10 % préconisée dans le dernier budget, se répercute négativement sur les départements gouvernementaux. Il cite entre autres le Mauritius Fire & Rescue Service où les pompiers n’ont pas eu leurs uniformes.

Pour le dirigeant syndical, le gouvernement doit trouver d’autres mesures pour combler le déficit budgétaire.  Il cite notamment la réduction des gaspillages qui se chiffrent à des millions de roupies, comme le constate chaque année le directeur de l’Audit.

Il propose aussi l’introduction d’un Human Resource Planning dans la fonction publique où les responsables des ministères et les représentants syndicaux pourront se concerter, entre autres sur les recrutements dans les secteurs clés et la formation afin qu’il n’y ait pas de carences au niveau des services dans le secteur public.

De son côté, le président de la Federation of Parastatal Bodies & Other Unions (FPBOU), Deepak Benydin, craint qu’une réduction budgétaire des corps paraétatiques, entraîne à la longue, la fermeture de certains corps parapubliques.  Il prend l’exemple de la Central Housing Authority et de la Development Works Authority.  Il estime qu’au contraire, il fallait augmenter le budget de certains secteurs, notamment les services sociaux car ils auront un rôle important à jouer dans le social après le confinement.

Il cite aussi la Corporation Nationale de Transport (CNT), qui verra un accroissement de ses dépenses avec l’achat des désinfectants pour mettre dans les autobus. « Il faut aussi prendre en considération que la CNT va subir un important manque à gagner avec une réduction des passagers dans ses autobus », dit-il.

Comme alternatif, Deepak Benydin propose que des compagnies qui jouissent d’une bonne santé financière à l’instar de Mauritius Telecom et la State Insurance Compagny of Mauritius (SICOM), contribuent au budget national en ce temps de crise économique.

Dev Luchmun : « Le gouvernement doit revoir ses priorités »

L’économiste Dev Luchmun estime qu’une réduction drastique des dépenses courantes des ministères aura des impacts négatifs sur les services et la qualité de vie des citoyens en général. « Tout en considérant le fait que le gouvernement fait face actuellement à une crise économique sans précédente, je crais qu’une réduction de 25 % dans les dépenses des ministères ait des graves répercussions tant au niveau des services et le bien-être de la population. Dans ce contexte économique, le gouvernement doit revoir ses priorités par rapport à ses dépenses publiques. Il doit prendre des mesures pour éliminer les gaspillages qui coûtent des milliers de roupies à la caisse publique. Je souhaite aussi qu’il y ait plus de transparence dans la gestion des finances et services publiques. »