La production des sacs et objets artisanaux : une tradition à préserver | Défi Économie Aller au contenu principal

La production des sacs et objets artisanaux : une tradition à préserver

Contre vents et marées, l’Association des artisans et planteurs de Pandanus du Sud-Est continue à se battre pour que les sacs et autres objets en vacoa retrouvent leur place dans le cœur des Mauriciens.

Sur la route de Vieux-Grand-Port en direction de Bois-des-Amourettes, on s’arrête devant un grand bâtiment où, assise sur un banc, une femme coupe en lanière des feuilles de Pandanus, communément appelées « vacoa » à l’aide d’un couteau, avant de les faire sécher au soleil. À l’intérieur, des femmes s’activent à fabriquer des tentes, sacs à main, sous-plats, porte-documents, coffrets et autres objets en vacoa.

Le volume de vente a chuté de plus de 50 %.
Le volume de vente a chuté de plus de 50 %.

Assise dans un coin, une jeune femme tresse des feuilles de vacoa. C’est Fabiola Marius, la présidente de cette association. Elle nous apprend que l’Association des artisans et planteurs de Pandanus du Sud-Est a vu le jour au début de l’an 2000 avec le soutien du Mouvement Autosuffisance Alimentaire (MAA), dont le directeur est Éric Mangar. « Nous avons démarré ce projet pour venir en aide aux femmes de la région, leur permettant de s’occuper de leurs familles tout en ayant une autonomie financière », dit-elle. En effet, à cette époque, la plupart travaillaient dans une usine de transformation alimentaire à Port-Louis et rentraient très tard le soir à la maison.  Aujourd’hui, elles travaillent de 9 heures à 15h30.

Fabiola Marius
Elle mise beaucoup sur l’innovation de ses produits.

Elle est fière qu’aujourd’hui, ces femmes pratiquent non seulement un métier mais trouvent aussi le temps nécessaire de s’occuper de leurs enfants. Leurs produits sont écoulés dans les établissements hôteliers, restaurants de luxe, au marché central et autres maisons de commerce.

La jeune femme a une longue expérience dans l’art de la vannerie. « Nous sommes dans le domaine depuis des générations », dit-elle fièrement. C’est à l’âge de 7 ans qu’elle a commencé à faire ses premières tresses avec des feuilles de muguet. Aujourd’hui, c’est elle qui forme des jeunes dans la vannerie. On apprend qu’elle a même formé des jeunes de l’université dans le domaine. « L’important c’est de valoriser cet art ancestral, qui en sus a un bon potentiel économique », fait-elle comprendre. Elle mise beaucoup sur l’innovation de ses produits. À cet effet, elle nous montre une « tente vacoa » rehaussée avec du tissu. D’autres sacs comportent un mixage de crochet et de   vacoa.

Covid-19 et Wakashio

Si tout allait bien pour l’association, avec des commandes venant des établissements hôteliers, du marché central et autres magasins artisanaux, la Covid-19 a plus ou moins mis un frein à leur activité. Fabiola explique qu’une importante entreprise a même annulé sa commande qui était pourtant prête. « Nous n’avons d’autres choix que de les vendre maintenant par unité, même à prix réduit pour récupérer au moins une partie de notre argent », dit-elle. Aujourd’hui, elles se fient surtout sur les commandes venant du marché central pour assurer leur survie économique.

Elle explique que depuis le confinement, son volume de vente a chuté de plus de 50% car une bonne partie de sa clientèle est composée de touristes. Elle avance que sa situation s’est corsée davantage avec le naufrage du Wakashio. « À cause de la marée noire, les Mauriciens des régions lointaines ne viennent presque plus chez nous à cause de l’odeur d’hydrocarbure et aussi par peur d’attraper une maladie », dit-elle.

Éric Mangar : « Un patrimoine à préserver »

De son côté, le directeur de la MAA, Éric Mangar explique qu’il a choisi d’implanter cette association à Grand-Port parce qu’une majorité des habitantes sont dans le domaine de la vannerie. « Nous avons décidé de les regrouper afin qu’elles puissent devenir un pôle économique dans la région. Cela, après une étude conjointe menée par la MAA, l’ACIM et l’UNDP », souligne-t-il. Il explique qu’on trouve des vannières allant de Grand-Port, Le-Bouchon, Ville-Noire, Mahébourg à d’autres régions avoisinantes.

Il nous apprend qu’au 18 -ème siècle, on transportait du sucre des moulins se trouvant dans le Sud jusqu’à Port-Louis en bateau dans des sacs en vacoa fabriqués par des vannières de la région. « C’est tout un patrimoine qu’il faut préserver », dit-il. Il souhaite que le gouvernement vienne de l’avant avec une stratégie bien définie pour soutenir ce secteur en plein essor, surtout avec l’interdiction des sacs en plastique.