Taux de change : est-ce que le marché des devises s’assèche ? | Défi Économie Aller au contenu principal

Taux de change : est-ce que le marché des devises s’assèche ?

Bourse

Le mardi 17 mars, acheter un dollar pour être transféré à l’étranger nécessiterait quelque Rs 39,30 à l’unité. Depuis la dernière séance officielle de 2019, notre monnaie locale aurait donc reculé de quelque 6 %. Avec l’incidence du Covid-19 sur l’économie, aucune amélioration ne se profile à l’horizon, commente un analyste.

Mardi, la roupie s’est dépréciée pour le sixième jour de suite par rapport au dollar américain. Selon les données disponibles, il faut remonter à décembre 2017 pour constater une telle performance baissière. Une analyse du taux de change du jour démontrerait que la roupie a atteint un nouveau palier historiquement bas par rapport au billet vert. (Notons que le taux de change – transfert télégraphique entrant et sortant et à la caisse -  varie d’une banque commerciale à l’autre).

« Le marché semble être à court de dollars. La situation dure depuis six mois déjà. La demande est supérieure à l’offre. Deux explications plausibles:

(i) soit les exportateurs et hôteliers tiennent à leur volume de devises générées par leurs activités à l’international

(ii) soit ces opérateurs n’ont pas d’excès à mettre dans le circuit monétaire. Un exemple pour soutenir cette situation est l’intervention de la Banque de Maurice sur le marché des devises la semaine écoulée. Elle n’a pu acheter que 11,2 millions de dollars. La dernière ponction a été au prix de Rs 38 pour un dollar. Reste à voir si les opérateurs seront intéressés par ce genre de taux», explique un cambiste sous le couvert de l’anonymat, tenant compte des enjeux et de la sensibilité du dossier.

Taux de change
2020

Petit État insulaire avec une population de quelque 1,265 million, Maurice est importateur net de nourriture, de produits pétroliers et d’équipements. En 2019, les importations libellées en dollars ont été de Rs 133,44 milliards, soit 67 % de la somme totale déboursée par le pays sous cet item. Une dépréciation de la roupie aurait une incidence sur la facture et le déficit commercial.

« On ne pourrait y échapper. La roupie, sauf intervention massive du régulateur bancaire ou un retour à la normale dans les affaires, devrait poursuivre sa baisse contre le billet vert et les autres monnaies telles que l’euro. En voyant la situation actuelle, alors que le marché international est à genou, c’est peu probable que notre monnaie reprenne des forces dans un environnement de pénurie », tient à faire ressortir notre interlocuteur et participant sur le marché des devises.

La Banque de Maurice, dont le rôle est de promouvoir et de maintenir la stabilité monétaire et financière en est consciente. Par le biais du Gouverneur Harvesh Seegolam, mercredi 13 mars, elle a reconnu que l’évolution de la roupie continue à refléter l’évolution du dollar américain sur les marchés internationaux et les conditions économiques locales. « Nous suivons cette évolution de manière constante afin de préserver la compétitivité appropriée pour nos secteurs tournés vers l’exportation », a dit Harvesh Seegolam.