Mosadeq Sahebdin, président de la CAP : «L’effondrement des cours du pétrole n’est pas à prendre à la légère» | Défi Économie Aller au contenu principal

Mosadeq Sahebdin, président de la CAP : «L’effondrement des cours du pétrole n’est pas à prendre à la légère»

Mosadeq Sahebdin

Il est temps de prendre des mesures urgentes concernant le prix du pétrole, prévient Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP).

Quel sera l’impact du coronavirus sur la consommation avec des problèmes d’approvisionnement qui commencent à se faire sentir ?
Il n’y a pas lieu de s’alarmer. Il existe néanmoins une possibilité de pénurie. Il faut faire attention à ne pas inciter à créer des stocks, par conséquent une pénurie artificielle qui pourrait influer sur les prix. Cela dit, il faut que les consommateurs se défassent de la fidélité aux marques et recherchent des produits de sources alternatives à des prix compétitifs. Il faut souhaiter que cette situation ne dure pas, étant un importateur net, Maurice pourrait être frappé durement.  

Le prix du pétrole est en train de chuter ces derniers temps. Or, à Maurice, les prix ont été maintenus.Pourquoi cela?
L’effondrement des cours du pétrole n’est pas à prendre à la légère. Le monde pourrait vivre un crash économique et nous n’en serons pas épargnés. Il est temps que nos décideurs sortent de leur béatitude et cessent de glorifier, au Parlement, la victoire de leur parti aux élections. Il est temps de prendre des mesures urgentes, voire drastiques.

Le Premier ministre a annoncé des amendements à la Banking Act. Que recommandez-vous au niveau des frais et des taux d’intérêt ?
Il faut commencer par faire respecter la Banking Act actuelle. La loi prévoit que toutes les banques doivent afficher, dans leur hall, les tarifs des frais perçus. Or, six banques sur dix ne les affichent pas et, si elles le font, elles font suspendre dans une vitrine un livret qui n’est pas accessible aux clients, ou encore sur un tableau où c’est illisible.

Pour la CAP, il faut introduire le concept de portabilité des numéros de compte bancaire. Cela facilitera le changement de banque pour les clients et stimulera la concurrence au niveau des banques. Les pratiques des établissements bancaires face aux clients qui souhaitent changer de banque sont, pour le moins, restrictives. Elles seraient même en violation avec la Competition Act concernant le droit du consommateur au choix. Les banques devraient aussi réduire les coûts directs du changement de banque.

La Journée mondiale des droits des consommateurs a été célébrée le 15 mars. Quels sont les problèmes que le consommateur mauricien rencontre le plus ?
Le thème de la Journée mondiale cette année est le Consommateur durable. Le choix de ce thème est motivé principalement par le changement climatique. Les organisations de consommateurs estiment qu’il est urgent d’entreprendre des actions radicales contre la crise mondiale née du changement climatique et de l’appauvrissement de la biodiversité.

S’agissant des problèmes les plus urgents auxquels font face les consommateurs se trouvent l’absence d’affichage des prix, d’un service après-vente efficace, d’une législation appropriée pour assurer une protection adéquate des consommateurs et, plus, grave, le manque de volonté politique pour protéger les consommateurs. Cela fait 12 ans qu’on nous promet une nouvelle législation pour remplacer celle qui prévaut et qui remonte à 1999. Le pays a besoin d’une loi moderne, mise en application dans le cadre d’une politique de protection des consommateurs en ligne avec les principes directeurs des Nations unies.