Mesures : pouvons-nous faire face à la crise de la peur ?

Emboîtant le pas aux grandes économies, Maurice a dévoilé vingt-sept mesures et une enveloppe d’aide de quelque Rs 9 milliards pour venir en aide aux secteurs les plus à risque. Selon l’analyste financier Kevin Teeroovengadum, cette somme ne serait pas suffisante. Le point.
« Dans l’ensemble, le package de l’État de Rs 9 milliards est très faible. Le montant ne sera pas suffisant pour soutenir l’économie en cette période de crise. Ces Rs 9 milliards représentent quelque 1,8 % du produit intérieur brut. L’Allemagne a budgété beaucoup plus comme trésorerie de guerre. Singapour est arrivé à son second plan de soutien », fait ressortir Kevin Teeroovengadum, analyste financier, dans un entretien le dimanche 15 mars.
« En 2008/2009, le plan pour contrer la crise financière, était presque du même montant. Avec la présente crise qui est plus compliquée que 2008, encore plus de moyens financiers sont nécessaires. Le montant pourrait grimper jusqu’à Rs 25 milliards, soit 5 % du produit intérieur brut. »
Les mesures annoncées vendredi ont comme pierre angulaire un plan de soutien de Rs 5 milliards de la Banque de Maurice. Il est destiné aux entreprises affectées par le ralentissement de la demande, provoquée par la Covid-19. Les mesures font la part belle au tourisme et au secteur manufacturier, qui ont rapporté une somme combinée de Rs 105 milliards sous forme de devises étrangères à l’économie mauricienne. Est-ce que ces mesures sont suffisantes pour susciter un intérêt pour la destination mauricienne ?
« Aujourd’hui, la crise ne se résume pas qu’au volet économique. En ce moment, nous vivons une crise de la peur. Et cela joue sur la psychologie. Prenons un exemple. On pourrait offrir une bouteille de whisky à la boutique hors taxes pour inciter les gens à voyager. Mais cela ne changera rien. La personne ne prendra pas l’avion à cause d’une bouteille de spiritueux ou d’une remise sur le billet », fait ressortir notre interlocuteur.
« Les deux prochains mois seront déterminants dans la mesure où les pays affectés prendront des décisions, afin de se protéger en amont de la maladie. Ils resteront chez eux au lieu de voyager. »
Et de préciser : « La marge de manœuvre du gouvernement est très restreinte. En cette période de crise, nous payons dix années d’inaction concernant la restructuration de notre économie. Si nous avions consolidé nos réserves, avec des surplus budgétaires au niveau de la caisse de l’État, nous serions en meilleure posture. »
Indicateurs : les arrivées chutent de 3,5 % en février
Les premiers effets de la Covid-19 sur l’économie mauricienne se font sentir. Et la preuve s’est dévoilé dans les arrivées touristiques pour le mois de février. Le nombre de touristes chinois est presque réduit à zéro. Après une progression de quelque 12 % dans les arrivées touristiques en janvier, le nombre de visiteurs a chuté par 3,5 % le mois dernier, passant de 115 613 à 111 560. Les arrivées de la Chine enregistrent une baisse de 97 %, chutant de 5 938 à 194, après l’annulation de vols et des conditions à respecter avant d’accéder au territoire mauricien. Selon le bulletin de Statistics Mauritius, le vendredi 13 février, les marchés français, allemand et suisse ont néanmoins enregistré une progression, en attendant le ralentissement au fur et à mesure que les pays ferment leurs frontières dans une tentative d’enrayer la propagation.
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