Aviation - Air Mauritius : davantage de liberté à la direction | Défi Économie Aller au contenu principal

Aviation - Air Mauritius : davantage de liberté à la direction

Air Mauritius sera appelée à amorcer un virage dangereux mais essentiel à sa survie.

À un moment où Air Mauritius aborde un virage qui pourrait être décisif pour son avenir, le bâtiment du Trésor souhaite que la direction puisse prendre les choses en main sans interventions de la part du conseil d’administration.

D’un côté, le conseil d’administration d’Air Mauritius (MK) est appelé à s’éloigner du day-to-day management de la compagnie à la demande du gouvernement. De l’autre, la direction de la compagnie nationale d’aviation se retrouve dans une position renforcée, mais elle « doit faire ses preuves et assumer ses responsabilités », affirme-t-on au bureau du Premier ministre. Le Chief Executive Officer Somas Appavoo et son équipe devront permettre à Air Mauritius d’amorcer un virage dangereux mais essentiel à la survie de la compagnie.

En avril, le Centre for Asia Pacific Aviation et la firme PricewaterhouseCoopers soumettront leurs recommandations dans l’optique de permettre un repositionnement de MK. Ceux-ci ont été approchés par Air Mauritius pour l’aider à formuler un nouveau modèle économique, dans un contexte où elle a encouru des pertes de Rs 998,2 millions pour la période d’avril à décembre derniers. Période qui correspond aux neuf premiers mois de l’année fiscale 2018-19. À pareille époque en 2017-18, Air Mauritius avait enregistré des profits de Rs 400,6 millions.

« Nous savons déjà dans quelle direction nous irons. Le nouveau modèle recentra nos opérations sur les activités les plus pérennes », dit un haut cadre de MK. La nouvelle stratégie devrait réduire, voir éliminer des vols qui ne sont plus rentables, tout en augmentant ceux qui vont vers des marchés plus porteurs.

Devant l’appétit grandissant d’Air Austral qui a pris les rênes d’Air Madagascar en novembre 2017, Air Mauritius devra se concentrer sur la zone de l’océan Indien si elle ne veut pas perdre son avantage dans la région. Mais à ce niveau, l’aide du gouvernement sera indispensable. MK se repose sur l’aéroport de Plaisance que le gouvernement et elle veulent transformer en hub incontournable de la région. Or, le partenariat Air Austral/Air Madagascar s’articule autour d’un bi-hub Saint-Denis/Antananarivo. La vigilance doit donc être de mise. Air Seychelles, qui a comme principal actionnaire Qatar Airways, voit grand elle aussi. Depuis quelque temps, elle écrase les prix sur des destinations phares de MK.

Au sein de MK, on souhaite bénéficier d’une discrimination positive par rapport à Emirates, Turkish Airlines et d’autres qui envahissent le ciel mauricien. On souligne aussi que cela fait des décennies que les actionnaires n’ont pas injecté de l’argent dans la compagnie. Mais à l’Hôtel du gouvernement, on n’est pas séduit, pour l’heure, par l’idée de sortir le portefeuille. « Nous n’avons pas encore pris de décision. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas injecter d’argent si toutes les conditions ne sont pas réunies », dit une source bien placée.

La nouvelle structure devra tenir compte du renouvellement de la flotte. Air Mauritius a accueilli deux nouveaux A 350-900 : le Morne Brabant et le Pieter Both. Dans les semaines à venir, elle accusera réception du Chagos Archipelago et de l’Aapravasi Ghat, deux A330-900neo. Avec une consommation de fuel de 20 % en moins en moyenne, quand on sait que 30 % des dépenses d’Air Mauritius sont destinées pour payer la facture de fuel, cela a son importance. Durant le troisième trimestre de cette année-ci, la compagnie agrandira sa flotte avec deux A350-900. Autant dire que le travail qui attend la direction de la compagnie est colossal.