Profil-minute : ces enseignes ayant jalonné la transformation économique locale

Ils ont pris forme à l’avant-veille, la veille ou à l’aube de Maurice indépendante. Ils ont bravé les menaces d’hier. Ils surmontent les difficultés d’aujourd’hui. Ils feront face aux écueils de demain, avec le même entrain. Ils, ce sont ces organismes publics et privés qui ont contribué au progrès du pays et qui le sont toujours, d’une manière ou d’une autre. Pleins feux sur quelques-unes de ces sociétés.
Instance régulatrice : la Banque de Maurice, au cœur de la finance moderne
Que du chemin effectué par le régulateur bancaire depuis son inauguration officielle le 1er septembre 1967 par Sir John Shaw Rennie, Gouverneur de Maurice d’alors. Ce parcours a été ponctué de changements à sa fonction primaire, d’introduction de nouvelles normes balisant l’octroi des prêts, l’apport de la technologie pour accélérer l’exécution des transactions et une gestion efficace et prudente des réserves internationales du pays.
Quand elle prend le relais au Board of Commissioners of Currency, la Banque de Maurice dispose d’un mandat étroit qui consiste à sauvegarder en interne et à l’externe la valeur de la monnaie locale, de même que sa conversion en interne. En parallèle, ce sera à sa charge de s’assurer des conditions monétaires favorables à la consolidation de l’activité économique et la prospérité du pays. Ce mandat sera d’actualité de 1966 à 2004, année où ses attributions s’alignent sur ce qui est pratiqué dans le monde. Depuis, l’objectif du régulateur bancaire consiste à maintenir la stabilité des prix et à promouvoir un développement économique ordonné et équilibré.
Au fil des décennies, le régulateur bancaire s’est bâtie une solide réputation sur le continent et dans le monde, de par sa capacité à adopter la nouvelle technologie et à réguler l’accès au crédit, ce à travers le Mauritius Credit Information Bureau.
Un aspect qu’on a tendance à oublier quand il s’agit de la Banque de Maurice, c’est sa gestion des réserves internationales du pays. Fin février, ce sont Rs 274,3 milliards qui sont sous la responsabilité d’une équipe dédiée. Ce montant pourrait couvrir 12,8 mois en nos besoins d’importation.
Une fois de plus, la Banque de Maurice est dans l’actualité, ce pour de multiples raisons. Voyons les faits. À 37 ans, le huitième Gouverneur, Harvesh Seegolam, est le plus jeune titulaire à ce poste. Sadhna Sewraj-Gopal, Second Deputy Governor, est la première femme à faire partie du Top Management. Et aujourd’hui, la Banque centrale est encore plus au cœur de la finance, en prenant des décisions majeures en temps de crise.
Aviation : Air Mauritius, voler contre vents forts
La compagnie d’aviation nationale est dans l’actualité. L’angle est négatif parce qu’Air Mauritius se retrouve sans Chief Executive Officer, Somas Appavou ayant soumis sa démission la semaine écoulée. Les données financières sont synonymes de pertes. Un plan de restructuration est en cours afin de remettre sur les rails un partenaire indissociable de l’industrie du tourisme.
Au-delà des performances en dents de scie, l’influence, voire l’emprise des politiques et des accusations de maldonne, Air Mauritius a pris l’ascension dans le monde de l’aviation régional et international depuis sa création un 14 janvier 1967. En moyenne, sur une base annuelle, ce sont 1,7 million de passagers qui font confiance au transporteur national. Depuis la mi-2019, Air Mauritius est devenu la première compagnie aérienne à faire voler les Airbus A350 et A330neo, faisant partie d’une flotte de 13 avions, selon son site web.
Air Mauritius, en temps normal, dessert l’Europe, l’Asie, l’Australie et l’Afrique. Son premier vol a été régional, avec un Piper Navajo de six places assurant la connexion avec Rodrigues à partir du 13 septembre 1972. Le vol long-courrier arrive en novembre 1973 avec une desserte hebdomadaire Maurice-Nairobi-Londres. La même année, en partenariat avec Air France, elle inaugure son vol sur Paris. Avec Air India, ce sera un vol sur Mumbai.
En termes d’acquisitions, la première intervient en février 1975 avec l’achat d’un Del Havilland Twin Otter de 16 places. Et 19 ans plus tard, Air Mauritius s’engage dans une flotte composée d’Airbus…jusqu’à l’arrivée des A350 et A330neo…
Central Water Authority : de 50 % à une couverture à 100 %
En 47 années d’existence, la Central Water Authority est passée d’un département du ministère des Travaux à une entité publique incontournable et indissociable de la société mauricienne. Certes, des critiques seront toujours à l’agenda. N’empêche que sa contribution au développement socio-économique du pays ne peut être occultée. Voyons voir.
À sa création en 1973 et opérant à partir d’une petite maison sise à Club Road, Vacoas, la CWA se trouve avec une liste de 65 000 clients. La modestie des lieux est inversement proportionnelle à sa mission. Pourquoi ? Parce qu’en ces jours nouveaux, la moitié de la population est directement connectée au réseau de distribution d’eau potable de la CWA. Depuis, les investissements ont compté en milliards de roupies pour un réseau principal courant sur plus de 50 000 kilomètres sous les terres mauriciennes.
Pêle-mêle, en voici quelques dates importantes de la CWA. En 1983 est créé le département commercial pour facturer les clients, chasser les mauvais payeurs et améliorer son flux de revenus. En 1993, en ses vingt années d’existence, la direction emménage dans ses nouveaux locaux à Saint-Paul. La même année, tous les bureaux régionaux sont connectés sur le réseau informatique. La facture combinée eau/eaux usées intervient en 2000.
Au fil des décennies, la CWA a boosté sa capacité de traitement d’eau à ses multiples points à travers le pays. L’heure est au remplacement des tuyaux et minimiser les fuites, du réservoir jusqu’aux consommateurs. Cet exercice n’a pas été de tout repos comme en témoignent les récents incidents dans la région du Curepipe. Dans un pays qui aspire à faire partie des nations à revenus élevés, la transformation future de la CWA, avec ou sans un partenaire de référence, est plus que jamais d’actualité.
Manufacture - CIEL Textile, vitrine du Made in Mauritius
Depuis l’incorporation de Floreal Knitwear en 1971 et son acquisition par le groupe CIEL en 1973, le groupe s’est métamorphosé en une entité omniprésente dans le monde de l’habillement, une enseigne ayant su s’adapter avec les exigences du marché, tout en prenant les décisions courageuses qui poussent le groupe à délocaliser vers d’autres cieux. Au 30 juin 2019, CIEL Textile et ses 18 000 employés et ses unités de production (Maurice, Madagascar, Inde et Bangladesh), ont généré un chiffre d’affaires de Rs 12,1 milliards.
Ci-dessous les dates principales
- 1971 : Incorporation de Floreal Knitwear
- 1973 : Acquisition de Floreal Knitwear par CIEL
- 1988 : Reprise de Rockwood Textiles et de Tropic Knits
- 1990 : Démarrage des opérations de Floreal Knitwear à Madagascar, suivi de Tropic Knits en 1993 et d’Aquarelle en 1995.
- 2001 : Création de CIEL Textile, suivi de deux années où le groupe effectue une restructuration financière dans le sillage de la crise politique à Madagascar.
- 2005 : Aquarelle Clothing démarre ses opérations en Inde.
- 2007 : Aquarelle & Floreal Knitwear sous-traitent leurs opérations au Bangladesh.
- 2013 : CIEL Textile produit 29 millions de pullovers, t-shirts et chemises.
- 2019 : CIEL Limited acquiert la totalité des parts de CIEL Textile.
« La force de CIEL Textile réside dans sa capacité à anticiper les évolutions du marché. Nous avons su, avec agilité, nous adapter et prendre des décisions fortes pour le développement du groupe comme notre implantation à Madagascar dans les années 1980 puis en Asie dans les années 2000 », affirme Eric Dorchies, Chief Executive Officer Designate de CIEL Textile et CEO d’Aquarelle Group.
« Pour cette nouvelle décennie, nous allons accentuer nos activités en direction de l’industrie 4.0 pour assurer une meilleure qualité et durabilité de nos produits avec des cycles plus courts et plus respectueux de l’environnement. De plus, nous allons investir dans les technologies et surtout dans nos talents pour nous positionner comme partenaire stratégique de nos clients et les accompagner dans les transformations profondes que connaît le monde du retail. Cette évolution est déjà en cours et nous allons poursuivre nos efforts pour rester compétitifs, conforter notre position de leader dans la région et accentuer notre présence en Asie. »
Consommation - PhoenixBev : bien s’abreuver
Lorsqu’on dit boissons gazeuses, eau de table et bière, le regard du Mauricien se tourne vers Phoenix. De cet endroit sortent des millions d’hectolitres sous multiples marques et coloris. Un brin d’histoire qui nous ramène loin dans le passé…il y a 89 ans.
Certes, la création de Phoenix Camp Minerals, l’aïeul de PhoenixBev, intervient en 1931. À cette époque, il est question d’importer du Coca-Cola pour la distribution sur le territoire mauricien. Et 22 ans plus tard, un accord est signé pour sa mise en bouteille. En 1960 entre en scène la Mauritius Breweries Limited avec l’inauguration de sa brasserie trois ans plus tard. La bière Phoenix se dévoile alors aux consommateurs. En 2003, Mauritius Breweries Limited devient Phoenix Beverages Limited. Elle prendra le nom de PhoenixBev Limited en 2017.
Presence en afrique
On peut dissocier l’histoire de PhoenixBev de celle de l’industrialisation mauricienne. La raison est simple. PhoenixBev a été l’une des premières entreprises à investir dans la manufacture et la production de boissons pour le marché local. Aujourd’hui, la compagnie cible les iles de l’océan Indien et les pays d’Afrique de l’Est.
« Au fil des années, PhoenixBev a su se réinventer et évoluer pour proposer de nouveaux produits qui répondent à la demande de notre clientèle. Les défis d’hier ne sont pas ceux de demain. Nous nous dirigeons aujourd’hui vers une approche d’économie durable où les exigences en matière d’environnement et de santé publique guideront de plus en plus l’innovation ce en privilégiant la collaboration entre toutes les parties prenantes », affirme Bernard Theys, Chief Executive Officer de PhoenixBev. « Nous devons aussi prendre en compte l’ultra-personnalisation des demandes de nos clients. Aujourd’hui, PhoenixBev nourrit des ambitions régionales, car nos produits, fièrement mauriciens, ont le potentiel de rayonner sur les marchés étrangers. »
Commerce - J. Kalachand : l’électroménager évolutif
Bien que J. Kalachand & Co Limited ait pris naissance en décembre 1968, l’association entre la famille Kalachand et l’économie mauricienne remonte à 1933, avec le grand-père, Khanchand Kalachand, démarrant un business de textile.
Il faudra attendre l’après-guerre, soit à partir de 1947, pour assister au retour de ses fils sur le territoire, toujours dans le négoce du textile. À partir de là, le business prend volume et vitalité jusqu’à ce que les frères Kishinchand et Jayramdas Kalachand se partagent le business de textile et de l’électronique. Après que le second nommé ait connu une crise cardiaque en avril 1967, Ramesh Kalachand, alors âgé de 17 ans, prend les commandes et amorce une révolution dans le monde de l’électronique avec, justement, la création de J. Kalachand & Co. Limited.
Selon l’historique détaillé sur son site, on apprend que la société a su capitaliser sur l’évolution de l’économie mauricienne. D’abord, la hausse dans le prix du sucre à l’exportation aidant en 1976 et l’amélioration du pouvoir d’achat, on assiste à la construction du Kalachand Building à la rue Lord Kitchener, Port-Louis. À l’époque, ce sera la plus grande surface commerciale dans la capitale. Avec l’expansion économique dans les années 80, J. Kalachand entame la sienne avec l’ouverture de sa première branche en décembre 1986. Selon son site, le groupe possède un réseau de 25 branches à travers le pays. Le groupe compte plus de 680 employés, dont 17 % dans l’après-vente.
Son quartier-général domine désormais le paysage de Pailles. Donnant sur l’autoroute, le bâtiment et ses 10 000 mètres carrés d’espace commercial abritent le plus grand showroom d’ameublement à Maurice. En sus des marques internationales ayant contribué à cimenter sa réputation à Maurice, le groupe a développé ses propres marques à l’instar de BEL AIR, KTRONIC et KMC.
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