Politique monétaire : taux directeur, les raisons pour une baisse s’alignent…

Covid-19, l’Europe en souffrance, secteurs-clés en difficulté... Tant de facteurs qui influenceront les membres du Monetary Policy Committee (MPC) à voter pour une réduction du taux de référence. Cette baisse ferait partie d’une série de mesures que l’État annoncerait en début de semaine afin de venir en aide aux compagnies impactées par la propagation du coronavirus dans le monde.
Le principe d’une baisse du taux directeur semble être acquis. Le débat s’articule autour du quantum, en se basant sur les estimations des économistes et analystes financiers interrogés durant le week-end. Pour certains, le MPC privilégierait une diminution de 0,35%, pour ramener le taux à 3% et décider d’une nouvelle réduction dans trois mois. D’autres sont d’avis que les membres voteront pour une réduction plus conséquente, permettant aux compagnies endettées d’avoir une meilleure marge de manœuvre en cette période d’incertitude planant sur l’économie mondiale.
Ceci étant dit, la décision finale reviendra au MPC qui sera en présence de toutes les dernières analyses et projections du département d’analyse économique et de recherche de la Banque de Maurice (BoM). Cette réunion du MPC revêt d’un caractère particulier, avec un nouveau Top Management de la BoM qui prendra part aux délibérations. Harvesh Seegolam, Gouverneur de la Banque centrale, présidera la réunion. Il aura à ses côtés Mardayah Kona Yerukunondu (First Deputy Governor) et Sadhna Sewraj-Gopal (Second Deputy Governor).
Une décision en faveur d’une baisse signifierait un réajustement par le même quantum dans les taux d’intérêt pratiqués par les banques commerciales sur les dépôts. Dans la foulée, on assistera au même scénario quant aux intérêts en vigueur sur les différents types de prêts, découverts bancaires et cartes de crédit.
À fin 2019, les banques commerciales ont avancé un total de Rs 308,4 milliards au secteur privé et particuliers contre Rs 297,9 milliards en décembre 2018 (excluant les fonds avancés aux sociétés offshore). De ces secteurs, les hôtels ont des dettes de Rs 33,2 milliards, les commerces Rs 22,3 milliards, et l’industrie manufacturière Rs 22,8 milliards.
Une réduction viendrait apporter du répit aux opérateurs dans le tourisme et la manufacture. Avec la Covid-19, le tourisme souffre. Les arrivées par avion ont chuté de 2 500 en février. Si la peur de voyager se propage dans le monde, on aura droit à une nette baisse dans les réservations. Déjà, on aura noté un ralentissement. Quant aux entreprises manufacturières axées vers l’exportation, elles vendent 50% de leur production aux Européens.
Parlant sous le couvert de l’anonymat, un analyste financier estime qu’une baisse serait en ligne avec la mouvance constatée et anticipée au sein des principales banques centrales dans le monde. La Réserve Fédérale des États-Unis a déjà réduit son taux de référence. Les experts financiers s’attendent à ce que la Banque d’Angleterre et la Banque Centrale Européenne suivent cette voie afin de soutenir leurs économies respectivement.
Le marché aurait déjà anticipé une baisse dans le taux directeur. Le rendement sur des obligations d’une maturité de 91 jours est passé à 1,69%. Ces obligations de courte durée servent de référence dans le circuit financier et monétaire.
Que la baisse soit de 0,10%, 0,35% ou 0,85%, la certitude est que ce taux de référence passerait à un nouveau palier historiquement bas depuis l’adoption du mécanisme de politique monétaire. Et ce serait la cinquième réduction en cinq ans, selon les données disponibles sur le site de la Banque de Maurice.
Les Finances peaufinent un plan de soutien
Mardi serait une journée riche en annonces pour l’économie mauricienne. On assistera à une approche coordonnée de la Banque centrale et du ministère des Finances. Alors que les signes d’une baisse du taux directeur se précisent, la Trésorerie publique viendrait de l’avant avec des mesures pour venir en aide aux entreprises en situation délicate à cause du Covid-19.
Dans les couloirs de la haute finance, l’accent est mis sur l’harmonisation entre les politiques monétaires (Banque de Maurice) et fiscales (ministère des Finances). « Les incertitudes et les effets disruptifs liés au Covid-19 exigent une intervention rapide et coordonnée des autorités mauriciennes en utilisant de manière judicieuse tous les outils disponibles », fait ressortir un économiste.
Ce sera l’aboutissement d’un exercice de consultations entamées avec le secteur dès fin février, à la lumière des derniers chiffres compilés sur les secteurs à risque. Elle cristallise cette collaboration entre l’État et le secteur privé, surtout dans un contexte empli d’incertitudes et d’absence de visibilité.
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