«Made in china» - Coronavirus : faut-il avoir peur des produits chinois ?

Le coronavirus – qui a faibli en Chine et explosé en Italie – provoquera-t-il une psychose à l’égard des articles « Made in China » ? Dans l’immédiat, aucune aversion n’y a été constatée, car selon des consommateurs, « ces produits font partie des anciens stocks ».
De la plus petite boîte de cirage pour chaussures aux voitures japonaises fabriquées sous licence, en passant par les peluches en chiffon, les parfums, jeans, robes, smartphones et conserves, la gamme de produits confectionnés en Chine est sans fin. La plus grande usine au monde fabrique tout ou presque. Si certains produits, notamment pour le bâtiment, laissent à désirer, en revanche, nombre d’articles « Made in China » ne souffrent d’aucune critique. Le coronavirus, jettera-t-il la suspicion sur les articles en provenance de Chine, lorsque ses usines recommenceront à retrouver leur vitesse de croisière ? Faut-il craindre une psychose généralisée à l’égard des produits alimentaires, entre autres ?
Dans un supermarché de Rose-Hill, une ménagère’remplitpaisiblement son caddie d’articles divers, dont une quantité de boîtes de conserves, presque toutes en provenance de la Chine. Craint-elle que celles-ci aient pu être contaminées ? « Non, répond-elle instinctivement. Mo pa finn tann nanyen lor bann prodwi sinwa. Zot pa kontamine, non ? Zis bann dimounn ki malad. » Un peu plus loin, ce qui inquiète un revendeur d’articles scolaires, c’est le risque de rupture de stocks. Il a vaguement entendu parler d’une infection à l’usine de Nintendo en Chine, faisant courir la rumeur selon laquelle ces jeux pourraient transmettre le virus. En fait, ce sont les délais dans les livraisons qui risquent d’être affectés par le COVID-19 et non une contamination des consoles de jeux.
« …psychose généralisée »
« C’est vrai qu’il suffit d’une étincelle, d’une rumeur pour alimenter une psychose généralisée », reconnaît Vijay Ramanjoloo, psychologue clinicien qui rappelle les jours et les mois qui avaient suivi l’apparition de la maladie du sida, où la maladie était associée aux homosexuels. « C’était une véritable psychose où on croyait aux contaminations les plus frivoles concernant le sida. Dans une telle situation, l’individu perd toute notion de réflexion personnelle et il s’identifie au collectif. Il a fallu des années de travail de prise de conscience, d’explications sur le terrain pour dissiper ces rumeurs qui avaient provoqué un véritable ostracisme à l’égard des homosexuels », se souvient-il. « Aujourd’hui, grâce aux moyens de communication sophistiqués et en temps réel, ce type de comportement n’est plus possible. Pendant longtemps, on croyait que le VIH se transmettait au toucher d’une personne contaminée, soit avec ses vêtements, sa respiration. L’irrationnel a toujours réveillé les vieux fantasmes », fait-il observer.
Pour le travailleur social Vijay Naraidoo, il faut que le gouvernement se prévale de la garantie de l’Organisation mondiale de la santé si les Mauriciens veulent être rassurés sur la bonne qualité des produits alimentaires de la Chine. « Toutefois, cela ne risque pas d’arriver, nuance-t-il, car nous sommes de bons élèves de l’OMS. » Vijay Ramanjoloo précise que le virus se transmet par contact direct avec les gouttelettes respiratoires produites par une personne infectée, lorsqu’elle tousse ou éternue, ainsi qu’au contact de surfaces contaminées par le virus. « à ce jour, nous nous sommes bien protégés, il n’y a pas lieu de douter de la qualité des produits chinois, le seul problème, qui est bien réel, c’est la rupture des stocks », fait-il valoir.
Mosadeq Sahebdin, directeur de la Consumers Advocacy Platform : « Le virus ne se transmet pas par les aliments »
Les consommateurs ont-ils l’habitude de vérifier les étiquettes/labels durant leurs achats ?
Il y a un laisser-aller chez bon nombre de consommateurs qui sont pour la plupart indifférents aux indications sur les labels. À titre d’exemple, combien de consommateurs savent que des produits tels que les sauces de tomates ou les sauces de piments contiennent un taux élevé de sucre. Combien savent que les pâtes à tartiner contiennent en majeure partie de l’huile de palme. L’éducation des consommateurs est un processus continu. Il est dommage que, malgré que nous soyons des contribuables, la télévision nationale accorde aux consommateurs une seule émission consacrée aux droits des consommateurs par an.
Vont-ils le faire en ce moment ? Font-ils confiance aux produits alimentaires provenant de la Chine ?
Il est peu probable que les consommateurs soient plus attentifs aux labels. Néanmoins, il faut souligner que les produits alimentaires en provenance de la Chine sont préférés pour leur prix. Certes, pour la plupart, ce sont des produits d’entrée de gamme, mais ils sont accessibles aux petites bourses. Faut-il avoir peur des produits alimentaires chinois ? Non, puisque le virus ne se transmet pas par les aliments. Inutile de créer une peur injustifiée. Il faut faire confiance aux autorités responsables, du contrôle à l’importation.
Pensez-vous que les consommateurs mauriciens pourraient devenir douteux à l’égard des produits chinois ?
Comme indiqué plus haut, il est inutile de s’alarmer en ce qui concerne la qualité des produits chinois. Il existe néanmoins une réelle crainte de pénurie. Il faut faire attention à ne pas inciter à créer des stocks, par conséquent une pénurie artificielle pourrait influer sur les prix. Cela, dit, il faut que les consommateurs se défassent de la fidélité aux marques et recherchent des produits de sources alternatives à des prix compétitifs. Il faut souhaiter que cette situation ne dure pas, étant un ‘net importer’, Maurice pourrait être durement frappé.
« …mains et surfaces infectées »
« Puisqu’on n’a pas encore identifié de traitement spécifique contre le 2019-nCoV, la prévention des infections est particulièrement importante pour endiguer l’épidémie. Comme toutes les infections qui se transmettent par gouttelettes, le virus peut se propager par contact entre les mains de personnes infectées et les surfaces fréquemment touchées. Dans les hôpitaux, il peut s’agir des poignées de porte, des boutons d’appel, des tables de chevet, des cadres de lit et de tous les dispositifs qui se trouvent à proximité directe des patients », explique le Pr Günter Kampf du CHU de Greifswald, une ville située au Nord de l’Allemagne.
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