Géraldine Aliphon : du social à l’entrepreneuriat | Défi Économie Aller au contenu principal

Géraldine Aliphon : du social à l’entrepreneuriat

Géraldine Aliphon
Les membres de l’association produisent principalement des bijoux en jeans et des pendentifs et porte-clés en céramique.

Permettre aux adolescents autistes et à leurs mamans d’avoir un revenu et de contribuer aux dépenses familiales ainsi qu’à l'économie du pays. C’est l’objectif de Géraldine Aliphon, présidente d’Autisme Maurice.  Elle nous raconte comment son association s’est lancée dans le monde de l’entrepreneuriat.

Son aventure dans l’entrepreneuriat a débuté suite à son engagement au sein de son Organisation Non-Gouvernementale (ONG), Autisme Maurice. « Il s'agit plus d'entrepreneuriat social, qui est de plus en plus courant au sein des ONG. Autisme Maurice opère une entreprise, suite à un concours lancé par la State Bank of Mauritius et le ministère de la Sécurité sociale », avance-t-elle. Le but était d’encourager les ONG à devenir indépendantes financièrement. « J'ai participé au nom de l'association et nous sommes sortis parmi les grands gagnants », dit-elle.

« À l'origine, le projet consistait à regrouper les mamans sans emploi de l'association et de les encourager à se lancer dans un business à domicile », explique-t-elle. De nombreuses femmes, dit-elle, ne peuvent pas travailler parce que leur emploi du temps ne coïncide pas avec le calendrier de fonctionnement des écoles spécialisées que fréquentent leurs enfants autistes. « Nous avons commencé à les former en jardinage, pâtisserie et ‘patchwork’ avec des jeans de récup. En parallèle, les adolescents autistes de notre école en faisaient aussi de même, afin de les préparer à un métier plus tard », fait-elle ressortir. Cependant, elle déplore que cela n'a pas fonctionné comme elle le souhaitait. La plupart des mamans n'avaient pas répondu présentes aux formations.

« Avec l'évolution des idées, nous avons retenu seulement deux projets principaux : les bijoux en jeans et les pendentifs et porte-clés en céramique », dit-elle. Actuellement, ce sont trois mamans, cinq éducatrices, une responsable administrative, huit adolescents qui travaillent sur ce projet. L’atelier est situé à Quatre-Bornes. La capacité de production est de 100 pièces par mois.

Manque de visibilité

Géraldine Aliphon

Géraldine Aliphon dit avoir reçu un accueil favorable, de par la qualité et la présentation de leurs nouveaux produits.

« Mais nous venons de commencer le lancement, en novembre dernier. De ce fait, le démarrage est encore lent », dit-elle. Le plus gros défi est le manque de visibilité. « Il n’y a pas suffisamment de marchés pour exposer nos produits et les emplacements à louer sont chers », déplore-t-elle.

La présidente avance que les membres de l'association font le marketing, à travers le bouche-à-oreille et sur Facebook. « Nous avons aussi des occasions de ventes à travers certains de nos bailleurs de fonds, qui organisent des espaces pendant la pause de leurs employés, et nous invitent à venir exposer nos produits », souligne-t-elle. Son projet futur est de se lancer dans l’agriculture bio, l'apiculture et la cuisine. « Je souhaite qu’on se lance dans des projets qui sont à la portée des jeunes autistes parce que ce sont eux qui en sont les principaux bénéficiaires », conclut-elle.

Ex-policière

Géraldine Aliphon est sous le choc quand elle apprend que son fils, alors âgé de 18 mois, est autiste. Après le découragement, elle décide de fonder une ONG qui pourrait offrir aux enfants autistes un encadrement adéquat pour leur développement et leur épanouissement.  Elle confie qu’elle a abandonné la force policière après 16 années de carrière dans le but d’œuvrer pour les autres. « Mon fils est maintenant un adolescent et je suis très fière qu’il est sur le projet avec moi et les autres. Ma fille ainée est en HSC », confie-t-elle. Elle fait ressortir que gérer les activités entrepreneuriales, l’ONG ainsi que la famille en même temps est un vrai défi. « Mais avec un peu d'organisation, le soutien de mon époux et de ma fille, et la contribution de chaque participant du projet, j'arrive à gérer le tout », se réjouit-elle.

Les atouts d’une femme entrepreneure

Une femme qui n'a pas froid aux yeux, qui a un esprit indépendant, qui n'aime pas dépendre financièrement des autres et qui n'a pas peur de se relever et de recommencer, si les choses ne marchent pas comme elle le souhaite. C’est ainsi que Géraldine Aliphon décrit une femme entrepreneure. « Une vraie entrepreneure doit savoir apprendre de ses erreurs et les corriger. Par ailleurs, elle doit oser l'innovation et encourager d'autres femmes », dit-elle.