Aviation - Air Mauritius : une démission de plus, un départ de trop

La démission avec effet immédiat du Chief Executive Officer d’Air Mauritius intervient dans un environnement délicat tant pour le transport aérien que pour l’industrie du tourisme. Les questions que se posent observateurs et opérateurs du secteur des loisirs sont diverses et variées, situant néanmoins l’importance de la compagnie d’aviation dans le paysage économique mauricien.
Au sein de la communauté des partenaires touristiques, on essaie toujours de cerner les raisons de départ immédiat de Somas Appavou en tant que CEO d’Air Mauritius. Et ces explications émanant de multiples interlocuteurs, engagés dans diverses strates du tourisme mauricien portent sur
(i) la pression du nouveau conseil d’administration sur le management à apporter des résultats,
(ii) la constitution d’un comité visant à accélérer la transformation d’Air Mauritius, nouvelle instance qui aurait fait ombrage au CEO,
(iii) la marge de manœuvre de tout CEO dans une compagnie où les clans politiques et socioculturels s’affrontent en continu et son choix personnel d’entourage,
(iv) les décisions prises pour réduire et contenir les coûts sans une incidence sur la qualité du service,
(v) l’absence d’une stratégie bien définie pour booster les revenus sur des routes profitables et opter pour l’arrêt des dessertes.
« C’est une énième confirmation que le poste de CEO d’Air Mauritius n’est pas une responsabilité facile », a fait ressortir un observateur et partenaire de la compagnie nationale, sous le couvert de l’anonymat, au vu de la sensibilité du changement. « Cette démission est intervenue dans une période où toutes les précautions ont été prises afin d’assurer que le CEO et son équipe puissent travailler sans intervention politique dans la gestion opérationnelle et stratégique », soutient cette source.
Interrogés sur le timing de la démission, des interlocuteurs estiment qu’elle intervient dans une phase critique tant pour Air Mauritius, le secteur touristique que l’économie mauricienne. L’absence d’un Chief Executive Officer est synonyme de retard dans la mise à exécution des mesures visant à préparer l’Air Mauritius de demain, soit plus performante et profitable.
Enjeux importants
C’est un départ de trop parce que les enjeux nationaux sont trop importants en ce moment. Après la chute dans les arrivées et revenus en 2019, l’idée a été d’augmenter les fréquences sur l’Asie et des destinations européennes. Maintenant que le coronavirus s’est invité et s’est enraciné dans le paysage du voyage, avoir un transporteur aérien stable, tant sur le plan du management que celui des finances à la table des discussions, est essentiel.
Avec la démission immédiate de Somas Appavou, qui aura tenu quelque 30 mois à ce poste, il incombera désormais à Indradev Buton d’être, une fois de plus, aux commandes. Et si sa confirmation à ce poste ne serait-elle pas la meilleure solution au lieu de chercher l’oiseau rare, s’est demandé un opérateur-clé…
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