Budget 2020-2021 : consultations sur fond de craintes économiques
Les consultations pré-budgétaires démarreront tôt cette année. En vue du prochain Budget 2020-2021, le ministère des Finances invite déjà les acteurs économiques et sociaux à soumettre leurs propositions, le 23 mars 2020. Le gouvernement est déterminé à réaliser son programme présenté, le 24 janvier dernier. Mais le Budget 2020-2021 fera face à certaines contraintes hors de notre contrôle.
Améliorer la qualité de la vie de la population, relever le niveau de vie des groupes vulnérables et garantir une société sûre, tels sont les principaux objectifs qui guideront le ministre des Finances dans la préparation du prochain Budget. Toutefois, ces objectifs sous-entendent que la situation est tout autre actuellement, d’où l’importance de les rehausser à travers la nouvelle politique économique. Les syndicats, ONG, les diverses associations, la société civile et tout autre acteur économique ou social ont eu jusqu’au 23 mars pour faire parvenir leurs propositions budgétaires au ministère.
Cette année, on ne mise pas sur le taux de croissance. D’ailleurs, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a lui-même récemment déclaré que la performance économique sera grandement affectée cette année, en raison de la situation globale, surtout le Coronavirus, qui va affecter, non seulement le tourisme, mais aussi le commerce international. De son côté, le ministre des Finances Renganaden Padayachy a déclaré au Parlement cette semaine que la propagation du Coronavirus est inquiétante et les économistes dans le monde prévoient un impact de 0,5 % sur le taux de croissance. Des tensions géopolitiques et des obstacles au commerce sont d’autres facteurs qui affecteront la croissance cette année. Le ministre a réitéré que la clé de notre réussite, c’est l’ouverture et qu’il faut ouvrir le pays aux compétences, à l’investissement. Cela donne déjà une idée de l’orientation économique budgétaire. Il semble aussi faire de l’amélioration du climat des affaires, son cheval de bataille. Il veut également promouvoir l’économie circulaire pour créer de nouvelles filières et mettre l’emphase sur l’innovation.
Frankie Tang : « La croissance sera définitivement affectée »
L’économiste Frankie Tang avance que la croissance économique, cette année, sera lourdement impactée, principalement à cause des conséquences du coronavirus. « Le secteur du tourisme souffrira le plus. Il faut souligner que les touristes chinois, même si leur nombre a chuté ces derniers temps, dépensent beaucoup à Maurice », dit-il. Il appréhende aussi une poussée inflationniste dans les prochains mois, car, selon lui, le coût de production va augmenter, que ce soit à Maurice ou en Chine, en raison d’un ralentissement en Chine. « Nos produits importés seront plus chers. La chaîne logistique globale est très affectée. »
Résidences pour personnes âgées
À défaut d’un nouveau secteur robuste et durable, les autorités misent sur les résidences de luxe pour retraités étrangers. Ainsi, ce concept est maintenant exploité par nos développeurs immobiliers, suite à de nouveaux règlements en vigueur depuis mai 2019.
Désormais, un retraité étranger titulaire d'un permis de séjour et qui fait l’acquisition d’un bien immobilier sous le plan ‘Senior Living Residence’ bénéficie d'une exemption fiscale de cinq ans sur les revenus de pension et autres revenus remis à Maurice par lui-même et son conjoint. Le promoteur immobilier, local ou étranger, quant à lui, bénéficie d'une exonération d'impôt sur cinq ans sur les bénéfices générés et bénéficie également d'une concession douanière sur l'importation d’équipements, matériaux de construction et autres intrants, y compris les meubles sous forme de kits à condition d’une valeur ajoutée locale d’au moins 20 %.
Le nombre total de chômeurs est estimé à 39 300.
La dette publique
Entre fin juin 2019 et fin décembre 2019, la dette publique a augmenté d'environ 6 milliards de roupies. Cette augmentation est due à la hausse des besoins d'emprunt du gouvernement entre juillet et décembre 2019, principalement en raison des dépenses liées au paiement de la pension en décembre 2019, qui étaient de l’ordre de 5,2 milliards de roupies et aussi à cause d’une collecte de la TVA et d'autres taxes inférieures aux prévisions en raison d'un taux d'inflation beaucoup plus faible de 0,5 % par rapport au taux de prévision initial de 2 % ; aussi, la croissance du PIB réel a été plus faible que prévu suite au ralentissement économique et commercial mondial, en particulier à cause de la guerre commerciale, entre les États-Unis et la Chine. À noter qu’un montant de 18 milliards de roupies a été transféré par la Banque de Maurice au ‘Consolidated Fund’, le 11 décembre 2019. La dette publique totale au 31 décembre 2019, s'élevait à 325,5 milliards de roupies, soit 64,9 % du Produit Intérieur Brut (PIB).
Indicateurs
Le PIB pour l'année 2019 est évalué à Rs 503 milliards (13,5 milliards de dollars US) et la croissance du PIB est estimée à 3,6 %. Celle-ci est inférieure à la prévision initiale de 3,8 %. Le taux d'inflation global pour les douze mois se terminant à janvier 2020 s'établit à 0,6 %, contre 2,8 % pour les douze mois se terminant à janvier 2019.
La croissance par secteur, en 2019, est estimée comme suit : manufacturier 0,7 % ; construction 8,5 % ; agriculture 3,9 % ; technologie informatique 5,5 % ; services financiers 5,2 % et immobilier 3,5 % ; à noter que le manufacturier représente 12,6 % du PIB total, le commerce 12,4 %, l'industrie hôtelière 7 %, les services financiers 11,8 %, le secteur des TIC 4,3 %, l'immobilier 5,9 % et l'agriculture 3,3 %.
Le taux de chômage pour 2019 est estimé à 6,7 %, inférieur au taux de 6,9 % atteint en 2018. Le nombre total de chômeurs est estimé à 39 300.
Secteur automobile
Au total, 2 852 véhicules ont été ajoutés à la flotte nationale en janvier 2020. En ce qui concerne les marques, Toyota arrive en tête de liste des véhicules neufs vendus, suivi par Kia et Nissan. Hyundai arrive en quatrième position, suivi de BMW, Suzuki, Mitsubishi, Mazda et Mercedes. Le nombre de véhicules électriques vendus à Maurice depuis 2011 s'élève à 206, dont 11 nouveaux en janvier 2020. Le nombre total de véhicules sur les routes mauriciennes est de 583 481. Les deux-roues représentent près de 37 %.
Facilitation des affaires
Après que Maurice s’est classé 13e dans le rapport Doing Business 2020 de la Banque mondiale, le pays ambitionne, désormais, d'être dans le Top Ten. Pour faciliter davantage les entreprises et promouvoir l'esprit d'entrepreneuriat, ainsi que pour attirer plus d'investissements étrangers, les procédures d'obtention d'une patente commerciale ont été considérablement simplifiées. Maurice dispose, désormais, d'un service à guichet unique à la Companies Division, à Port-Louis pour la délivrance des patentes commerciales.
Auparavant, c’était le rôle des conseils municipaux et de district. Les patentes coûtant jusqu'à Rs 5 000 sont exemptées.
D'autre part, le National E-Licensing System (NELS), une plateforme en ligne co-financée par l'Union européenne à hauteur de 80 millions d'euros, permet la soumission en ligne de diverses demandes de permis, dont les permis de séjour pour investisseurs étrangers. Progressivement, toutes les demandes de permis, licences et autres autorisations commerciales seront effectuées via cette plateforme.
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