Une roupie faible : la non- attractivité des épargnes | Défi Économie Aller au contenu principal

Une roupie faible : la non- attractivité des épargnes

Amit Bakhirta

Des actifs mondiaux dénominés en dollar américain pour couvrir cette faiblesse

Au cours de la dernière décennie, la roupie mauricienne s'est dépréciée d'environ 19,5 % vis-à-vis du dollar américain (USD). Les récentes mesures d'impression de monnaie de la Banque centrale devraient théoriquement accentuer l'affaiblissement de notre roupie ; en particulier dans le cas où un tel affaiblissement aidera à gonfler les réserves de la Banque de Maurice (BOM) et les recettes des
« exportateurs » locaux. Cependant, cela maintiendra un impact négatif sur les importateurs et donc sur le coût de la vie. Dans un tel environnement, les investissements sélectifs et diversifiés de multi-actifs mondiaux en USD sont plus susceptibles de protéger nos investissements et nos épargnes en roupies. Cela dit, la mise en garde subsiste, car le dollar lui-même fait face aux risques de faiblesse cyclique à plus long- terme.

Une croissance économique mondiale plus faible

À l'échelle mondiale, 2020 pourrait vraisemblablement entraîner une croissance économique et des rendements des marchés des capitaux plus modestes qu'en 2019 (qui ont été principalement alimentés par une relance fiscale gigantesque aux États-Unis et par le relâchement (baisse des taux d’intérêts) des banques centrales dans les économies développées).

Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé cette année ses projections de croissance pour l'économie mondiale de 3,2 % à 3,0 %. Si l’effet du Coronavirus sur le commerce international et les voyages s’amplifiait et que l’économie chinoise s’affaiblit au premier semestre, nous risquons de voir la croissance mondiale reculer à moins de 3 %.

L'économie américaine évitera une récession et devrait croître d'environ 1,6 % contre 2,2 % en 2019. La zone euro pourrait engendrer une croissance économique d'environ 0,9 % contre 1,1 % en 2019 (la situation politique restant délicate en Espagne, le Portugal fait face à une faible croissance et la France reste confrontée à des problèmes sociaux). Soyons toujours méfiant face à l’Europe car après le succès du premier accord (Phase un) de commerce avec les Chinois, les États-Unis de Trump vont maintenant se concentrer sur L’Europe (Surtout évitez les producteurs automobiles et les sociétés de consommation européennes exportant significativement aux États-Unis).

Ainsi, nous prévoyons que 2021/2022 sera probablement plus difficile à l'échelle mondiale en termes de croissance économique et de taux d’intérêts. Cela dit, une légère reprise dans le secteur manufacturier mondial est à prévoir au cours du premier semestre de l'année. Les taux de financement étant historiquement bas devraient aussi stimuler les dépenses d'investissement des sociétés (CAPEX) à l'échelle mondiale. Par conséquent, le deuxième semestre 2020 pourrait plausiblement être un point d'inflexion.

La position accommodante de 2019 de la Réserve fédérale américaine (FED) et sa poussée mousseuse des prix des actifs américains devraient perdre de la vigueur et se modérer cette année. Nous prévoyons que les États-Unis est en fait confronté à des problèmes structurels plus fondamentaux à mesure que leurs infrastructures vieillissent ; le décalage entre la politique budgétaire et la politique monétaire s'élargit (ce qui n'est pas idéal, surtout que d'ici 2022/23, une fois que les États-Unis auront frappé une récession et que l'outil du mécanisme de leur politique monétaire devient inefficace pour stimuler la croissance - surtout à partir des niveaux existants déjà relativement faibles, la marge de desserrement y sera prédictivement très imitée) et un déficit budgétaire en plein essor (qui devraint dépasser 1,1 milles milliards de dollars en 2020 - soit environ 4,6 % du Produit intérieur brut (PIB) pourrait entraîner un dollar américain « légèrement » plus faible (un appétit soutenu pour les actifs américains en raison des rendements négatifs auxquels sont confrontés les investisseurs institutionnels japonais et européens devraient maintenir un contrepoids contre cette faiblesse anticipée du dollar).

Avec cette dette « boulimique », nul serait surpris par la volonté de l’exécutif américain pour des taux d’intérêts bas (cela aide leurs taux de repaiements).

Des investissements étrangers sélectifs à favoriser

Compte tenu des fondamentaux susmentionnés, nous, à « Anneau », privilégions l'or (poursuivant sa tendance haussière sur un dollar américain tiède, les banques centrales mondiales poursuivront leurs achats, alors qu'elles continuent de maintenir des taux faibles et les Chinois continueront d'empiler la « monnaie des dieux »), sélectivement les actions des sociétés publiques des marchés émergents, leur crédit et leurs devises locaux. Des marchés comme la Turquie, le Mexique et le Brésil, après une année 2019 terne, pourraient bien rebondir. Étant donné que les taux d'intérêt bas/les taux d'intérêts négatifs/l'environnement de croissance économique inférieur à la moyenne persistent aux États-Unis et dans la zone euro, la chasse au rendement devrait continuer de favoriser ces marchés émergents sélectifs. Cela devrait tenir pour les pays dont les banques centrales ont encore une marge de manœuvre énorme pour baisser les taux d’intérêts (car l'inflation mondiale/intérieure reste modérée) et donc notre préférence pour les obligations/crédit des marchés émergents (à haut rendement).

Les investisseurs continueront probablement de se détourner des marchés/sociétés relativement plus chers et plus valorisés où la croissance des bénéfices sous-jacents n'a pas encore rattrapé les hausses de prix de 2019. La croissance soutenue de la classe moyenne de certains marchés émergents est convaincante et devrait probablement continuer à alimenter la course.

Dans un tel environnement monétaire accommodant, s'en tenir aux secteurs sensibles à l'économie (financières, industrielles, matériaux. Énergie, etc.) avec une surpondération dans certaines technologies de rupture et entreprises de consommation discrétionnaire par rapport aux secteurs défensifs (en 2021/22 une rotation pourrait, alors être sensé) par opposition aux secteurs défensifs (biens de consommation de base, services publics, biens fonciers, infrastructure, médias et télécommunications) peut être une sage décision.

On peut également envisager des investissements sélectifs libellés en dollars canadiens (CAD) et en yens japonais (JPY) par opposition au dollar australien (AUD) et/ou au franc suisse (CHF). La livre sterling (GBP) devrait maintenir son redressement alors que le divorce BREXIT s'installe enfin et qu’un libre accord de commerce avec les États-Unis se dresse à l’horizon.

Anneau

Anneau est une société de services financiers agréée et réglementée par la Financial Services Commission (FSC) à Maurice.

Par Amit Bakhirta, MBA
FONDATEUR & CEO, ANNEAU