Thierry Montocchio : «On veut se positionner comme la référence golfique de l’océan Indien»

Faisant partie du conglomérat Rogers & Co, le groupe Veranda Leisure & Hospitality (VLH) investit Rs 900 millions dans un second parcours de golf à Bel-Ombre. Thierry Montocchio met l’accent sur l’importance de ce sport dans ses activités, de même que pour le tourisme mauricien.
« Chez VLH, le développement durable n’est pas qu’une notion. Nous la vivons chaque jour. »
Le groupe VLH est présent à Bel-Ombre. Quelles en sont les principales activités ?
Les activités hôtelières de VLH se regroupent sous deux marques. Veranda Resorts représente les 3 étoiles et 4 étoiles, avec cinq établissements.
À Bel-Ombre, où VLH est le premier employeur, c’est la marque Heritage qui est présente avec deux hôtels 5 étoiles que sont Heritage Le Telfair Golf & Wellness Resort et Heritage Awali Golf & Spa Resort. Heritage Bel Ombre offre aussi des villas de luxe en location, le Château, une demeure du 19e siècle avec son restaurant gastronomique et le C Beach Club, un complexe comprenant restaurant et piscine, qui est destiné aux clients d’Heritage et accessible en journée aux Mauriciens. Le domaine de 2 500 hectares inclut aussi une réserve naturelle dans laquelle il est possible de faire des balades en quad, à pied, entre autres.
Le parcours d’Heritage Golf Club, Le Château, opérationnel depuis 15 ans, s’ajoute à l’offre à notre clientèle de Bel-Ombre. En projet, nous avons un second parcours, La Réserve, qui est en cours d’aménagement.
Qu’est-ce qui motive la construction d’un second parcours au Sud ?
Sachez que le premier parcours, Le Château, a été élu meilleur parcours de l’océan Indien aux World Golf Awards les six dernières années et est classé 27e meilleur parcours dans le monde. Aujourd’hui, ce golf compte en moyenne 36 000 rounds par an. C’est très occupé. En haute saison, nous sommes obligés de rediriger un certain nombre de nos clients vers d’autres parcours de golf. Voilà la première motivation pour investir dans un second parcours.
Le parcours de golf Le Château n’a pas de membres mauriciens, car depuis sa création, il est destiné aux clients d’Heritage Le Telfair, Heritage Awali et les propriétaires des villas. Nous atteignons cette moyenne rien qu’avec ces derniers. Avec ce second parcours de golf, nous avons maintenant l’opportunité d’ouvrir l’adhésion au public mauricien aux deux parcours.
Au début des années 2000, la zone de Bel-Ombre ne figurait pas sur la carte touristique mauricienne. Tout est parti d’une vision pour cette région. Grâce à cette stratégie, nous avons concrétisé un beau projet. Le second parcours s’inscrit ainsi dans la deuxième phase de développement de Bel-Ombre sur les dix prochaines années avec davantage de projets immobiliers et plus d’abonnements pour le golf.
« L’investissement dans La Réserve, second parcours de golf à Bel-Ombre, sera de Rs 900 M »
L’aménagement d’un nouveau parcours nécessite un investissement conséquent, une expertise technique de même que le respect de l’environnement. Tenant compte de ces facteurs, où commence et où se termine La Réserve ?
La Réserve est aménagée sur 247 arpents. Avec ce nouveau parcours, l’ambition est d’avoir un golf iconique à Maurice et dans la région. Afin d’y parvenir, nous prenons les meilleures terres, nécessitant la moindre intervention. La nature restera intacte. C’est un golf qui se jouera de l’altitude vers la mer. Le premier trou sera à quelque 220 mètres d’altitude. Le dernier sera au plus bas. Chaque trou aura une vue sur la mer.
Pour le design, nous avons sollicité les services de Peter Malkovich, qui a conçu le premier parcours, et le golfeur professionnel sud-africain de renom, Louis Oosthuizen, en tant que consultant. Pour la Club House, nous avons retenu les services de Florent Richard, un architecte français ayant travaillé sur des bâtiments historiques en France et dans le monde.
Qu’en est-il du coût ?
L’investissement sera de Rs 900 millions, incluant la valeur des terres, la construction, la Club House et aménités annexes, les équipements neufs, les honoraires des consultants.
Dans quelle mesure ce nouveau parcours aura une incidence positive sur le taux d’occupation de vos hôtels 5 étoiles et villas sis à Bel-Ombre ?
À ce jour, le taux d’occupation de l’Awali est de 80% et Le Telfair aux alentours de 70%. L’idée est de positionner l’Awali sur la qualité et d’augmenter la proportion des clients/joueurs de golf. Pour Le Telfair, l’objectif est double : un meilleur taux d’occupation et le pourcentage de golfeurs. Ces derniers sont de bons clients dans la mesure où ils optent pour des hôtels 4-étoiles, 5-étoiles et non pas le 3-étoiles.
Quand on parle d’une clientèle golfique, c’est la destination qui se doit de l’être. Cette catégorie de clients ne se contentera pas de jouer sur deux golfs.
L’aménagement et l’entretien d’un golf entraîne, d’habitude, des changements aux terres et l’utilisation de produits chimiques. Comment La Réserve se démarquera de ces étiquettes ?
Il n’y aura pas de déforestation. Le parcours intègrera tous les ruisseaux naturels. L’eau pour l’irrigation sera celle des pluies. Des déchets végétaux seront transformés en composte. Le courant pour les bâtiments sera produit par la photovoltaïque. Donc, quand on parle d’investissements, cela coûte plus cher de construire selon les normes et conditions dites bio. D’ailleurs, ce sera le premier parcours de l’océan indien à avoir le label GEO (Golf Environment Organization), le label vert. Pour ce qui est de l’herbe, nous avons commandé une variété qui requiert le moins d’apports chimiques.
Chez VLH, le développement durable n’est pas qu’une notion. Nous la vivons chaque jour. Certes, au début, il y a un effort financier à consentir. Nous n’avons pas le choix.
En quoi ce second parcours dopera les finances du groupe VLH dans son ensemble ?
Sur deux à trois premières années, je m’attends à ce que La Réserve fasse des pertes. Dans le long terme, ce sera positif. C’est exactement l’histoire du premier.
Pour récupérer les investissements et brasser un grand nombre de membres, les prix d’adhésion sont en promotion jusqu’à fin février. Par exemple, un abonnement Gold Famille, c’est Rs 1,25 million pour deux parcours. C’est transférable. Pour les membres, c’est un investissement financier intéressant.
Etes-vous de ceux qui croient que l’offre golf est bénéfique pour le tourisme mauricien ?
Le golf est un atout pour l’hôtellerie 5 étoiles. Nous, VLH, nous voulons nous positionner comme la référence golfique de l’océan indien. C’est notre vision.
Nous entamons la ligne droite finale dans la publication des bilans financiers pour le premier semestre de l’année fiscale 2019/2020. Comment se présente la performance de VLH ?
La performance est en ligne avec notre budget. Les hôtels sous le label Veranda ont maintenu un bon taux d’occupation. En fin d’année (décembre), le pays a connu une baisse de 3,8% dans les arrivées touristiques. Le nombre de clients non-hôteliers (croisiéristes, Airbnb) a augmenté. Ce faisant, le taux d’occupation pour cette période a baissé de plus de 4% dans le haut de gamme. Les quatre premiers mois ont été positifs. Les deux derniers mois ont été à la baisse.
Au final, l’ensemble s’est équilibré mais le turnover des employés reste un véritable challenge dans l’hôtellerie de nos jours.
Quelles sont les mesures prises par VLH pour enrayer cette tendance ?
Au cours de notre nouvelle campagne de recrutement en début d’année, nous avons introduit le concept de flexi time (horaires variables). Nous avons eu beaucoup de réponses. Nous essayons de nous adapter et faire preuve d’agilité. Avec les nouvelles lois du travail – une bonne chose au niveau national – les réalités dans notre industrie, cependant, demandent à ce qu’on continue à être agiles et se réinventer.
Un nouveau défi s’est dévoilé au tourisme mauricien : le coronavirus. Est-ce que le groupe VLH ressent déjà les premières secousses ?
Le marché chinois ne représente pas une grande part chez VLH. Nous n’allons pas trop en souffrir. Le risque est que le coronavirus se transforme en une pandémie et que les vols à travers le monde en soient affectés.
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