Avinash Meetoo, informaticien : «Il serait judicieux d’avoir plus d’experts étrangers opérant à Maurice» | Défi Économie Aller au contenu principal

Avinash Meetoo, informaticien : «Il serait judicieux d’avoir plus d’experts étrangers opérant à Maurice»

Avinash Meetoo

Les experts en technologies sont en très grande demande à Maurice, soutient Avinash Meetoo, informaticien et Senior Adviser au ministère de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation.

Quel regard jetez-vous sur le monde des TIC à Maurice et en Afrique ?
En quelques années, le secteur de la Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) est devenu un des éléments clés dans le processus de développement de Maurice vers la Vision 2030 du gouvernement, qui est de faire de notre pays un pays à revenus élevés et inclusifs. Il est donc clair que nous devons avoir une maîtrise de la technologie pour progresser et cela peut se faire à plusieurs niveaux. Par exemple, il serait judicieux d’avoir plus d’experts étrangers opérant à Maurice et, en parallèle, avoir plus de Mauriciens formés pour les métiers du futur. Ici, je pense surtout à des concepteurs de logiciels (developers, software engineers) et aux professionnels de l’IT (administrateurs de systèmes, ingénieurs de réseau, administrateur de bases de données.) Aujourd’hui, le domaine de la technologie est le troisième pilier de notre économie et emploie 25 000 personnes à Ébène. Nous pouvons aspirer à faire mieux. Cette constatation, qui est vraie pour Maurice, s’applique aussi aux autres pays, dont ceux du continent africain.

Quelles sont les perspectives du secteur TIC pour 2020 ?
Énormes. Comme l’avait dit Marc Andreessen, une des personnes qui avaient fondé Netscape, « software is eating the world ». Tout appareil qui nous entoure aujourd’hui, de notre machine à laver au dernier Airbus A350 XWB d’Air Mauritius, en passant par nos smartphones, est rempli de logiciels créés par des programmeurs. De plus, dans le monde des loisirs, les jeux vidéo, les réseaux sociaux et les services de streaming comme Netflix ou Deezer n’existent que parce qu’ils ont été conçus par des programmeurs. Dans le monde professionnel, il est aujourd’hui impossible de concevoir un supermarché, une banque ou une usine sans logiciel. Le logiciel est venu, a vu et a conquis. Pour des décennies à venir, à mon avis, les experts en technologies seront en très grande demande, à Maurice et partout ailleurs.

Que conseillez-vous aux jeunes qui veulent se lancer dans le domaine de Big Data et FinTech?
Je pense qu’acquérir une excellente base en Computer Science, en Software Engineering et en mathématiques est un préalable. Toutes ces nouvelles technologies émergentes nécessitent un excellent niveau. Ceci est vrai aussi pour le Machine Learning, branche importante de l’Intelligence Artificielle. Je suis d’avis qu’avec une bonne base scientifique et technique, chacun peut facilement s’adapter aux divers changements dans le monde technologique. Sans une bonne base, cela peut s’avérer beaucoup plus difficile.

Avec la Data Protection Law et le Data Protection Office, toutes les organisations devront protéger les données de tous leurs employés. À quels besoins vient répondre le règlement général sur la Protection des données (General Data Protection Regulation – GDPR en anglais) dans une économie qui se structure sur la data?
Pas seulement protéger les données des employés, mais aussi des clients. L’information est devenue la ressource la plus importante du monde. Et il est important pour nos citoyens de comprendre que les données les concernant ont une valeur énorme. Donc, un service en ligne ou une organisation qui leur demande ces données personnelles pour ensuite les monétiser, doit, au préalable, obtenir leur consentement. La Data Protection Act de Maurice est très complète concernant cet aspect. En Europe, les EU General Data Protection Regulations (EU GDPR) vont dans le même sens.

Croyez-vous que la protection des données est nécessaire à la prospérité économique de Maurice ?
Nos données personnelles en particulier possèdent une valeur énorme. Il est donc temps pour nous de cesser de donner ces informations à des sites tels que Facebook sans rien obtenir, ou si peu, en retour...