Salaire minimal : comment les entreprises s’engagent à respecter le nouveau barème….
Depuis janvier, ils sont quelque 120 000 travailleurs à être concernés par une hausse du salaire minimal à Rs 10 200. Cette nouvelle augmentation du salaire est-elle une pilule dure à avaler pour les entreprises ? Quel est le mood dans les entreprises ? Tour d’horizon.
«Le vendredi 31 janvier 2020, nous avons reçu plus d’une dizaine de plaintes de la part des employés qui devaient toucher un minimum de Rs 10 200 mais qui ont reçu moins », indique Reaz Chuttoo, porte-parole de la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé et Public (CTSP). Selon lui, le bilan devrait s’alourdir dans les jours à venir. « À vendredi 31 janvier, beaucoup de travailleurs n’avaient pas encore touché leur salaire pour le mois de janvier. Donc, ils ne savent pas si le nouveau barème du salaire minimal a été appliqué. Dans les jours à venir, lorsqu’ils examineront leurs fiches de paie, nous serons en mesure de faire un meilleur constat », dit-il. Selon notre interlocuteur, les employés qui ont porté plainte auprès de la CTSP exercent dans le textile et dans le secteur agro-alimentaire.
17 plaintes au ministère du Travail
Mariahven Caramben, conseiller au ministère du Travail, fait comprendre qu’à partir de janvier 2020, tous les employés doivent percevoir un salaire minimum de Rs 10 200, soit Rs 9 700 payés par l’employeur et Rs 500 payé par le gouvernement à travers la Mauritius Revenue Authority (MRA).
« Le deadline pour le paiement du salaire de janvier est le 31. Le vendredi 31 janvier, nous avons reçu 17 plaintes de la part des travailleurs dans nos bureaux à travers l’île pour le non-respect du paiement du salaire minimal. Ces derniers travaillent principalement dans les entreprises de nettoyage. Les chefs de ces entreprises seront convoqués au ministère du Travail dans la semaine à venir », dit-il. Le conseiller fait ressortir que les autorités font régulièrement des visites dans les entreprises pour s’assurer que les employeurs respectent le nouveau barème du salaire minimal.
Confusion dans certaines entreprises
Selon la CTSP, la confusion règne dans certaines entreprises. Le salaire minimal s’applique pour les travailleurs non-qualifiés et qui n’ont pas de compétences académiques élevées. « Or, dans les agences de voyages où le jeune a suivi des cours IATA et qui est qualifié, il perçoit un minimum de Rs 10 200. Ce n’est pas juste. Il faut savoir faire la différence entre un employé qualifié et un employé non-qualifié », soutient Reaz Chuttoo. Toutefois, il dit être confiant dans le fait que ce problème sera résolu dans un futur proche.
Amende jusqu’à Rs 50 000
Les patrons qui ne respectent pas le salaire minimum peuvent être sanctionnés par une amende allant jusqu’à Rs 50 000.
La parole aux chefs d’entreprise…
Ajay Beedassee, directeur de GNP Wear Ltd : « Il y a une certaine frustration parmi les employés de positions différentes »
Ajay Beedassee, le directeur de GNP Wear Ltd, une entreprise engagée dans le textile, est catégorique. « Payer le salaire minimal de Rs 10 200 aux employés n’est pas un problème. Le souci est que cela crée une certaine frustration parmi les employés de positions différentes », dit-il. En effet, il souligne que si un helper touche désormais Rs 10 200, son collègue machiniste qui est dans une position supérieure ne serait pas d’accord pour toucher le même montant. « D’ailleurs, c’est logique. On ne peut pas offrir le même salaire pour des responsabilités différentes. En outre, on ne peut pas augmenter les salaires pour chaque position. Par conséquent, cela mène vers un manque de main-d’œuvre pour certaines positions », déplore le directeur.
Sadhna Sokhal, directrice de Cutting Works Ltd : « Mes employés touchent au-delà du salaire minimal mais il est difficile d’en recruter des nouveaux »
La directrice de Cutting Works Ltd, une entreprise spécialisée dans la bijouterie, dit respecter le barème du salaire minimal. « D’ailleurs, depuis des années tous mes 10 employés touchent déjà un salaire bien au-delà de Rs 10 200. Je pense que c’est le minimum qu’ils méritent », dit-elle. Cependant, elle soutient qu’elle ne sera pas en mesure de recruter de nouveaux employés si elle doit respecter ce nouveau barème.
« Le secteur de la bijouterie demande beaucoup de formation et d’expérience. Alors, comment je peux payer un jeune qui n’est pas qualifié et qui n’a pas d’expérience Rs 10 200 ? Ce n’est pas encourageant », affirme-t-elle. Selon elle, il faut être juste dans les salaires.
« Le gouvernement devrait venir de l’avant avec une approche plus équitable pour distinguer entre les travailleurs qualifiés et non-qualifiés », propose-t-elle.
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