Sunil Bholah, ministre du Développement industriel, des PME et des Coopératives : «Contribuer 52% du PIB d’ici 2026» | Défi Économie Aller au contenu principal

Sunil Bholah, ministre du Développement industriel, des PME et des Coopératives : «Contribuer 52% du PIB d’ici 2026»

Sunil Bholah

Les événements économiques, comme les incertitudes liées au Brexit ou encore les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ont certainement une incidence sur notre économie. Ce qui n’est pas nécessairement négatif, observe Sunil Bholah, ministre du Développement industriel, des PME et des Coopératives. Il vise à croître la contribution des Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans notre économie d’ici 2026.

« L’exportation du textile vers l’Afrique du Sud est satisfaisante »

C’est la deuxième fois que vous occupez le ministère des PME et des Coopératives. Quels sont vos projets pour dynamiser l’entrepreneuriat ?
Pour ce deuxième mandat, le Premier ministre a réitéré sa confiance en moi et m’a attribué le ministère des PME et des Coopératives, ajoutant à cela, le Développement industriel. Le monde des affaires est en constante évolution. L’objectif est de faire de l’entrepreneuriat la force motrice de notre économie et nous sommes en bonne voie. Afin de dynamiser l’entrepreneuriat, j’estime qu’il faut inciter les jeunes à se lancer dans cette voie et, parallèlement il faudra consolider les entreprises existantes afin qu’elles s’épanouissent davantage.

Quelle est votre évaluation du secteur du business ?
Le marché est volatile, que ce soit sur le plan local ou international. La compétition est féroce. L’accès aux finances, aux marchés, aux nouvelles technologies et à la main-d’œuvre qualifiée demeure un défi majeur. Les événements économiques sur l’échiquier mondial tels que les incertitudes liées au Brexit ou encore les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont certainement une incidence sur notre économie, mais qui n’est pas nécessairement négative. D’autre part, la Banque mondiale vient de nommer Maurice parmi les économies les plus réformatrices pour l’épanouissement des femmes dans le monde des affaires, devançant même les États-Unis et le Singapour. La majorité de ces femmes dirigent des PME et des coopératives.

Quelle est votre prévision pour le taux de croissance dans le secteur des PME cette année?
J’entrevois l’avenir des PME avec optimisme. Les PME contribuent 40% au Produit Intérieur Brut. Notre objectif énoncé dans le plan directeur des PME est d’atteindre une contribution de 52% du PIB d’ici 2026.

Parlez-nous des mesures qui sont disponibles en faveur des nouveaux entrepreneurs?
On met l’accent sur la formation afin d’inculquer cette culture entrepreneuriale. Les quatre antennes de SME Mauritius, notamment à Goodlands, Bel-Air, Rose-Belle et Coromandel tournent à plein régime avec des formations presque au quotidien.

Il semblerait que Mybiz ne donne pas les résultats escomptés...vos commentaire s?
MyBiz avait été créée dans le but de mettre en place une « One-Stop Shop » afin de réunir, sous un seul toit, toutes les institutions qui sont concernées par l’octroi de différents permis aux PME. Mais on a constaté que beaucoup d’entrepreneurs préfèrent se rendre directement aux autorités locales là où ils opèrent. Avec la mise sur pied de la SME Registration Unit, les services de liaison et de suivi auprès des institutions concernées sont toujours assurés. Par ailleurs, SME Mauritius a décentralisé ses opérations.

L’accès au financement demeure un des problèmes majeurs des PME, malgré tous les ‘schemes’ et autres facilités… comment comptez-vous les aider ?
L’accès au financement est un problème que rencontrent les PME dans le monde entier. Nous sommes là pour élaborer des plans d’aide pour alléger le fardeau financier des PME. Le gouvernement est venu de l’avant avec plusieurs mesures incitatives en vue d’offrir des prêts à des taux relativement très bas aux PME. Par exemple, il y a une enveloppe financière de Rs 600 millions auprès de la DBM, destinée aux PME. La MauBank, qui s’occupe du financement aux détenteurs d’un SME Development Certificate Scheme, offre des prêts à un taux bonifié.  Donc, les plans de financement sont là, mais chaque institution opère selon les procédures préétablies et il revient à elles d’accéder à ou de rejeter une demande.

69 % des PME à Maurice n’envisagent pas d’exporter leurs produits et services en Afrique, car le marché serait trop difficile. Comment les PME peuvent-elles exploiter des marchés niches pour augmenter l’exportation vers l’Afrique?
Le continent africain dispose d’un potentiel économique considérable. Cette région accueille la majorité des premiers pays ayant la croissance la plus rapide au monde. Le marché est devenu plus prometteur et les relations d’affaires avec les États-Unis, l’Europe, le Brésil, la Chine et l’Inde se sont accrus ces dernières années. Les opportunités sont énormes dans divers secteurs. D’ailleurs, l’exportation du textile vers l’Afrique du Sud est satisfaisante. Exporter vers ce continent requiert d’abord une étude sur la commercialisation du produit, les démarches administratives, les structures juridiques. C’est ce qui s’avère être compliqué pour beaucoup d’entrepreneurs.

Quel est l’engagement du gouvernement pour redynamiser le secteur des PME?
Plusieurs plans d’aide sont déjà disponibles pour alléger les coûts de production, améliorer la compétitivité, faciliter un meilleur accès aux marchés et aux technologies. Parmi ces mesures, l’on compte l’utilisation des codes-barres, la création des sites web,  le remboursement des frais aux entreprises qui intègrent les PME dans leur chaine de production, les services de mentoring, l’amélioration de la productivité, l’assistance technique pour l’accréditation des produits et services, assistance financière pour l’installation des panneaux photovoltaïques, le SME Employment Scheme pour le placement des gradués et des diplômés au sein des PME et dont les salaires sont payés par le gouvernement et l’allocation des hologrammes pour garantir l’authenticité des produits locaux, entre autres. Nous allons poursuivre la mise en œuvre des recommandations du Plan Directeur des PME. D’autres mesures d’accompagnement seront élaborées en temps et lieu. SME Mauritius travaille aussi sur la consolidation et l’émergence des secteurs porteurs, comme l’industrie du cuir, la peinture, la transformation du fibre de bananes, entre autres, où des experts étrangers ont été dépêchés à Maurice pour dispenser des formations.

Avec le salaire minimum et la rude compétition du marché, plusieurs PME sont confrontées à des contraintes. Quelles sont les mesures mises en place pour éviter cela?
Il ne pas faut pas généraliser, car beaucoup d’entrepreneurs se sont exprimés positivement sur l’introduction du salaire minimum et y voient une opportunité de diriger une entreprise plus productive. La compétition féroce va toujours prévaloir. Nous ne faisons pas la sourde oreille à ceux qui expriment des craintes. Un comité a été institué au niveau de mon ministère pour un état des lieux.

Selon vous, y a-t-il un avenir pour le secteur des coopératives ou se dirige-t-il vers une mort certaine, car plusieurs d’entre elles ont jeté l’éponge ?
Figurez-vous, le Singapour avec une population de 3,5 millions d’habitants, on compte moins de 100 sociétés coopératives. Ceci dit, l’avenir est brillant pour le mouvement coopératif. De 2015 à ce jour, on a réalisé des projets formidables pour les coopératives. Parmi, une nouvelle loi des coopératives axée sur une gestion responsable et la bonne gouvernance, le lancement des Cooperative Development Fund Schemes, la création des Credit Unions dans des poches de pauvreté, la mise sur pied du National Cooperative College et l’informatisation du secteur.