Mauvais temps - Culture vivrière : les pertes irrécouvrables | Défi Économie Aller au contenu principal

Mauvais temps - Culture vivrière : les pertes irrécouvrables

L’eau s’est accumulée dans les champs de plusieurs planteurs.
L’eau s’est accumulée dans les champs de plusieurs planteurs.

Les grosses pluies sont de plus en plus redoutées par les planteurs. Pour ne pas creuser leurs pertes, ils préfèrent attendre le mois d’avril pour se lancer dans de nouvelles cultures.

Mercredi 22 janvier. Il est 6 heures du matin. Sous la pluie, Mukesh Jooty, 59 ans, regarde d’un air anxieux son champ de légumes à La Marie. Il observe l’eau qui dégouline sur ses carottes, ses betteraves, ses poireaux… Ce sont les quelques légumes qui lui restent. Car, depuis les dernières grosses pluies, 75 % de sa plantation ont été affectées. Pas étonnant que ce matin-là, ce planteur, qui compte 45 ans de métier, affiche une mine inquiète. « La situation est catastrophique. J’ai peur pour le reste de ma plantation », avance Mukesh Jooty. Il ne se fait d’ailleurs pas d’illusion. « Une partie de la production sera affectée », se désole-t-il.

Une situation qu’appréhende également Said Bundhoo, d’autant plus que 40 % de sa production avaient été touchées la dernière fois. Un scénario que veut éviter à tout prix ce planteur de Solitude, âgé de 54 ans. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il creuse la terre en vue de « canaliser » naturellement l’eau qui s’accumule dans son champ (NdlR : une circonstance qui s’est aggravée, souligne-t-il, depuis qu’il y a une nouvelle installation de panneaux photovoltaïques à proximité).  

Dans le Sud du pays, les planteurs vivent le même calvaire. « Le climat actuel affecte la récolte et n’est pas favorable à une bonne production. Il faut s’attendre à ce que les légumes coûtent plus cher », prévient Gassen Modley, président de la Southern Planters’ Association. Sanjeev Dindyal, président de la Centre West Small Planters’ Association, abonde dans le même sens. « Dans notre région, la production a été réduite de 40 % à 50 % depuis les dernières grosses pluies. La situation risque maintenant d’empirer. Il faudra s’attendre à moins de légumes sur le marché et des légumes vendus plus chers », fait-il ressortir.

Les fruits pas épargnés

Outre les légumes, la production de fruits est également touchée. « À titre d’exemple, à pareille époque l’an dernier, j’avais récolté 4 000 limons. Cette année, je n’ai comptabilisé que 200 limons. C’est un peu le même scénario pour d’autres fruits », révèle Gassen Modley, qui accuse des pertes de plus de 50 % par rapport à l’an dernier. Autre constat : les légumes ou fruits récoltés actuellement ont perdu en qualité et en goût en raison du climat défavorable.

Du coup, les planteurs préfèrent attendre avant de se lancer dans de nouvelles cultures. « Mo pale met larzan dan later…. J’attends que le climat s’améliore et soit plus favorable pour planter de nouveau », indique Mukesh Jooty. Et Sanjeev Dindyal de renchérir : « les planteurs ne vont pas dépenser si c’est pour faire des pertes. Beaucoup vont attendre vers mi-avril pour recommencer à planter ».

La pluie bénéfique pour la canne

La production de canne n’a pas été affectée par le mauvais temps. Toutefois, plusieurs planteurs n’ont pas investi dans la canne en raison d’un manque de main-d’œuvre.

La culture protégée comme solution

Pour les planteurs, une des solutions pour éviter ce genre de situation, est de se tourner vers la culture protégée. « L’impact sera définitivement moins conséquent, mais cela comporte un coût. C’est pourquoi les planteurs ont besoin de l’aide de l’État pour aller dans cette direction », conclut Sanjeev Dindyal.