Informatique : Ogment, la technologie s’enracine dans la gestion

Dans un secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) en croissance continue, chaque opérateur s’y retrouve du moment que les services et produits sont à la hauteur des attentes. Après sept ans en tant qu’employé et partenaire, Ganesha Mooroogan a osé le pari de l’entrepreneuriat dans cette industrie. Sa spécialisation a trait à l’implémentation de solutions pour améliorer la performance de l’entreprise. L’histoire.
Détenteur d’une licence en systèmes informatiques de l’Université de Curtin (Perth), Ganesha Mooroogan débarque au pays fin décembre. Son retour, fin 2008, coïncide avec une période où l’industrie des TIC est en pleine ébullition, où Ébène cimente son statut de capitale technologique de Maurice. Ce faisant, il trouve de l’emploi sans trop attendre.
Sa spécialisation déterminera son cheminement au cours de la décennie écoulée. Pendant six ans, il travaillera tour à tour pour Currimjee Informatics, Accenture et Ceridian. Il se concentre sur l’implémentation de systèmes ayant trait au système décisionnel (Business Intelligence). Terme compliqué ? « Ce sont des systèmes pour les entreprises qui permettent de générer des rapports relatifs à presque tous les aspects d’une compagnie : des documents démontrant qui sont les employés les plus performants, le niveau des ventes, la création d’un tableau de bord pour les décideurs leur permettant d’avoir une vue d’ensemble des activités, l’identification des indicateurs de performance. À partir de ces données, ils pourront déterminer les mesures correctives, par exemple », affirme Ganesha Mooroogan, 35 ans, dans un entretien en date du lundi 13 janvier.
L’expérience acquise, il entre en partenariat avec un ami pour lancer une société implémentant des logiciels ayant trait à l’Enterprise Resource Planning. Opérant à Rose-Hill, le tandem se consacre à la transformation technologique des entreprises ayant des revenus variant de Rs 50 millions à Rs 70 millions. Nous sommes alors en janvier 2014.
Après avoir été employé, ensuite partenaire, l’heure de se jeter à l’eau, seul, est enfin venu. C’est ainsi qu’en début de 2016, il fonde Ogment Company Limited. Avec le soutien de compétences basées en Europe de l’Est et en Asie, la firme – basée à Quatre-Bornes – se fait un nom, toujours dans des solutions d’entreprises. Ses solutions se déclinent en trois segments : Ogment Works, Ogment Data et Ogment Flow, ce dernier nommé étant une plateforme pour modéliser et optimiser les processus comme par exemple réduire le temps entre la demande du client et la finalisation d’un dossier, le tout sur support électronique, sans impression sur papier d’un quelconque document.
Quatre années après la création d’Ogment, Ganesha Mooroogan dit toujours cibler les entreprises de taille moyenne. C’est une approche bien réfléchie. Car il s’agit d’abord de se bâtir une solide réputation dans ce segment avant de pouvoir solliciter les grandes sociétés – ayant davantage de moyens – pour accélérer leur transformation technologique.
Le directeur d’Ogment, de par la nature des services offerts, se met au diapason de ce qui se développe en matière de solutions dans le monde. Tenant compte de ces tendances, Ganesha Mooroogan apporte une analyse critique. En premier, il cite un secteur des TIC où les solutions pour entreprises foisonnent. Cependant, Maurice est en retard dans l’adoption, voire limité qu’aux formules basiques. Ensuite, il met l’accent sur le fait que notre secteur n’a pu développer une application qui soit reconnue et utilisée dans le monde. Il ajoute que l’externalisation a toujours une forte contribution aux revenus du secteur, précisant que le segment de pointe n’a pas encore décollé comme on l’aurait souhaité.
Et pourtant, dans le monde, on trouve des exemples où une politique favorable à la technologie a quasi transformé une économie. L’Estonie, État européen de 1,33 million d’habitants, est une référence en termes de transformation digitale, tant dans le service public, la vie de tous les jours que dans le système éducatif. Bref, « une révolution. »
Est-ce que notre économie dispose d’atouts pour émuler, si ce n’est qu’en partie, l’Estonie, et grappiller une part de marché ? « Je suis optimiste pour l’avenir. En tant que jeune entrepreneur, je voudrais que Maurice soit un leader mondial en matière technologique et informatique. À ce jour, ce n’est pas faisable. Certes, nous faisons un effort en cette direction. N’empêche que nous n’avons pas encore déterminé notre segment prioritaire. Est-ce la Blockchain ? Est-ce l’intelligence artificielle ? Un plan directeur pour le long terme est requis, un document qui énoncera en détail nos ambitions. »
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