Dans la rue pour soutenir sa famille | Défi Économie Aller au contenu principal

Dans la rue pour soutenir sa famille

Juliane Chatour
Pour Julianne la cordonnière, elle n’en a que faire du qu’en dira-t-on,

Tous ceux qui se rendent au Caudan Water Front ont sûrement vu une cordonnière qui y répare des chaussures. Elle s’appelle Juliane Chatour et exerce une profession jadis réservée aux hommes. Rencontre…

Elle est l’une des rares cordonnières qui travaillent dans la rue. Chaque matin, Juliane quitte Goodlands pour le Caudan Water Front, où, depuis quatre ans, elle répare des chaussures. Arrivée à 9 heures (parfois à 11 heures selon son emploi du temps) elle va travailler jusqu’à 16 h 30 ou même 17 heures si elle a un ouvrage à livrer.

C’est là qu’on l’a rencontrée, vendredi. Elle recousait une paire de chaussures de sport. À la voir travailler, on ne se doute pas de son professionnalisme. « C’est en regardant travailler mon mari que j’ai appris comment coudre une chaussure  », dit-elle.

À cette époque, le couple habitait Grand Bois et le mari exerçait son métier sous la varangue d’une boutique. Souvent il devait se rendre à Port-Louis pour acheter ses matériaux, ce qui retardait considérablement son travail.  « C’est alors que je lui ai proposé de continuer le travail en son absence  et il a accepté », raconte-t-elle. C’est ainsi qu’elle est devenue cordonnière à plein temps sous la varangue d’une boutique. Elle se moque du qu’en dira-t-on. «  Le plus important pour moi est de gagner ma vie honnêtement et de pouvoir soutenir ma famille  », poursuit-elle.

Six mois après, le couple a déménagé de Grand-Bois pour s’installer à Goodlands où elle a trouvé place, toujours sous la varangue d’une boutique, pour mener ses activités. Tout en parlant, elle nous fait comprendre que la couture d’une chaussure n’est pas aussi facile qu’on le pense, surtout pour une femme. « Il faut avoir les mains solides pour le faire ».

Par la suite, ils ont trouvé un autre emplacement à Pamplemousses et, quelque temps après, celui de Caudan Water Front. « Aujourd’hui, nous avons deux emplacements, l’un à Pamplemousses et celui du Caudan Water Front  où nous réparons les chaussures tant pour les hommes, les femmes et les enfants mais aussi des sacs, ceintures et autres », avance-t-elle.

Visible aux clients

En général, le travail est livré le jour même, sauf les ouvrages plus compliqués qu’elle apporte alors à la maison pour achever sa tâche. Le prix d’une réparation commence à Rs 75 mais peut monter selon la difficulté. Parallèlement, elle brosse aussi les chaussures. « Pour Rs 25, je rends les chaussures luisantes comme neuves », dit-elle.

Est-ce que le métier nourrit bien son maître ? Juliane reconnaît que l’herbe n’est pas toujours verte. Elle laisse entendre que ses revenus ne sont pas réguliers. «  Souvent, il m’arrive de travailler pour moins de Rs 200 par jour », avance-t-elle. Elle affirme avoir choisi de travailler dans la rue pour une question pratique : « Je suis plus visible pour la clientèle ».

L’autre difficulté, dit-elle, c’est qu’elle n’a pas de fiche de paie, d’où l’impossibilité pour elle d’effectuer certaines transactions. Ce qui a contraint son mari à trouver un autre emploi pour assurer une source de revenus fixe à la maison. Elle aurait souhaité que le gouvernement vienne avec un plan d’aide pour soutenir « les petits cordonniers de rue » qui se battent contre vents et marées pour gagner leur vie.