Kevin Ramkaloan sur le Portable Gratuity Retirement Fund : «Ce sera financé par le secteur privé du début jusqu’à la fin»

Le patronat s’exprime sur l’impact du Portable Gratuity Retirement Fund sur les finances de l’entreprise et les avantages pour l’employé. Pour le Chief Executive Officer de Business Mauritius, le monde des affaires est en faveur de ce fonds.
Où commence et se termine le Portable Gratuity Retirement Fund (PGRF) pour une entreprise du secteur privé ?
Avant l’avènement de ce plan, l’employé partant à la retraite reçoit une lump sum équivalant à un demi-mois de salaire (15 jours) par année de service. Ce montant lui est versé par son dernier employeur en date.
Le PGRF amende le système à tous les niveaux. Commençons par la cotisation. Chaque mois, au nom de chaque employé, l’entreprise devra verser à un fonds 4,5 % de son salaire. Ensuite, comme indique son nom, la cotisation est continue. C’est-à-dire, si un employé change d’entreprise, il dispose déjà des cotisations du précédent employeur. Il pourra donc avoir différents employeurs jusqu’à l’âge de la retraite. Les cotisations s’accumuleront en une somme qu’il touchera à son départ du monde du travail. Qui plus est, même en cas de mise à pied en cas de faute grave, l’employé ne perd rien.
Cela étant dit, sachez que Business Mauritius et le monde des affaires dans son ensemble ont été en faveur du PGRF. Ce plan nous permet de concrétiser nos obligations par rapport à la retraite et ce, dans un esprit d’entente dans les relations industrielles.
L’État a tranché. La contribution de l’employeur au PGRF baisse de 0,3 % pour passer à 4,5 %. Est-ce que cette décision représente un soulagement pour le monde des affaires ? Pourquoi ?
L’impact sera minime pour les entreprises.
Pourriez-vous chiffrer la contribution de l’employeur dès cette année-ci ?
Selon les premiers calculs effectués par des actuaires, la contribution sera de Rs 4,8 milliards par an. Les entreprises ressentiront l’impact dans leur flux de trésorerie.
Les syndicats estiment que l’employeur devrait contribuer à la hauteur de 5,8 % au lieu de 4,5 %. Est-ce que leurs demandes sont justifiées ?
Le PGRF est un fonds sur le long terme. Il sera financé par le secteur privé du début jusqu’à la fin. L’employeur assumera toutes les responsabilités et à sa charge de palier à tout manquement. Si pour un jeune employé, les obligations seront couvertes par les cotisations mensuelles, dans le cas d’un employé proche de la retraite, à l’employeur de couvrir la différence. Donc, avec le PGRF, c’est l’employé qui en sortira toujours gagnant.
Venons-en, une fois de plus, aux 4,5 %. On est arrivé à ce quantum en calculant ce que représente 15 jours par année de service par rapport aux nombre de jours ouvrables. Selon des études actuarielles, Ces 4,5 % suffisent pour couvrir le gratuity en tenant en compte le retour sur investissement du fonds ainsi que les frais de roulement. C’est l’entreprise qui est pénalisée, puisqu’elle doit trouver les fonds nécessaires à la cotisation en amont et non pas à la retraite de l’employé.
Estimez-vous que des entreprises se retrouveront en difficulté avec le PGRF ? Est-ce trop simpliste de conclure que le salaire minimal et le PGRF représentent une menace pour les PMEs ?
Business Mauritius est consciente que l’État a une politique de rééquilibrage de l’équation avec le salaire minimum. C’est la vision de l’État.
N’empêche qu’il faudra savoir se recentrer sur l’économie. Ce sont les entreprises qui tirent l’économie nationale vers le haut. Nous devons être compétitifs. Le coût de la main-d’œuvre est en hausse et il est important qu’on ait une meilleure progression dans le niveau de compétitivité pour couvrir cette masse salariale.
Les entreprises mauriciennes existent dans un environnement plus élargi, avec un rayonnement à l’international. Dans le sillage de tout ce qui est en train d’être fait pour les employés, les entreprises requièrent un soutien des autorités. Nous devons avoir des mesures d’accompagnement en faveur de la productivité et du maintien de la compétitivité. Au cas contraire, c’est l’économie mauricienne qui souffrira.
Est-ce que le PGRF signifie l’arrêt progressif des fonds de pension qu’offrent des entreprises du secteur privé ?
Non. Les différents fonds de pension, anciens et nouveaux, sont appelés à cohabiter. N’empêche qu’il faudrait une révision du PGRF chaque cinq ans, comme préconisé.
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