Analyses d’Alteo : En «situation désastreuse», l’industrie cannière attend sa réforme… | Défi Économie Aller au contenu principal

Analyses d’Alteo : En «situation désastreuse», l’industrie cannière attend sa réforme…

Sucre

Le premier producteur de sucre à Maurice revient à la charge sur l’urgence de mesures audacieuses pour sauver la principale activité agricole du pays. Si à Maurice, les perspectives sont sombres, en Afrique, le groupe s’attend à une activité en progression.

« Dans le court à moyen terme, les opérations sucrières mauriciennes continueront à être impactées par les conditions de prix défavorables sur le marché mondial, en particulier sur le marché de l’Union européenne. Elles resteront fortement dépendantes de l’argent généré de la vente de terres pour financer les pertes opérationnelles », affirme Arnaud Lagesse, président du conseil d’administration d’Alteo Limited, dans le rapport annuel 2018/2019 du groupe, publié sur le site le 22 novembre dernier. « Cependant, cette situation n’est pas soutenable dans le long terme, davantage du moment que le Workers’ Rights Act entre en vigueur. L’impact de la nouvelle loi sur l’industrie sucrière sera sans aucun doute conséquent, augmentant des coûts de production déjà élevés. »

Cultiver, récolter et produire le sucre représentent la pierre angulaire de l’agriculture locale. Avec la libéralisation en Europe, notre premier marché, et un surplus dans la production, le cours de cette commodité a chuté. Si le prix net de la Mauritius Sugar Syndicate passe à Rs 10 000/la tonne, les revenus sont insuffisants. Parce que le coût de production est de Rs 17 000. Pour la présente coupe, l’État a annoncé un paiement de Rs 25 000 par tonne pour les 60 premières tonnes. Cette mesure reste favorable aux petits planteurs. D’autres opérateurs ont préféré délaisser la culture cannière en masse. Quant aux principaux opérateurs, ils sont tenus de réduire les dépenses et minimiser les pertes.

 « Pour mitiger l’impact de ces facteurs externes, le groupe a mis à exécution des mesures drastiques visant à contenir les coûts dans le segment sucrier à Maurice. Cependant, ces mesures ne peuvent pas, à elles-seules, assurer la viabilité à long terme de nos opérations sucrières mauriciennes », affirme le président du Board. « L’industrie cannière mauricienne, dans son ensemble, est dans une situation désastreuse et sa survie s’articule autour d’une réforme approfondie de l’industrie avec des mesures audacieuses et une vision pour son développement à long terme. Alteo, en tant que premier producteur de sucre à Maurice, est fin prêt à travailler avec tous les partenaires de l’industrie de même que le gouvernement pour trouver et implémenter des solutions aux difficultés tourmentant le secteur. »

Depuis mai 2018 (en prélude aux concertations pour le Budget 2018/2019), le gouvernement est en présence des recommandations d’un comité public-privé dont le but est de jeter les bases d’une industrie cannière pérenne, un secteur avec des milliers d’emplois, une catégorie d’activités ayant une influence directe sur la protection de l’environnement de même que sur la fourniture énergétique dans le pays. En attendant, l’expertise de la Banque mondiale a été sollicitée sur ce dossier-clé.

Pour les 12 mois se terminant au 30 juin, le groupe Alteo a enregistré des revenus de quelque Rs 9 milliards. Les pertes ont été de Rs 1,08 milliard, dues à la mauvaise performance sur le territoire mauricien. Alteo peut néanmoins tabler sur ses opérations africaines.

« La perspective est plus positive pour nos opérations en Afrique de l’Est », souligne Arnaud Lagesse. « Une amélioration dans la disponibilité de canne, avec la superficie sous culture continuant à se développer, devrait continuer à être bénéfique aux opérations sucrières kényanes. Un rendement moindre est observé en Tanzanie, principalement due à une peste, la Yellow Sugar Cane Aphid. Cependant, des mesures ont été prises pour limiter sa propagation et l’impact sur la production totale devrait être minimal. »


Campagne 2019 : le cap des 250 000 tonnes franchi

Les trois usines en activité dans le pays ont produit 252 767 tonnes au 16 novembre. Environ 73% des champs appartenant aux propriétés ont été récoltés, affirme la Chambre d’Agriculture dans son relevé hebdomadaire. À pareille date, ce sont 2,6 millions de tonnes de canne qui ont été broyées. Le taux d’extraction, de l’ordre de 9,72%, est supérieur à celui de l’année dernière. La répartition de la production par usine s’établit comme suit : Alteo (96 884 tonnes), Omnicane (82 936 tonnes) et Terra Mauricia (72 947 tonnes). Rappelons que Médine a cessé ses opérations d’usinage depuis l’année dernière. L’estimation de production en 2019 est de 325 000 tonnes.