Post-élections 2019 : les grands défis du nouveau gouvernement

Les élections générales sont derrière nous. Place maintenant à la mise en œuvre du programme gouvernemental de l’alliance au pouvoir. La réalisation des promesses électorales s’ajoute aux défis existants, auxquels fait face notre économie. La nouvelle équipe aura, certes, du pain sur la planche, mais le Premier ministre affiche déjà la détermination de réussir le pari. Le miracle économique, adviendra-t-il cette fois ?
Le travail commence. La nouvelle équipe gouvernementale en place est très consciente, non seulement des défis économiques à l’horizon, mais également des grandes attentes de la population, suivant les promesses électorales faites. Les entrepreneurs et les investisseurs sont impatients de connaître la nouvelle orientation économique du pays, même si le Premier ministre prône la continuité et que le manifeste électoral en donne déjà une indication.
Dette publique
C’est le plus grand défi du jour. À 65 % du Produit Intérieur Brut (PIB), la dette publique de Rs 325 milliards risque de s’alourdir davantage, selon les prévisions du Fonds Monétaire International.
Croissance
La croissance n’arrive pas à dépasser le cap de 4 %. Or, le pays a grandement besoin d’une forte croissance pour soutenir le rythme de développement actuel, mais aussi pour devenir un pays à hauts revenus.
Le chômage
Même si les chiffres de Statistics Mauritius démontrent que le taux de chômage est en baisse, le nombre de jeunes chômeurs augmente, surtout parmi les jeunes diplômés.
Le contrôle des prix
C’est un phénomène mondial sur lequel le pays n’a aucun contrôle, car nous dépendons énormément sur les importations. Déjà, la roupie continue à se déprécier, surtout vis-à-vis du dollar américain et cela aura certainement une répercussion sur les prix des commodités. Une nouvelle injection monétaire dans l’économie entraînera aussi une poussée inflationniste, si la productivité ne suit pas.
L’entrepreneuriat
Tout comme en 2014, le nouveau gouvernement a encore une fois mis l’emphase sur l’émancipation des petits et moyens entrepreneurs. Les PME contribuent près de 40 % au PIB et emploient environ 300 000 personnes. Le plus gros obstacle à l’entrepreneuriat demeure l’accès au financement. Mais d’autres facteurs importants incluent l’accès aux marchés, la bureaucratie, le manque de main-d’œuvre et l’absence d’innovation.
Tourisme
Longtemps considérée comme l’un des fleurons de l’économie, l’industrie touristique a démontré quelques signes de faiblesse ces derniers temps. D’abord, il y a une chute des arrivées des marchés émergents comme la Chine ou l’Inde. Pour redynamiser ce secteur, les autorités misent sur une diversification des marchés et l’amélioration de notre offre touristique.
Manufacturier
C’est un autre secteur clé en difficulté. Un secteur qui jadis contribuait 20 % au PIB veut se réinventer pour demeurer compétitif. Le segment textile a vu plusieurs fermetures d’usine ces derniers temps. La hausse des coûts de production, la pénurie de main-d’œuvre et la concurrence venant des pays du sud-est d’Asie sont des facteurs à considérer. Les autorités veulent innover le secteur et exploiter d’autres opportunités, comme la pharmaceutique ou encore la fabrication d’équipements médicaux pour exportation. L’utilisation des nouvelles technologies comme la robotique et l’intelligence artificielle est aussi à l’agenda.
Industrie cannière
D’après le manifeste électoral du présent gouvernement, l’industrie cannière est appelée à jouer un rôle plus important, car les autorités veulent explorer de nouvelles aventures comme la production de sucre bio, du biodiesel ou encore la fabrication de produits d’emballages à partir de la bagasse pour remplacer le plastique. Bien que les idées intéressantes pleuvent, l’obstacle majeur sera le volume limité de la bagasse qui a désormais plusieurs fins utiles, surtout avec le rétrécissement de la surface sous culture de cannes.
Écologie
L’environnement et ses énormes défis : un secteur à ne pas négliger, compte tenu de l’impact du changement climatique sur Maurice. La gestion des déchets est un gros dossier, car l’enfouissement a ses limites. Le tri de déchets et l’encouragement du recyclage sont un gros pari à relever. L’érosion des plages a un impact sur l’industrie du tourisme. D’autre part, l’augmentation de véhicules électriques ne bénéficiera pas vraiment à l’environnement si ces véhicules se chargent à partir de l’énergie fossile et non- solaire.
Le climat des affaires
Maurice s’est classé 13e dans le dernier rapport Doing Business de la Banque Mondiale. Le pays ne veut pas s’arrêter là. Il aspire à être dans le Top 10. La ‘Business Facilitation’ est une condition sine qua non pour attirer plus d’investissements. Or, certains obstacles administratifs planent toujours, même dans le secteur privé. Par exemple, cela peut prendre deux mois ou plus pour l’ouverture d’un compte bancaire par un investisseur étranger, comparé à seulement 24 heures en Angleterre. Certaines procédures demandent à être davantage simplifiées, ou tout simplement éliminées, la sur-réglementation n’est pas propice aux affaires.
Metro Express
Le gouvernement a déjà gagné une première bataille : celle d’avoir pu mettre le projet de métro sur les rails après une tergiversation des gouvernements successifs pendant des décennies. La deuxième bataille est de rentabiliser le métro. Le métro doit aussi avoir un impact positif sur la congestion routière. À part la deuxième phase qui est déjà en chantier, le gouvernement devra aussi réaliser sa promesse de l’étendre vers le sud et l’est au cours de ce présent mandat.
Réforme électorale
Ce dossier épineux reviendra vraisemblablement sur le tapis. Trouver un système approprié et ensuite le consensus nécessaire pour faire accepter ce système s’avérera être une tâche herculéenne.
Vieillissement de la population
Maurice fait face à un vieillissement de sa population, ce qui impactera sur l’économie. Le pays devra continuer à dépendre sur la main-d’œuvre étrangère pour soutenir la croissance. L’augmentation très méritée de la pension de vieillesse devra également être soutenable à long-terme.
Nos îles éparses
La bataille pour récupérer l’archipel de Chagos va continuer sous le présent mandat. Mais le flou autour d’Agaléga devra tôt ou tard être éclairci.
Votre avis nous intéresse