BEM Recycling : revaloriser des déchets électroniques
Certaines entreprises ont pris le pari de s’engager très tôt en faveur de la protection de l’environnement tout en assurant une pérennité financière. La compagnie BEM Recycling a été un précurseur dans le recyclage des déchets électriques et électroniques (DEEE).
Située dans le paisible hameau de La Chaumière, St-Martin, l’entreprise se consacre à la collection, le tri, le démantèlement, la dépollution, la revalorisation des éléments, la vente de produits recyclés et l’exportation vers l’Europe pour le traitement optimal des déchets dangereux.
Plusieurs entreprises ayant adopté une politique de développement durable font appel à BEM Recycling afin d’entreprendre la gestion des déchets de leurs appareils inutilisables, réfrigérateurs, ordinateurs, écrans, imprimantes et scanners, LCD, portables, entre autres.
Les particuliers sont également invités à recycler leurs appareils électroménagers ainsi que leurs produits électroniques du type ordinateurs portables, mobiles défectueux dans le but de protéger l’environnement. Ils devront cependant y contribuer financièrement.
« Nos opérations ont un coût et le recyclage optimal des DEEE exige que les appareils soient systématiquement dépollués pour un traitement en faveur de l’environnement. Le marché local est si petit que nous n’avons pas une masse critique afin de générer des gains sur des métaux précieux tels que l’argent, l’or, le cuivre, entre autres. Nous nous efforçons de les conditionner dans des conteneurs prévus pour les déchets dangereux. Les coûts de ce type de conteneurs, associés au transport sur terre et sur mer, sont dix fois supérieurs aux conteneurs de produits de textile ou de nourriture. Nous ne pouvons pas absorber ces coûts additionnels. C’est pourquoi nous attendons qu’un particulier fasse une contribution en faveur de la nature », explique Thierry Malabar, directeur de la société.
Il tient aussi à se démarquer des autres entités qui proposent un recyclage mais qui sont peu enclines à protéger la nature. Il évoque ainsi la pratique courante des incendies sauvages dans les champs de canne ou dans les bois, qui font fi des dommages à l’environnement. « C’est facile de brûler des fils électriques et de se débarrasser de l’enveloppe isolante qui est souvent du plastique. Cela dégage une fumée toxique et des résidus très nuisibles à l’environnement », souligne-t-il.
Rien que pour enlever le frêle fil de cuivre d’un simple écouteur, un employé prend une vingtaine de minutes pour découper le plastique et une tresse de coton qui entoure le métal.
D’autres métaux sont également dangereux et doivent être correctement conditionnés. Dans ce groupe, on retrouve : plomb, zinc, métaux du groupe, du platine, de l’argent, et polluants persistants tels que l’arsenic, le mercure, le cadmium ou le lithium. Le verre, le plastique et la céramique doivent être traités conformément aux conventions. De telles considérations impliquent des charges supplémentaires.
« Il faut vraiment que les Mauriciens changent de mentalité. Protéger l’environnement est aujourd’hui, plus que jamais, un impératif. Les grandes entreprises adoptent le développement durable mais le grand public s’en moque et les effets sont multiplicateurs pour la santé, le tourisme, les dépenses et surtout pour l’avenir de nos enfants. L’État a un rôle très important à jouer afin de sensibiliser les jeunes qui interpelleront leurs aînés à mieux se comporter vis-vis de la nature », affirme-t-il.
L’idée de s’engager dans le recyclage de DEEE a germé à l’époque où l’État voulait favoriser l’usage d’ordinateurs à la maison et au travail. Très vite, les utilisateurs se sont retrouvés avec du matériel informatique désuet avant même d’avoir terminé le paiement du prêt. Faute de compétences en hardware et de techniciens pour les mettre à jour, souvent ces stations remplissaient le garage ou la poubelle. Le père de Thierry Malabar a eu l’idée brillante à l’époque de les traiter le plus efficacement possible en éliminant les composants nuisibles à l’environnement.
Installée à Beau-Bassin à ses débuts, la compagnie a trouvé un endroit plus indiqué dans le parc industriel de La Tour Kœnig. Depuis six ans, elle a finalement trouvé un emplacement idéal à La Chaumière, St-Martin.
«Au départ, nous n’avions pas de plan opérationnel. Il s’est bâti à travers de nombreuses années, après les couacs, les échecs, des aboutissements et des réussites. Nous avons emprunté avec la banque afin d’investir dans notre entreprise pour pouvoir respecter non seulement la législation locale en termes de protection de l’environnement, mais aussi d’observer les normes draconiennes de l’Union européenne », explique
Thierry Malabar.
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