Pierre Dinan, économiste : «Ne pas mener une politique de terre brûlée»

L’économiste Pierre Dinan estime qu’une courte campagne électorale est dans l’avantage du pays. Sa plus grande crainte, c’est que les partis politiques viennent avec des promesses mirobolantes qui vont finalement plomber l’économie du pays, si elles sont appliquées.
Comment avez-vous accueilli l’annonce des élections générales ?
Le gouvernement est presque arrivé à la fin de son mandat et c’est tout à fait naturel qu’on aille aux élections. C’est un exercice démocratique important pour le pays. Cette annonce ne m’a pas surpris, car on s’y attendait un peu avec la fièvre électorale qui a gagné le pays depuis le début de l’année. Je suis aussi satisfait que la campagne électorale sera courte.
Est-ce qu’une courte campagne électorale est bonne pour le climat des affaires ?
Pas seulement pour le climat des affaires mais plus encore pour la sérénité et l’harmonie sociale. Il est aussi vrai de dire que l’économie du pays dépend grandement sur la stabilité politique pour s’accroître.
En tant qu’économiste, quelles sont vos appréhensions durant cette campagne électorale ?
Ma plus grande appréhension est que les principaux partis politiques viennent avec des promesses qui, si elles sont appliquées, vont alourdir davantage les dépenses publiques. Ce sera très dangereux pour l’économie nationale.
Actuellement, c’est la hausse de la pension de vieillesse à Rs 13 500 qui fait débat. Votre avis sur la question…
Qu’il soit bien clair, la question n’est pas d’accorder ou pas une pension de Rs 13 500 mais est-ce qu’on a les moyens de le faire ? Il est admis que cette hausse représenterait un pourcentage important du Budget national. Pour qu’on puisse réaliser cette promesse sans plomber davantage l’économie nationale, il faut que le Produit Intérieur Brut augmente de façon significative. À ce jour, on n’a encore rien dit comment on va augmenter le PIB.
Déjà, nos principaux secteurs d’activités traversent une zone de turbulence. Je cite l’industrie sucrière qui est sous forte pression, la zone franche qui fait face à un gros problème de productivité, le tourisme qui subit la concurrence des Maldives et des Seychelles et nos activités de finances transfrontalières qui font face à beaucoup de défis.
Je trouve qu’une hausse significative de la croissance économique doit passer invariablement par l’économie bleue mais, là aussi, je trouve qu’il n’y a rien de concret comme stratégie. Là, je vous ai parlé des facteurs locaux, mais il faut aussi prendre en considération la situation sur le plan international qui n’est pas aussi reluisante. Je pense que les politiciens ne doivent pas mener une politique de terre brûlée pour leurs besoins électoraux. Il ne faut pas faire miroiter le miroir aux alouettes.
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