Analyses : le tourisme tire la croissance vers le bas

La performance inférieure aux prévisions initiales dans l’industrie du tourisme a une incidence négative sur la croissance. Statistics Mauritius a ainsi revu à la baisse ses estimations pour l’année, comparé aux données précédentes en se basant sur la situation ayant prévalu dans le pays au cours des six premiers mois.
En 2019, l’expansion du Produit Intérieur Brut serait identique à celle de l’année dernière, soit de 3,8 %. Elle est inférieure de 0,1 % par rapport aux estimations communiquées fin juin, affirme Statistics Mauritius dans son analyse trimestrielle sur la performance économique du pays en date du lundi 30 septembre. À 3,8 %, la croissance serait similaire à celle de 2018.
Dans ce document rendu public sur son site, l’agence de données indique que deux secteurs-clés de l’économie enregistreront une expansion moindre que les prévisions initiales. D’une part, le secteur manufacturier devrait enregistrer une hausse de 0,8 % dans ses activités contre une estimation de 1,1 % avec un apport moindre de l’alimentaire.
D’autre part, une hausse de 1,8 % dans les arrivées touristiques (inférieure aux estimations de juin 2018), équivaut à des arrivées de 1,425 million pour 2019. Dans le même ordre d’idées, le secteur du voyage aurait donc une performance au ralenti. Les recettes touristiques au premier semestre sont inférieures à celles de la période correspondante, en 2018. Et cette année-ci, la Banque de Maurice estime que 1 % d’augmentation dans les recettes annuelles atteindront Rs 64,7 milliards.
Avec le tourisme et industrie manufacturière (textile) en déclin, cela ne signifierait pas pour autant que l’économie est en recul (Voir graphique). À l’autre extrême, les clignotants sont au vert pour l’agro-industrie. Alors que la production sucrière est maintenue à 325, 000 tonnes, le segment non-sucre est appelé à enregistrer une croissance de 3,9 % (contre 2,7 %). La contribution majeure viendrait de la culture vivrière, en se basant sur la production au premier semestre de cette année-ci. La construction, même avec une croissance moindre que l’année dernière, a un apport conséquent à l’expansion économique.
Sauf réévaluation de la croissance, l’économie est en route pour un PIB (somme de richesses créées) de Rs 500,5 milliards, en 2019. Cela se transcrit par un PIB proche de Rs 400 000 par tête d’habitant.
Les chiffres-clés à retenir
Ralentissement dans huit secteurs
Industrie | 2018 | 2019 |
Sucre | -9,1 % | +0,5 % |
Agriculture | 0,4 % | 3,9 % |
Manufacture | 0,8 % | 0,7 % |
Construction | 9,5 % | 8,5 % |
Commerce | 3,6 % | 3,4 % |
Transport | 3,5 % | 3,1 % |
Tourisme/restauration | 9,5 % | 8,5 % |
Technologie | 5,5 % | 5,4 % |
Services financiers | 5,4 % | 5,2 % |
Activités professionnelles | 5,1 % | 4,9 % |
Administration/sécurité sociale | 1,8 % | 2,5 % |
Exception est faite pour
(i) l’industrie sucrière (produisant 325 000 tonnes),
(ii) l’agro-industrie et
(iii) l’administration publique et les dépenses sociales obligatoires, qui enregistreront une amélioration dans le niveau d’activités.
Hormis ces trois secteurs, Statistics Mauritius estime que les huit secteurs restants auront une croissance moindre cette année-ci par rapport à 2018. Même avec une croissance moindre de 8,5 %, le secteur de la construction reste dynamique avec la concrétisation de projets publics (Metro Express, complexe multisports de Côte d’Or et travaux routiers), ce en attendant une normalisation des activités dans cette industrie.
L’État dope l’investissement
L’investissement est la source de la création d’emploi, avec l’accent mis sur la contribution du secteur privé. En 2019, l’investissement est chiffré à Rs 99,3 milliards (Rs 71,7 milliards pour le secteur privé et Rs 27,6 milliards pour le gouvernement). Alors que la part de l’État serait en progression de 26,4 % en termes nominaux, celle des opérateurs privés serait de 2,7 % (contre 10,4 % en 2018).
Quatre à la suite pour le 3,8 %
L’un dirait que la promesse d’une croissance à 4 % ou plus ne s’est jamais concrétisée. L’autre soulignerait qu’il y a une constance, car l’expansion a été maintenue à 3,8 % sur quatre années de suite. Et pour faire la part des choses, un interlocuteur avisé décrit un contexte mondial difficile : le Brexit (retrait de la Grande-Bretagne - un des principaux marchés pour Maurice - de l’Union européenne), des partenaires majeurs en net recul, une guerre commerciale qui perdure et au final, des clignotants annonciateurs d’une récession. C’est dans cet environnement que la croissance de 3,8 % a été obtenue, avec le soutien des investissements infrastructurels et de l’immobilier.
Taux de l’épargne
Année | Pourcentage |
2010 | 13% |
2011 | 13,2 % |
2012 | 12,4 % |
2013 | 11,1 % |
2014 | 10,6 % |
2015 | 10,4 % |
2016 | 11% |
2017 | 10% |
2018 | 9% |
2019 | 9,6 % |
Le Gross Domestic Saving reflète la tendance à l’épargne des individus et des entreprises, sans tenir compte de l’apport des flux de l’offshore. Le niveau a chuté. Pour le particulier, un taux d’intérêt en recul constant n’a pas incité à épargner.
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