Industrie manufacturière : l’importation de sucre enlève Rs 200 M des producteurs locaux

Le pays ne consomme que 44 % du sucre local, préférant la production africaine. Le manque à gagner est de Rs 600 par tonne pour les producteurs mauriciens. Le soutien de l’État est primordial afin de renverser cette tendance. Cependant, répondre à cette demande a des implications.
à une période difficile pour l’industrie sucrière où des opérateurs déjà pris dans une spirale de coûts de production élevés et de prix de vente moindres (voir hors-texte), chaque roupie additionnelle en termes de revenus compte. Promouvoir la consommation de sucre Made in Mauritius est un moyen de générer plus d’argent pour la première activité agricole du pays, une activité ayant un rôle plurisectoriel (énergies renouvelables, environnement, alcools).
Les conditions sont certes réunies pour que le pays réduise sa demande en sucre étranger à meilleur marché en faveur d’une production locale de qualité, mais plus chère. Le résultat est loin des attentes, selon Devesh Dukhira, Chief Executive du Mauritius Sugar Syndicate.
« Une mesure exceptionnelle qui devrait entraîner un impact immédiat sur les revenus des producteurs est la protection du marché local. En dépit de la hausse dans les droits de douane à 80% sur le sucre étranger, les importations ont perduré, que ce soit auprès des producteurs (faisant partie) du Common Market for Eastern and Southern Africa et de la Southern African Development Community, ou des industriels, qui sont tous exemptés de la taxe à l’importation », a conclu Devesh Dukhira, lors de son intervention à l’assemblée générale annuelle du MSS, le lundi 30 septembre à l’hôtel Le Labourdonnais, Port-Louis.
Et d’ajouter : « Ce faisant, les ventes pour la coupe 2018 ont été de 16 000 tonnes uniquement sur une demande de 36 000 tonnes. Cela a représenté un manque de revenus de Rs 200 millions pour les producteurs, soit une réduction de quelque Rs 600 sur le prix ex-Syndicat (NdlR : prix net par tonne de sucre payé aux planteurs/producteurs). »
La préférence pour les importations est un mal qui ronge déjà l’industrie manufacturière locale. Dans le cas du sucre, le pays est désavantagé. De par cette situation, Maurice se retrouve dans une position unique par rapport à l’Afrique, étant le seul marché où l’importation de sucre est libre. Vers un bloc comprenant quatre pays incluant l’Afrique du Sud, le quota annuel est de 2 825 tonnes. Le Kenya nous accorde une part représentative de son déficit. La Tanzanie impose une taxe de 25 %. Le Zimbabwe, le Malawi et la Zambie disposent de permis restrictifs pour l’importation de cette commodité. De fait, a demandé Devesh Dukhira, le marché local se doit de s’aligner sur les mesures de ses producteurs et se protéger des importations préférentielles.
N’empêche que l’introduction de filets additionnels de protection fiscale ne peut se faire du jour au lendemain. D’abord, l’importation de sucre n’est pas un élément nouveau. Les producteurs ont exporté l’intégralité car le prix mondial leur a été favorable. Du coup, Maurice a eu recours aux importations pour subvenir à ses besoins.
Face à la presse, Mahen Seeruttun, le ministre de l’Agro-industrie, reconnaît le tort que ces importations font au secteur sucrier mauricien. Il existe, néanmoins, tout un processus à suivre.
« Aujourd’hui, nous notons que des pays tels que l’Égypte, même s’ils sont déficitaires, exportent vers Maurice. Nous, au niveau du ministère, incluant le ministère du Commerce et des Affaires étrangères, œuvrons pour voir comment mettre fin à ces pratiques », a dit le ministre. « Nous devons protéger notre industrie locale. (…) Nous avons augmenté les droits de douane. Malheureusement, en dépit du seuil de 80 %, l’importation continue. Nous revoyons cette question de dumping. Nous devons prouver qu’il existe avant de prendre des sanctions. »
Le Chiffre Rs 10 000
Le prix net par tonne de sucre que le Mauritius Sugar Syndicate verserait aux planteurs pour la présente coupe serait de Rs 10 000. Le montant a été avalisé par le conseil d’administration du MSS lors d’une réunion le lundi 30 septembre, à l’hôtel Le Labourdonnais. La somme est supérieure de Rs 700 par rapport au montant initial. Comparé à 2018, on note une progression de quelque Rs 1 300. La raison derrière cette hausse est que la situation en Europe – notre principal marché – s’est améliorée. Le surplus auquel on s’attendait n’aura pas lieu, contribuant à ce réajustement. Rappelons que les planteurs, pour la coupe 2019, recevraient Rs 25 000 par tonne de sucre avec un palier fixé à 60 tonnes.
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