Devanand Ramjuttun : «la Workers’ Rights Act est pro travailleurs»

Syndicaliste militant au sein du Joint Negotiating Panel de l’industrie sucrière et président de la General Trade Unions Federation, Devanand Ramjuttun estime qu’à travers la Workers’ Rights Act, le gouvernement a honoré ses promesses d’accorder une meilleure protection aux travailleurs.
Le gouvernement de l’Allians Lepep est arrivé presqu’à la fin de son mandat. Trouvez-vous qu’il a tenu ses promesses en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie de la classe laborieuse ?
Certes tout n’est pas parfait, mais on ne peut ignorer les efforts du gouvernement Lepep visant à l’amélioration graduelle des conditions de vie de la population, dont la classe laborieuse. Il y a eu l’augmentation de la pension de vieillesse, l’introduction du salaire minimum, l’impôt négatif et récemment les amendements des législations du travail. Dans sa globalité, la Workers’ Rights Act, qui remplace l’Employment Rights Act, est une grande avancée pour les travailleurs.
Dans quelle mesure la Workers’ Rights Act est-elle worker friendly?
Je salue la mise sur pied du Redundancy Board. Les syndicats, dont la General Workers Federation ( GWF), ont lutté pendant des années pour la réintroduction du TCSB (Termination of Contract Service Board), aboli sous l’Employment Rights Act de 2008 et dont la responsabilité était de voir si une demande de fermeture d’une compagnie ou pour un dégraissage du personnel pour des raisons économiques ou structurelles, était justifiée ou non. Le Redundancy Board aura, plus ou moins, la même fonction. Entre autres, je peux citer aussi le Portable Retirement Gratuity Fund (PRGF).
Mais à un certain moment, vous étiez contre le Portable Retirement Gratuity Fund?
On n’était pas contre, mais ou voulait savoir si ce scheme serait applicable au cas où un employeur opte pour un plan de pension privé. Nous avons eu l’assurance du ministère du Travail, des Relations industrielles, de l’Emploi et de la Formation, qu’un employeur doit obligatoirement contribuer au PRGF, même s’il a un plan de pension privé. On est doublement satisfait, car les 30 Remuneration Orders seront revus pour y inclure tous les avantages contenus dans la Workers’ Rights Act. Maintenant on attend que cette loi soit promulguée dans l’intérêt des travailleurs.
Donc vous êtes pleinement satisfait avec la nouvelle loi du travail?
Ce n’est pas une loi parfaite, mais les travailleurs seront mieux lotis que sous l’Employment Rights Act. Cela dit, je pense qu’on peut améliorer certaines clauses de cette loi.
Par exemple ?
Prenons le cas d’une femme donnant naissance à un enfant mort-né. La loi lui accorde 14 semaines de congé de maternité. Ce qui est une bonne chose. Mais malheureusement le mari ne bénéficie pas de Paternity leave alors que dans pareille circonstance, il devra être aux côtés de sa femme pour la réconforter dans cette dure épreuve. Si dans le bonheur, il bénéficie des congés de paternité, je trouve que cela devrait aussi être appliqué dans le malheur. Mais dans l’ensemble, la Workers’ Rights Act accorde une meilleure protection aux travailleurs.
Qu’en est-il de la version amendée de l’Employment Relations Act?
Là, il y a un gros problème et nous avons attiré l’attention du ministre Soodesh Callichurn à ce sujet. Il s’agit de la clause autorisant un employeur à nommer un commissaire pour revoir les salaires et les conditions de service, même s’il y a un syndicat reconnu au sein de l’entreprise. C’est aberrant, car cela va à l’encontre de la philosophie du « meaningful collective bargaining ». C’est d’autant plus révoltant, car les négociations se feront sur les recommandations du commissaire salarial. Cela pose problème et je souhaite que le gouvernement revoie cette clause dans l’intérêt de la négociation collective.
Quelle est la situation dans l’industrie sucrière?
La situation est vraiment inquiétante. Les négociations sont toujours bloquées et les laboureurs et artisans attendent leur augmentation de salaire depuis 2018. Nous réitérons notre appel au Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, pour qu’il intervienne afin que les négociations sur les salaires puissent se faire au niveau national et non au niveau de chaque compagnie sucrière individuellement et cela dans le respect des conventions 100 et 111 du Bureau international du Travail. La première portant sur l’égalité de rémunération et la seconde sur la discrimination (emploi et profession).
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