Questions à Robert Ophèle: « Aucune croissance sur le long terme sans la finance durable»

Dans ce bref entretien accordé à la presse, le patron du régulateur français des services financiers, apporte un éclairage sur les enjeux entourant la finance durable dans les économies.
Quelle est l’importance d’une telle conférence, où se réunissent les régulateurs financiers francophones ?
En soi, c’est un événement important. Il nous offre l’opportunité de partager sur les questions que nous avons à traiter de façon professionnelle et régulière. (L’événement nous permet) de nous concerter dans la perspective de réunions internationales qui regroupent l’ensemble des superviseurs financiers pour traiter ces mêmes sujets. Ensuite, le sujet que nous avons retenu cette année est un sujet majeur que partagent tous les superviseurs aujourd’hui, comment traiter correctement la question de la finance durable, comment la finance peut aider à un développement durable de nos économies.
Le thème de la conférence est « croissance et finance durable ». Est-ce deux sujets différents ? Y –a –t – il un lien étroit entre les deux ?
S’il n’y a pas de finance durable, on aurait de la croissance à court terme. À moyen et long terme, on n’aurait plus de croissance. Ce thème de la finance durable nous conduit à regarder l’horizon un peu plus loin. Il ne faut pas se tromper. L’horizon le plus long qu’on contemple n’est pas (d’une durée) de 50 ans ou 100 ans. (Nous parlons) de 10, 15 et 20 ans. Si (l’expansion économique) qu’on finance n’est pas faite selon ces principes de finance et croissance durables, je suis absolument convaincu que dans les 10, 15 ou 20 ans, on n’aurait plus de croissance économique.
La finance est prise à partie et pointée du doigt en période de soulèvement populaire. Est-ce que la finance durable peut contribuer à atténuer les effets de cet état d’esprit ?
Dans un certain nombre de pays – et c’est le cas en France – il n’y a pas d’adhésion populaire au monde de la finance. Ce monde est regardé avec du doute et même, parfois, avec de l’animosité et de la haine. Dans cette problématique de finance durable, c’est très important que le système puisse (…) faire savoir que les financements octroyés contribuent à une croissance durable. (…) Si, effectivement, on y parvient, ce serait une opportunité historique dans un certain nombre de pays, dont la France, de réconcilier le monde de la finance avec la population la plus large possible. (Ce faisant), on se dirait que, finalement, la finance est vraiment utile et c’est cela qui nous permet d’éviter le réchauffement climatique.
Quelle est la contribution de la finance durable à l’économie française ?
Déjà, il faut avoir une définition de la finance durable qui permet de mesurer et de comparer. Or, à la base, il y existe plein de façons. Elles ne sont pas toutes cohérentes. On s’y est mis en Europe. (Il s’agit) de normaliser la mesure de ce qu’on appelle finance durable. C’est quoi la finance durable ? Qu’est-ce qu’on finance exactement ? Si on n’est pas d’accord là-dessus, on ne peut pas répondre à la question. Ce qui est clair, c’est qu’elle est en train d’augmenter de manière majeure dans beaucoup de domaines. La finance durable est très importante. Il faut quand même financer l’ensemble de l’économie. Ce qu’il faut financer c’est la transition. C’est-à-dire, on ne doit pas couper des financements pour des activités qui sont indispensables à la vie quotidienne des gens.
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